En région parisienne, le nom de Laura Cox n’est pas étranger aux amoureux de gros sons de guitares saturées. Du côté de La Grosse Radio, on garde un œil sur son évolution depuis un passage remarqué au festival Montereau Confluences en 2014. Si l’on s’amuse à suivre la guitariste sur les réseaux sociaux, on s’aperçoit que l’industrie de la musique se met en quatre pour « endorser » la jeune femme. D’abord chez Gibson, la voilà aussi sous contrat avec Orange pour les amplis et avec les guitares Bacchus qui multiplient les Laura Cox Signature. Après tout ce buzz, il fallait bien qu’on jette un œil attentif sur la première production du Laura Cox Band intitulée Hard Blues Shot.
Un beau programme en perspective. Premières notes de "Hard Blues Shot" et ça sent déjà le kangourou ! Angus Young et se potes ne sont pas loin. Riffs acérés et mélodies boogie blues accrocheuses. On démarre sous les meilleurs auspices. Que dire de la taulière qui nous accueille avec sa voix chaude et sensuelle ? Là, on s’éloigne du timbre de poulet égorgé de Bon Scott ou plus récemment de Brian Johnson (sans autant se prononcer concernant Axl Rose). Ici, on est dans un registre gros rock puissant et vocalement on va penser à Janis Joplin ou éventuellement Doro Pesch parce que finalement, on n’est pas loin du hard rock et du heavy metal des seventies et eighties.
Pas étonnant vu les influences citées plus haut que Laura nous parle de son affection pour l'"Australian Way". Tempos plombés façon "Let There Be Rock", toujours des fameux rockeurs du pays des kangourous. "Going Down" fleure toujours bon les productions rock australiennes. On a beaucoup parlé du gang des frères Young mais on peut aussi causer Airbourne. Ce "Going Down" respire le hard rock des pionniers et il est magnifiquement porté par la voix de la patronne qui embarque tout le monde.
"Too Nice For Rock ‘n’ Roll” nous entraîne encore dans un bon gros boogie blues. La relève de Billy Gibbons et ses ZZ Top est assurée. Laura Cox et ses sbires reprennent le flambeau du boogie blues revisité et dépoussiéré de toutes les connotations sexistes que pouvait véhiculer cette musique. "Morning Road" fait encore une fois tourner un de ces riffs blues survitaminés. Laura Cox sait instaurer une ambiance qui nous embarque dans les vastes étendues américaines. On s’imagine parfaitement au volant d’un pick up sillonnant la fameuse Route 66 à la recherche d’un raccourci que jamais on ne trouvera comme disait l’ami David Vincent.
Alerte gros rock qui tâche et qui déménage ! "If You Wanna Get Loud (Come To The Show)” renvoie a du Patti Smith sur "Gloria" croisé avec du Joan Jett période "I Love Rock N Roll"! Autant vous dire que ça ne rigole pas. On se calme un peu le temps de reprendre sa respiration avant d’attaquer de plus belle sur un riff "Whole Lotta Rosien". La dernière note de Laura aurait retourné sans problème tous les jurys de "The Voice Special Gros Rock".
"Take Me Back Home" ! Tout un programme ! On sent là tout le potentiel d’une fresque épique façon Led Zeppelin et ce n’est pas le solo de guitare qui nous accueille qui va nous faire penser le contraire. Un morceau qui sonne comme un hymne, facile d’accès et accrocheur à première écoute. N’est ce pas ça qu’on appelle un single qui va cartonner ?
Après tous ces titres bien pêchus, le groupe nous montre aussi d’autres influences laissant transparaitre une grande sensibilité et le respect des racines du blues et de la country. Pour rajouter à l’effet musique root, on rajoute une intro au banjo pour "Barefoot In The Countryside". Cette formation épurée avec des cordes moins puissantes met en orbite la voix de Laura Cox et nous voilà embarqués sur la route du Grand Ole Opry avec une chanteuse qui suit les traces de Johnny Cash. Puis les guitares s‘invitent pour durcir le ton sans pour autant oublier de laisser la part belle aux instruments rois de la country.
Pour compléter ce Hard Blues Shot, deux ballades. "Good Ol’ Day" comme son titre pouvait le laisser présager va se poser comme le slow, la ballade si chère aux hard rockeurs qui ont du cœur. Que l'on se rassure, ça dure presque six minutes trente mais ça ne va pas être mou du genou tout le temps. La gratte signe de belles envolées blues pendant que Laura laisse sa voix nous entraîner dans son sillage. Je ne sais pas encore ce qu'il faut en penser mais je trouve quelques relents de Bon Jovi dans ce "Good Ol’ Day" avec une petite dose de soul pour enrober le tout.
On clora l’album par une deuxième ballade blues folk “13” qui nous prouve que la belle à plus d’un corde à son arc. Elle nous gratifiera aussi d’un couplet dans la langue de Molière. Belle prise de risque. Un morceau tout en sensualité, intimiste avec des beaux arrangements pour guitares acoustiques. Une belle réussite qui nous prouve que le feeling peut fonctionner même sur un tempo lent. L’instant de finesse dans un monde bien rock ‘n' roll !
Quoi qu’il en soit avec ce Hard Blues Shot, il est évident que Laura Cox claquera le beignet à tous ceux qui ne voyaient en elle qu’une fille plutôt jolie exploitée par des distributeurs de guitares à la recherche d’une image plus que d’un son. Il est vrai que la pochette est fort soignée et que la belle y est sexy en diable mais ce n’est que l’emballage d’une musique qui mérite tout autant le respect.
Autre écueil évité, le "satrianisme exacerbé". Il est vrai que certains albums de guitaristes très techniques, comme Laura a pu le prouver dans différentes démos sur le web, sacrifient parfois le feeling à la virtuosité. Point de cela ici. Les compos sont dans l’esprit de ce qu’on nous annonce. Laura joue juste sans en faire des tonnes. Ca, c’est une preuve de talent. Hard Blues Shot est un titre totalement approprié pour décrire l’univers de ces amoureux du rock blues vintage. Encore une preuve vivante que le rock ‘n’ roll n’est pas mort. Cerise sur le gâteau, bien que cette musique gavée d’énergie prenne tout son sens en live, le Laura Cox Band a réussi avec succès le test du passage en studio en sachant graver sur bandes l’âme du groupe. Pour un coup d’essai, on n’est pas loin du coup de maitre ou de maitresse ! Bravo à miss Cox et ses sbires !
Sortie le 10 mars chez Verycords
Attention, le groupe est en tournée :
Vendredi 21 Avril 2017 - 20h30 - Nilvange (57) Le Gueulard
Samedi 29 Avril 2017 - 20h30 - Moelan sur Mer (29) L'ellipse
(avec Deborah Bonham et Minnie Marks)
Samedi 27 Mai 2017 - 20h30 - À Paris (75) La Boule Noire
Vendredi 28 Juillet 2017 - 18h00 À Saint Martin Sainte Catherine (23) Festival Rock En Marche