Dignes rejetons des compiles Nuggets et de leurs descendants des années 80 comme les Fleshtones ou les Lyres, les Norvins se sont imposés, en quelques années, à coup de riffs évidents, dans le peloton de tête des croisés de la fuzz européenne.
Pour produire leur quatrième album - toujours sur le label Soundflat - ils ont fait appel à Jim Diamond, qui a quitté son Détroit natal pour s’installer sous le soleil de Montpellier. Ce pilier de la scène garage outre-atlantique, qui a accompagné les débuts des White Stripe, leur a mitonné un son sixties punk aux petits oignons : buffet à volonté de tranches de Farfisa et de riffs de guitare fuzz !
"Twilight" qui ouvre le feu, a eu les honneurs du Scopitone not dead N°111, la série anthologique de David Jamet. Dans un paysage quasi monochrome et ravagé par le fog, nos garageux balancent la sauce au pied de mystérieuses colonnes. Dans l’interview qu’ils nous ont accordés, ils affirment que "ça colle impec" pour ce titre. Un rien troubles, tout de même ces Norvins… A l’image de leur chanteur le ténébreux Ed, que le titre suivant "Love Healer" pourrait personnifier. Lorsque quelques accords pop tentent une timide percée, son phrasé punk remet vite le compteur à l’heure : hors de question d’être en dessous de 130 km/h pour les Norvins ! Leur conception du mode "Sleepin' On The Highway" est le remède souverain pour toutes celles et ceux qui souffrent de narcolepsie !
Faisons preuve un peu d’impartialité avec Mister Ed, voulez-vous… Il n’est pas qu’un crooner punk rocker de plus. Ed en étonnera plus d’un et plus d’une par sa sensibilité à fleur de peau, lorsqu’il entonne "I Feel Pretty", un ode queer ironique que n’aurait pas renié le père Lou Reed. The Norvins débordent d’amour en fait, même si ça fait un peu mal comme avec Johnny*. Pour preuve leur reprise de "Love", classique 60's de The Bad Boys ou le bien nommé "Love Affair". The Norvins feront peut-être découvrir Captain Beefheart aux jeunes générations ; même si ceux-ci auront sans doute du mal à reconnaître "Here I Am, Here I Always Am", pourtant déjà bien groovy à la base. Il faut dire que l’omniprésent orgue Farsifa de JM donne une couleur inimitable au son Norvins, tout comme le son fuzzelé de Max à la guitare et martelé par Franck à la basse. La frappe résolument punk de Gerry aux drums est elle le pendant du chant habité de Ed.
The Norvins seront peut-être surpris de lire que leur "Dr Sneeze Tease" évoque pour le signataire de cette chronique, une de ses madeleines proustiennes, The Stranglers, période Rattus Norvegicus ou The raven. En revanche, nul doute qu’ils acceptent un compliment ; rares sont les groupes qui cultivent l’altruisme, au point de reprendre des groupes "concurrents". The Norvins le font avec "She Was Gone" de leurs potes des No-Things (leurs voisins d’écurie sur Soundflat). Une belle preuve de la fraternité qui règne au sein de l’internationale du garage rock !
Tracklist
Twilight
Love Healer
I Feel Pretty
Love
No Money
Sleepin' On The Highway
Love Affair
She Was Gone
Dr Sneeze Tease
Here I Am, Here I Always Am
Acid Freeze
Bottomless Sadness
Sortie le 17 mars 2017 chez Soundflat
* Celui de Boris Vian naturellement - "Fais moi mal, Johny, Johnny" - pas l’allumeur de feu septuagénaire. Encore que, lui, c’est à nos esgourdes qu’il peut faire mal…