Neal Morse Band au Divan du Monde (05.04.2017)

Quel événement que le passage du père Neal Morse avec son groupe en ce début du mois d’avril déjà très estival ! Comme il y a deux ans, c’est une nouvelle fois le Divan du Monde qui a été choisi pour la date parisienne du Neal Morse Band, faisant salle comble. Le combo est venu présenter à une foule majoritairement très réceptive The Similitude Of A Dream, sorti en fin d’année dernière. L’occasion de découvrir ou redécouvrir celui que Mike Portnoy considère déjà comme un des meilleurs albums concept de tous les temps, lors d’un set en deux actes, chacun dédié à une des deux faces de l’album.

L’enregistrement de l’introduction résonne dans la salle toutes lumières éteintes. Le public est incité à savourer avec ses oreilles alors que la pression est déjà en train de monter. Album concept dont la chronique est à lire dans nos colonnes, The Similitude Of A Dream raconte une histoire où interviennent des personnages distincts. Et comme on pouvait s’y attendre, on constate dès l’arrivée de sa ligne de chant sur “Long Day” que Neal joue un rôle, recouvert d’une capuche médiévale et rompant avec les ténèbres, qui ont à ce stade déjà investi la salle, à l’aide d’une lampe torche éclairant son visage. L’effet est saisissant, et tout le monde est captivé, prêt à recevoir la décharge d’énergie que constitue la véritable ouverture.

Randy George, Mike Portnoy, Neal Morse

On pourrait faire un parallèle avec beaucoup d’autres compositions issues de l’esprit prolifique de Neal Morse, et même avec le fameux Snow, du temps où celui-ci était encore membre de Spock’s Beard. On peut à juste titre dire que les thèmes, musicaux comme lyriques, sont souvent connus dans les grandes lignes lorsque l’on assiste à une prestation de ce grand monsieur. Ce serait cependant omettre que bien souvent, les thèmes principaux sont écrits avec un souci de la perfection à la limite de l’obsession, et que s’ils nous paraissent assez semblables, c’est avant tout parce que le style de Neal est reconnaissable entre mille. “Overture”, avec son groove certain, ses solos endiablés et son thème puissant que le public chantonne avec passion tout au long du concert, le prouve une nouvelle fois. Le régal peut commencer.

Eric Gillette, la perfection au masculin

De la guitare incisive et très précise d’Eric Gillette, particulièrement efficace lorsque les solos s’envolent et se dirigent dans un registre très metal, aux différents orgues de Bill Hubauer (lequel assurera même le saxophone en seconde partie de set, sur le magnifique “Shortcut To Salvation”) en passant bien sûr par Mike et ses fûts et la basse bien ronde de Randy George, l’interprétation est littéralement sans faille ce soir. Chaque membre assure ses parties sans bavures, et personne ne rate ses bends ou contre-temps, même dans les titres les plus techniques et rapides. En revanche, on peut déplorer une absence générale de jeu de scène. Seul Neal se lâche sans retenue, se couchant par dépit sur son clavier dans un premier temps, pour finir sur une course sur place durant “I’m Running”. Les autres membres sont visiblement nettement plus concentrés sur la musique. Dommage, sur les titres où le lead vocal est assuré par Eric ou Bill, on aurait apprécié qu’ils soient autant investis et communicatifs que Neal peut l’être.

Randy George

On constate également que peu de place est laissée pour s'adresser au public entre les titres. Il faudra ainsi attendre le deuxième set pour entendre quelques phrases de Neal sur le concept, et celle de Mike pour dire qu’il adore Paris. On a vu plus inspiré, mais peu importe. Malgré le côté effréné et écrit du spectacle, avec l’entracte pour seul temps mort entre les compositions, le groupe a fait le bon choix, tant il aurait été dommage que plusieurs enchaînements soient ainsi sacrifiés pour simplement dialoguer avec le public. Ce n’est qu’à la fin du set complet, lorsque les 5 membres sont revenus pour interpréter trois morceaux supplémentaires - en rajoutant au passage encore une petite demi-heure au compteur de ce concert déjà riche et long - que l’on a pu apprécier des compositions plus directes. L’occasion aussi pour les membres de relâcher un peu la pression (en particulier Mike, que l’on surprend sur “Agenda” faire un câlin à son singe en peluche pendant qu’il assure la rythmique d’une seule main).

Neal Morse, Bill Hubauer, Eric Gillette

Deux heures trente durant, le Neal Morse Band a assuré un concert riche et varié, centré sur leur dernier album en date : The Similitude Of A Dream. Imprégné par les rôles de ses personnages, Neal s’est donné sans relâche en affichant une joie palpable, même si l’on peut regretter que ses acolytes se soient montrés en revanche plus discrets au niveau du jeu de scène. Le son était impeccable, bien réglé et équilibré : le public, lui, satisfait.

setlist:
Premier acte :
Long Day
Overture
The Dream
City Of Destruction
We Have Got To Go
Makes No Sense
Draw The Line
The Slough
Back To The City
The Ways Of A Fool
So Far Gone
Breath Of Angels

Deuxième acte :
Slave To Your Mind
Shortcut To Salvation
The Man In The Iron Cage
The Road Called Home
Sloth
Freedom Song
I’m Running
The Mask
Confrontation
The Battle
Broken Sky / Long Day (Reprise)

Rappel :
Author Of Confusion
Agenda
The Call

Crédits Photo : Sylvain Collet @MusicWaves
Production : Garmonbozia



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