At The Drive-in – In•ter a•li•a

"C'est bien la joie qui prédomine devant un retour réussi qui promet des concerts endiablés. Reste un petit pincement au coeur en se disant que tout comme nous, le groupe a un peu vieilli"

Il aura donc fallu le split de The Mars Volta et quelques années d'attente pour avoir droit au retour d'At The Drive-In, arrêté en pleine ascension du fait de l'épuisement, des traditionnelles divergences artistiques, mais aussi des problèmes de toxicomanie de Cedrix Bixler et Omar Lopez. Toujours est-il que l'on tient enfin ce fichu 4e album, qui fait suite aux deux tueries qu'étaient (et que sont toujours) In/Casino/Out et surtout Relationship of Command (1998 et 2000 respectivement, on ne rajeunit pas). Le guitariste Jim Ward est le seul à manquer à l'appel. Vu la qualité des projets de Bixler et Lopez, on espérait rien de moins qu'un retour en forme.

 

 

Dès les premières notes de "No wolf like the present", on retrouve le style du groupe. Impossible de se tromper, c'est du At The Drive-In. Le rock/fusion/alternatif du groupe est reconnaissable entre 1000, la production sonne moins artificielle que celle de Relationship of Command, et l'expérience des musiciens saute aux oreilles : d'un point de vue strictement musical, c'est un sans fautes. Le quintet est monstrueux de maîtrise et balance des mélodies timbrées et bien plus complexes qu'il n'y paraît au premier abord comme d'autres enchaînent les pintes. L'expérience The Mars Volta a laissé des traces : on n'a plus affaire à des jeunes chiens fous, mais à des musiciens chevronnés qui prennent visiblement plaisir à monter les amplis à 11. L'enchaînement de breaks infernaux est proprement ébouriffant (l'enchaînement "Pendulum in a peasant dress" et "Incurably innocent", bim !) et les fans comme les autres devraient être ravis.


Maintenant, quelque chose a dû vous mettre la puce à l'oreille dans le paragraphe précédent. On n'a plus affaire à de jeunes chiens fous, et force est de reconnaître que cela s'entend. L'énergie est bien là, pas de soucis (Cedric gueule un peu moins fort qu'avant, mais il a de beaux restes), mais mais mais, le groupe n'a plus l'air aussi dangereux et incontrôlable qu'il ne l'était. Dire que l'album est monstrueux d'un point de vue strictement musical n'a aucun sens quand on considère que l'énergie, le feeling qui émane d'une oeuvre peut faire toute la différence, quand bien même la formation aurait progressé en termes de composition et de maîtrise.

Le fait que la scène ait évoulé depuis leur séparation joue certainement, reste qu'on ne retrouve pas vraiment la folie furieuse qui caractérisait At the Drive-In. On ressent notamment ce manque d'intensité en deuxième partie d'album, où un côté un poil homogène commence à se faire sentir (d'autant plus que les structures des chansons sont superbement ficelées mais peu surprenantes). Il manque des aspérités, des pics, des vallées, des surprises. Et si le premier contact est très plaisant, les manques se font de plus en plus sentir au fil des écoutes.


the mars volta, pendulum, omar lopez, cedrix bixler


Alors oui c'est bien la joie qui prédomine devant un retour réussi qui promet des concerts endiablés. Reste un petit pincement au coeur en se disant que tout comme nous, le groupe a vieilli, s'est quelque peu assagi. Il se pourrait que pour certains, ce soit la déception qui prédomine. Cela arrive souvent dans le cas d'un retour fantasmé depuis si longtemps. Sans faire semblant que tout va bien dans le meilleur des mondes, on préférera néanmoins se concentrer sur le positif, tant At The Drive-In nous a manqué. Le groupe n'est sans doute plus aussi essentiel qu'il a pu l'être, mais après avoir placé la barre aussi haut, il est normal d'être exigeant. Welcome back !

6,5 / 10

Sorti le 5 mai 2017 chez Rise Records
 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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