Par nos correspondants très spéciaux Mathieu Artaud et Julien Oliba
Après notre live report maison du Printemps de Bourges 2017 par Denis Madelaine, on externalise la rédaction avec comme l'an dernier avec les plumes de Mathieu Artaud et Julien Oliba. Ils vont nous entraîner du In au Off en passant par le Rock in Loft, tous les recoins ont été balayés. A vous de voir !
Mercredi
Yamin Alma
1er concert du Printemps avec les perpignanais de Yamin Alma, sur scène le chanteur aux allures androgynes porte de sa voix perchée/écorchée à la Joplin un rock teinté de soul et de blues. On pense à Kravitz période Let Love Rule et on regrettera que contrairement au titre de leur nouvel album Losing Control, le groupe donne l’impression de ne pas se lâcher complètement. On mettra ca sur le dos de l’horaire et on espère vite les revoir sur scène.
crédit photo : Maxime Lecerf
Faire
Entre la Femme et les Bratisla Boys, entre mauvais gout et parodie, on comprend que le groupe aura passé plus de temps à soigner son look que son univers…
L'Effondras
Quel bonheur de découvrir parmi ces inouïs des groupes comme L’Effondras, là où de depuis de nombreuses années, nous sommes habitués à voir défiler des clones à l’univers pop/electro. Ici le rock atmosphérique du trio convoque les esprits telluriques, une alchimie palpable et le public du 22 semble comme hypnotisé par ce brasier parfaitement symbolisé par la pochette de leur nouvel EP Les Flavescences.
crédit photo : Christophe Crénel
Diva Faune
Sur le papier, la folktronica de ce duo a tout pour séduire, Mark Plati (The Cure, Bashung, Bowie...) aux manettes, des paroles signées Ron Sexmith et un 1er extrait « Age of Man » non sans rappeler un autre duo mais de Brooklyn : MGMT. Malheureusement sur scène, toutes ces bonnes influences se transforment vite en pop aux rythmiques dansante quelque part entre Milky Chance et Lily Woods & the Prick. Le public de Bourges semble apprécier, je préfère passer mon chemin.
Les Discrets
Le duo lyonnais a teinté de sépia la scène Séraucourt en ouverture de la soirée Metal avec leur post rock hypnotique. Multipliant les expérimentations sonores, ils nous plongent dans les compositions sombres et mélancoliques de leur 3ème album Prédateurs.
Johnny Mafia
Triple dose de Michel pour ce quatuor de vingtenaire totalement décomplexé qui a fait vibrer allègrement la scène Pression Live de leur rock garage. Ça cogne vite et ça cogne fort ! De "Sleeping" à "Scarycrow", les morceaux s’enchainent sans temps mort. Un cocktail survitaminé où les guitares sauvages des Ramones côtoient les sulfureux Pixies. Simplicité, spontanéité, sincérité… grosse impression pour ces 4 jeunes.
Placebo
La précédente tournée avait déçue, et c’est peu de le dire… En 2016, Placebo entame une tournée des 20 ans avec une setlist orientée tubes et faisant honneur aux 3 premiers albums cultes. Cela devait forcément parler aux vieux croutons que nous sommes devenus. Mais plus que la joie de retrouver les titres emblématiques du power trio « Pure morning », « Without you, I’m nothing », « Nancy Boy », « The Bitter end », « Teenage Angst », « Special K »… c’est un Brian Molko et Stefan Olsdal en grande forme qui rayonnent dans l’immense W. Le spectacle n’en est pas en reste avec de gigantesques écrans géants illuminant le fond de scène. Classe.
crédit photo : Loll Williams
Inüit
L’un des Inouïs les plus marquants cette année, et totalement une surprise pour ma part, les étranges et fascinants Inüit. 6 influences pour un projet réellement novateur. Que ce soit la délicieuse voix de Coline ou les arrangements farfelus des 5 musiciens, jugez la formation : clavier, sax, percussions, trombone, basse, batterie, il en résulte une pop tribale, on pense évidemment à Arcade Fire en plus électro ou Ibeyi. Les compos, « Dodo Mafutsi », « Anne » en têtes, parlent aux sens, et font chavirer la foule de professionnels admiratifs, et se laissant même aller à quelques pas de danses… C’est dire s’ils sont convaincus du potentiel de ce groupe. Une véritable découverte !
crédit photo : Christophe Crénel
Lysistrata
Autre belle surprise du jour, ca fait déjà un moment que ce jeune trio fait parler de lui et heureux de voir que cette réputation n’est vraiment pas imméritée. Sur scène, c’est une musique qui prend aux tripes, à la fois impulsive et sincère ; une parfaite maitrise sans pour autant rester centrer sur leurs instrus, une belle communion avec le public. Bluffant !
crédit photo : Antoine Monégier du Sorbier
Jeudi
Rock in Loft
Petite escapade dans le off pour découvrir la sélection désormais incontournable du Rock in Loft, l’évènement prend place dans un prieuré, cadre parfait pour découvrir les nouveaux talents en version intimiste. Marraine de l’édition, Carmen Maria Véga nous offre 2 superbes titres de son tout récent album Santa Maria devant un public conquis et nombreux. Mentions spéciales à Refuge, la chapelle est un écrin parfait pour la sublime voix de Florian, et ses délicates compos électro planantes, sans oublier, pour conclure, la pop sautillante d’Edgar.
Le Off
Les bars de la ville sont en ébullition et c’est la fête de la musique avant l’heure dans Bourges, la qualité est aléatoire mais on est jamais à l’abri d’une belle découverte. Coffees and Cigarettes illumine de son rap’n’roll la scène du pub Au Bureau. La joute vocale de Renaud répond à la vivacité du violon de Lyllou, et on est charmé par le duo, qui, en plus, nous présente en avant-première quelques extraits de son second album. A suivre !
Her
S’il y a bien un groupe qui ne laisse pas indifférent, c’est ce duo rennais. Quand certains évoquent des prestations scéniques sans relief d’autres n’hésitent pas à parler de renouveau de la soul. Ce soir, au 22, le groupe apprêté dans leur costume rouge aura mis tout le monde d’accord. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette pop sensuelle, surtout quand elle est portée par une telle voix. On gardera en mémoire la reprise envoutante de Sam Cooke « A Change Is Gonna Come » .
crédit photo : Loll Willems
Vendredi
Julien Bouchard
Le vosgien venait présenter son 1er album Songs From La Chambre. 10 pépites pop aux mélodies rayonnantes et à l’allure légère puisant leurs inspirations du côté de Sufjan Stevens. Etonnant de le retrouver dans les Inouïs chanson et si la prestation live ne laissera pas un souvenir impérissable. Nous vous conseillons de vous plonger dans son univers d’une rare élégance.
crédit photo : Christophe Crénel
Bilan
Depuis son changement de propriétaire, le Printemps de Bourges accélère sa métamorphose cette année, la place Séraucourt est le lieu de 2 très belles scènes couvertes, et gratuites alternant découvertes comme groupes plus réputés. La programmation des grandes salles restent très convenue, mais heureusement, et c’est nouveau, les fameux Inouïs (= les découvertes) se laissent aller à quelques escapades hors-pistes bienvenues. Terminé le défilé de groupes identiques, le sacrosaint rock électro, le hip hop r’n’b, la chanson aux influences eighties. On a eu la joie de se faire surprendre par le post rock de L’Effondras, les jeunes phénomènes Lysistrata, le mutant Eddy de Pretto ou les mystérieux Inüit. Nous vous rassurons, on a quand même eu droit aux mauvais remakes de PNL (Ash Kidd), La Femme (Faire) ou les absurdes Le Couleur, et une flopée de formations inutiles. Et puis quand il n’y a rien d’intéressant dans le IN, il reste les scènes gratuites, le OFF, le Rock in Loft…
A l’année prochaine, Bourges !
crédit photo : Jean-Philippe Robin