La rédaction de La Grosse Radio avait tiré un bilan mitigé du précédent album Régine de fin 2015, aujourd'hui les nordistes de Bison Bisou ne nous laissent pas le choix et ont bien travaillé leur sujet avec leur nouvel album lapidaire, bourru et costaud de 11 titres Bodysick qui sortira le 28 avril prochain.
Ca commence fort de manière proverbiale avec le bien senti "j'emmerde la moitié du monde, je chie sur l'autre moitié, si bien qu'à la fin du monde tout le monde se trouve emmerdé" en mode comptine. Voilà une annonce pour la couleur de l'album Bodysick qui sonne profondément anglais dans son ton punk, mais du Nord-Ouest américain aussi par sa texture grunge qui gratte et dérange. Le son est dense et la voix gueule, voire dégueule par dessous, mais de la finesse peut aussi sortir des guitares. Derrière la grosse caisse tambourine avec rage, et des sons electroniques peuvent nous prendre par surprise.
La No wave est toute proche, c'est bruyant, destructuré à l'image de la fin de "Perv" par exemple et de la majorité de cet album. On pense au The Birthday Party des débuts de Nick Cave, aux Sonic Youth, mais aussi et bien sûr à The Cure avec un Robert Smith qui aurait arrêté le Tranxene. Les années 80 sont régurgitées, triturées, baladées, dézinguées avec puissance, en étant pressant et suffocant. Ca breake à tout-va, ça s'attarde puis déclenche des bruits furieux, décalés et décadents à l'image de "Total Fantasy" par exemple. La folie atteint le paroxisme avec "Bootyseas", avant dernier morceau de l'album, long morceau percutant, résumé de l'album, avec une très lente fin en saturation et grésillement qui se poursuit sur le "Cinephilia" qui clôt l'album dans la furie d'un chant-pleur et d'attaques d'instru rugissantes de toutes parts.
Pour les avoir déjà vu en concert (voir ici), les dates à venir vont faire mal avec la portée brutale de ces nouveaux titres. Si la volonté du groupe était de nous cogner en continu, c'est réussi. Les Bison Bisou ont franchement progressé, mais il n'est pas question pour eux de canaliser quoi que ça soit, ça doit faire du bruit, à fond de volume. Se tenir bien loin de tout polissage propret est ce qui peut leur réussir le plus. Leur ligne directrice, bien que pertubante, est cohérente : de l'intensité, du début à la fin de l'album.
Sortie le 28 avril chez A tant rêver du roi
Crédit photo : Yannick Lagier