Placebo (+ Last Train) au Zénith de Toulouse le 24.04.2017

L'année 2016 annonce les 20 ans de la sortie du premier album de Placebo, et le début de deux ans de rétrospective. Le mois de juillet 2016 marque la sortie d'un album rétrospectif intitulé A Place For Us To Dream (titres reprenant des paroles du morceau "Narcoleptic") comprenant la plupart des singles du groupe, ainsi qu'un nouvel EP intitulé "Life's What You Make It". Le tournée anniversaire qui s'annonce est donc d'ores-et-déjà immanquable pour les fans et amateurs de ce groupe si particulier qui ne laisse personne indifférent.

Depuis la sortie de leur premier album éponyme en 1996, le groupe Placebo a démontré que si le talent est indispensable pour faire carrière, l'union d'une voix aussi unique que clivante et d'une identité charismatique forte peuvent vous faire durer deux décennies. Si le format de trio semble avoir été délaissé pour celui du duo, le combo controversé n'a cessé de jouer sur les ambiguïtés sexuelles, les textes mélancoliques, noirs et romantiques, et la provocation.

La tournée événement célébrant les 20 ans du groupe passant dans la ville rose, s'y rendre devenait une évidence. Si le Zénith est ce soir en petite configuration, il faut néanmoins souligner que ce n'est pas péjoratif dans la mesure où sa capacité maximale est de 11 000 personnes, soit prés du double que celui de Paris.

 

LAST TRAIN


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Dés 20 heures, l'introduction au piano classique diffusée sur la sono annonce l'arrivée imminente des Mulhousiens de Last Train. Annoncé comme le groupe qui monte, et venu défendre leur premier EP « Cold Fever », on n'adhère pourtant pas spécialement à ce que nous qualifierions de « groupe pour midinettes », tellement l'attitude scénique reste parfois très clichée, et les compositions pas vraiment originales malgré certains changements d'ambiance et un chant en anglais. Desservi il est vrai par un son ridiculement fort de batterie (surtout la grosse caisse), la sauce a du mal à prendre. Fort heureusement pour eux, ils semblent trouver un écho plutôt favorable devant le public déjà nombreux, très attentif. Le frontman Jean-Noël annonce qu'il s'agit de la dernière date de la tournée accompagnant Placebo, mais qu'ils reviendront début juin à Toulouse pour le " week-end des curiosités ". 

 

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PLACEBO
 

Il est 20h55, et en guise d'introduction, les anglais/suédois (pour faire court) de Placebo ont opté pour la diffusion de la version " Early Cut " de leur titre le plus connu " Every You, Every Me " sur l'écran géant central et les deux écrans latéraux de chaque côté de la scène. Petite surprise dans la mesure où ce titre ne sera donc pas interprété en live. Après une nouvelle vidéo rétrospective des 20 ans assez courte, l'introduction en rythmique et sample de " Pure Morning " retentit dans ce Zénith néanmoins assez calme. Les musiciens additionnels ont bien évidemment déjà pris place quand apparait très sereinement Stefan Olsdal (basse, guitare, choeurs) et peu après la star tant attendue Brian Molko (guitare, chant) et son côté androgyne complètement assumé. Il faut dire que nous avions peu goûté à son détachement mêlé d'arrogance dont il avait fait preuve à Bercy en 2006 ; lorsque l'on parle couramment français, il peut paraître surprenant de ne s'adresser que très peu au public présent.

Si le frontman semble gêné par un problème de volume de ses retours sur les deux premiers titres, il s'adresse à nous dés la fin de " Loud Like Love " en nous remerciant d'être venus à leur fête d'anniversaire, ce à quoi le public répond en entonnant un " joyeux anniversaire Placebo ". Brian enchaîne de sa voix si particulière " merci beaucoup, c'est extrêmement gracieux de votre part " avant d'embrayer sur un nouveau titre " Jesus' Son " tiré de l'album des 20 ans A Place For Us To Dream sorti l'an dernier. Bien évidemment, la setlist pioche dans tous les albums du combo, le premier en tête, avec quelques faces-B ou raretés.

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Le son est malheureusement très fort (encore une fois, la batterie...) et brouillon pour le genre de musique proposé, surtout quand vous êtes épaulés par William Lloyd (basse, guitare, claviers), Nick Gavrilovic (guitare) et la belle Fiona Brice qui apporte des couleurs supplémentaires au spectre musical de Placebo, que ce soit au piano, au chant quelques fois, mais notamment au violon électrique. On constatera avec désappointement que le " beau" Steve Forrest a été remplacé derrière les fûts par Matt Lunn (ndlr : depuis 2015). Fichtre alors.

Après avoir alterné la guitare basse et la guitare classique, le toujours très svelte Stefan se met derrière le piano pour des versions très réussies de " Too Many Friends " et " Twenty Years ", où les caresses de violon font véritablement mouche. En dépit d'un public bien trop calme à notre goût, et malgré le départ très tôt de deux voisins de gradins s'écriant « c'est nul ! », nous ne boudons pas notre plaisir et rentrons définitivement dans ce concert qui avait démarré de manière poussive.

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Le riff hypnotique du couplet de " Space Monkey " est toujours très efficace en live, et après un " Protect Me From What I Want " somme toute discret, " Without You I'm Nothing " est l'un des points forts de la soirée émotionnellement, car si la mélodie et les paroles peuvent toucher tout le monde, voir des images de David Bowie qui nous a quitté récemment sur les écrans géants remue les tripes.

Quel bel hommage de la part de Placebo, dont la carrière doit beaucoup à ce génie, que ce soit au niveau de l'inspiration ou sur le fait d'avoir été pris sous son aile en tournée dés 1997.

C'est à ce moment-là que Brian reprend le micro pour s'adresser à nous en français : " On joue chez nous ici en quelque sorte. Par contre, qu'est-ce-que vous êtes calmes….. ". Bien évidemment, le public réagit enfin de manière vive. " On vient d'avoir le moment mélancolique du concert...La mélancolie est parfois nécessaire… c'est un peu...comment on dit… the calm before the storm (avec un accent français caricatural excellent)...le calme avant la tempête ? Car maintenant, on va faire la fête. Vous voulez faire la fête avec nous ?". Et effectivement, l'enchaînement "For What It's Worth", "Slave To The Wage", "Special K", "Song To Say Goodbye" et "The Bitter End" fini de conquérir le public present qui redemande. 22h40, premier rappel pour "Teenage Angst", "Nancy Boy" (où Stefan arbore une basse aux couleurs arc-en-ciel) et " Infra-Red", pendant lequel une image pseudo-subliminale de la tête de Donald Trump est incrustée sur un paquet de Marlboro avec la mention du style "peut être dangereux pour votre santé ainsi que celle de votre entourage".

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Et c'est enfin sur la reprise assez retouchée "Running Up That Hill" de Kate Bush que la soirée se termine vers 23h10, soit 2h15 de show! C'est fou ce qu'un Brian Molko moins arrogant et qui communique plus avec son public peut changer les choses. En tout cas, malgré un son quand même assez brouillon (on a parfois du mal à reconnaitre certains titres) bien belle soirée pour les fans du groupe.

Setlist :

Every You Every Me ("Early cut" video on screen)
Pure Morning
Loud Like Love
Jesus' Son
Soulmates
Special Needs
Lazarus
Too Many Friends
Twenty Years
Devil in the Details
Space Monkey
Exit Wounds
Protect Me from What I Want
Without You I'm Nothing
36 Degrees (slow version)
Lady of the Flowers
For What It's Worth
Slave to the Wage
Special K
Song to Say Goodbye
The Bitter End

Encore:
Teenage Angst
Nancy Boy
Infra-red

Encore 2:
Running Up That Hill (A Deal with God) (Reprise de Kate Bush)

Crédits photos : Vincent B.
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