Temples à  Elysée Montmartre, le 24.04.17

Nous y sommes ! La curiosité de voir en concert les Temples après le phénomène du premier album Sun Structures il y a deux ans, était de mise. Nous sommes ici et maintenant le 24 avril 2017 à l’Élysée Montmartre au concert des Temples. Le groupe originaire de Kettering (Northamptonshire, Angleterre) est composé de James Edward Bagshaw (chant/guitare) et Thomas Edison Warmsley (basse/chœur) sans oublier Sam Toms (batterie) et Adam Smith (clavier/guitare/chœur). Curiosité car ce groupe a bénéficié dès ses débuts d'une éloge médiatique et d'un soutien des plus grands comme Noel Gallagher (Oasis) et Johnny Marr (The Smith). Ceci nous intriguait ! Est-ce l'époque qui recherche inexorablement un nouvel élan musical et artistique ou encore de nouveaux symboles, de nouveaux groupes promulguants, suscitants un engouement ? Telle est la question...

Revenons au Temples et à cette soirée. Pas besoin de les présenter, vous les connaissez ou alors avez déjà entendu la musique rock psyché de ces quatre britanniques dans la mouvance des Tame Impala. D'autant plus qu'avec ce nouvel album Volcano, vous n'y échapperez pas (médiatisation, publicité) !

Temples, Elysée Montmartre, Sun Structures, Volcano


Creatures

Un peu sceptique après une première écoute de cet album à sa sortie, nous nous me disons de ne pas rester sur notre fin et d'aller à leur rencontre, de les écouter en live voir ce qu'ils ont à défendre. A notre arrivée, l'entrée était noir de monde et la salle tout autant. Le phénomène n'est pas que médiatique ! Les amateurs de rock et les curieux sont au rendez-vous. Tout en prenant une bière avant 2 heures de concert, nous voyons sur scène se produire les Creatures. Des cowboys sortis tout droit d'un western avec les chapeaux, leurs chemises à carreaux et leurs foulards sur une musique très rythmée avec le chanteur du groupe un poil comédien et sympathique. Leur musique néanmoins reste de bonne qualité par le rythme imposé et la sonorité mélodieuse et dansante. Une bonne première partie et une ambiance qui commence à monter.

Temples, Elysée Montmartre, Sun Structures, Volcano

Temples

Fin de la première partie, nous nous me plaçons délicatement devant la scène pour pouvoir effectuer dans les meilleures conditions les photos à venir des Temples. Le public commence à s’amasser à l'intérieur de cette superbe salle et au plus près de la scène. Le public demeure sans surprise très « bobo », surtout jeunes et adulant, illuminé par ce groupe. Et c'est à ce moment même où je remarque tout ça qu'un  jeune homme, on va dire plutôt « raide » d'une substance exogène et habillé de la tête aux pieds d'un costume à fleur (il ou on le reconnaîtra quoique pas si sur que ça qu'il lise ce type de webzine (de qualité)), parvient à amener de l'animosité au sein des groupies du premier rang. Car il poussa sans gènes toutes les personnes, leur passant devant afin de voir de plus près ses idoles. Les fans aussi, veulent profiter convenablement de ce spectacle. Bref, on essaye calmement de le virer, ça ne suffit pas. Il est donc resté toute la soirée devant nous en train de gesticuler dans tous les sens tel un illuminé ayant eu une apparition. Pas de quoi s'ennuyer ! Il nous a bien fait marrer ce type tout comme ses fans hystériques !

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Avec beaucoup de patience, le concert des Temples va débuter. La salle devient obscure, dans un noir presque total. Nul doute on veut nous plonger dans le coté « dark » du rock'n'roll psyché de la nouvelle génération britannique. Ça y est ! Les quatre membres du groupe parvient à nous. Le public impatient peut enfin exprimer toute sa joie et son enthousiasme. Dans une ambiance toujours aussi noir, quelques notes nous arrivent. Les Temples nous transmettent une musique bien orchestrée, rythmée et colorée.

Le concert se passe dans la joie et la bonne humeur. Une ivresse poétique est émulée par les mélodies de ce groupe. Le synthé raisonne et permet une envolée lyrique, poétique, dansante. Les guitares transpirent et nous rappelle que nous assistons à un concert de rock. La batterie martèle une mesure langoureuse. Le public est bien installé, transporté comme dans un rêve. Le monde nous paraissait bien et pavait de bonnes intentions. Le décor est planté. La lumière ce qui est mieux pour les photographes, réapparaît au fil du temps. Le réveil advient rapidement. On sort d'un rêve, d'un monde idyllique voulu par ce groupe.

Les visages dégagent de la joie, des sourires et les corps dansent délicatement sur le flow de la musique. Nous sommes installés dans un bateau bercé par les flots d'une mer agitée par la douceur et la sensibilité d'une telle musique produite. Mais, il est temps de revenir vite à la réalité ! Nous nous sentons un peu cotonneux. D'ailleurs, nous ne tardons pas à trouver ça un peu long, linéaire malgré la volonté du groupe de lâcher les guitares, les riffs, de rendre ce spectacle électrique.

Cette prestation manque à mon goût de folie, d’entrain, d'une prise de risque nécessaire. D'autant plus qu'une impression se fait sentir, le manque de communion, de communication, de célébration, de manifestation entre les membres de ce groupe. Ils sont sur la réserve. Chacun est à son poste et sait ce qu'il a à faire. Un peu fade tout de même ! Surtout qu'ils ne transparaissent paradoxalement à leur musique, aucune émotion entre eux et envers le public. Étrange scénario et attitude !

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Cependant, la maturité de ce groupe, de leur musique se fait sentir. Elle est de qualité et claire. La prestation musicale est impressionnante, plus sombre qu'à l'habitude. Les Temples du deuxième album sont plus sombres, graves mais continuellement dans un rêve. Ce qui leur fait dire à la fin du concert que «  we stayed up late in a dream » (Nous sommes encore restés dans notre reve). Nous sommes dans une atmosphère très androgyne, érotique, sensuelle où se mélange tous les genres et les sexes. On peut sentir la sueur, cette sensation chaude dans un endroit sombre et entrevoir un panel de couleurs projeté par ces artistes et leurs instruments. Leurs voix raisonnent en nous comme un écho lointain, agréable auquel on ne peut que s'abandonner. Les sirènes d’Ulysse nous paraissent si vraies, réelles.

Nous sommes à des milliers de lieux d'une réalité si tragique et de nos préoccupations brutales, fatales habituelles. Ils nous plongent dans un songe où l'on aimerait demeurer. Un mélange d'amour, de passion sans morale ni pudeur. La noirceur du lieu, les effets lumineux, l'attitude et le style de ces artistes nous place immédiatement dans un décor, dans un imaginaire où fusionne réalité et fiction, règne de la poésie et du fantasme psychédélique. Louis XIV, Versailles et sa cour auraient sûrement apprécié. La France fait encore rêver du moins, espérons-le et perpétuons ce fantasme !

Crédit Photo : Edouard Boucart



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