C’est après deux EP (Circus and Trains et Objections, sortis respectivement en 2013 et 2014) et un long tour de piste de plus de 120 dates que les français de Rotters Damn comme le nom ne l’indique pas, nous lâche leur premier vrai bébé. But my friend you know that I think I love you (c’est le titre, oui oui) nous emmène au cœur d’une bataille qui voit s’affronter les voix, les guitares et les tambours.
Le quatuor de la Mayenne, où ils ont enregistré le disque, sort un album tiraillé entre les balades résolument folk sentant bon le début de l’automne « Dig » et les chansons dont l’atmosphère nous transporte au cœur d’une scène tout droit sortie de Braveheart (le puissant « Night & Day » et sa corne de brume en fond). C’est d’ailleurs ce sentiment de calme avant la tempête qui se dégage dès le début de l’album où un sublime morceau comme « Horses » nous invite à prendre la mer, bien aidé par des voix puissantes, des rythmes saccadés et une guitare sèche simple mais terriblement efficace. Toujours pour plaire aux amateurs du 7ème art, Rotters Damn se permet des petites envolées Moriconiennes avec « Calexicoco » qui, malgré un enchevêtrement d’instruments un rien pompeux, fait preuve de la créativité et l’ouverture du groupe.
Parsemé de petites pépites comme le morceau « We won’t fall » terminant en apothéose, l’album nous permet clairement de préciser, s’il fallait encore le faire, les sources et racines du groupe qui puise aussi bien dans les Mumford & Sons que dans Nick Cave. Mais le vrai point fort du groupe est la voix atypique de son chanteur Timothée Gigan Sanchez. C’est un mix improbable et peu vu auparavant entre la sensibilité de Molko et la puissance de Vedder. De plus, les arrangements judicieux de voix (notamment un genre de dialogue entre celles-ci) permettent clairement de sauver la mise à des morceaux moins inspirés comme « Peaks & Valleys ».
On en arrive au morceau qui laissera probablement une trace dans la mémoire de la plupart des heureux propriétaires de cet opus et qui rappellera des bons souvenirs du temps où le rock français ne devait pas rougir de ses représentants : « Down the line ». Enfin du texte en français (le début du morceau étant en anglais) ! Une espèce de claque musicale déchainant les éléments et invoquant Cantat, Saez et autres Mokaiesh. Une pépite.
Rotters Damn nous propose ici un voyage prenant et turbulent mais jamais ennuyeux. Fidèle à un style qui les caractérise depuis leur début, cet album rock/folk est une bonne pioche pour les amateurs du style mais ne sera pas forcément facile à mettre dans toutes les oreilles. On regrettera juste le manque de morceaux en français tant ceux-ci sont absents de nos playlists et restent quand même, il faut le dire, beaucoup plus marquants.
Tracklist
1.HORSES
2.DIG
3.NIGHT & DAY
4.CALEXICOCO
5.WE WON'T FALL
6.PEAKS & VALLEYS
7.DOWN THE LINE
8.BUT MY FRIEND
Sortie le 14 avril 2017 par crowfunding.