Depuis un peu plus de 10 ans, Les Clébards promènent leur gouaille dans les troquets de leur Bretagne et d'ailleurs. Pas que les troquets, hein, les salles de concert aussi. Rock guinguette, chanson réaliste, punk de bar, les Clébards c'est un peu tout ça en même temps. Le 4ème album studio, On attend, encore tout chaud, nous donne une raison (comme s'il en fallait une!) de nous plonger dans un univers musical riche en références.
Lorsque Mika et Toto, issus de la scène punk locale, décident de se reposer les oreilles et de prendre des guitares sèches, le concept des Clébards n'existe pas encore. Un peu plus de 10 ans plus tard, après avoir été rejoints par Manu, Lolo et JC, les Clébards ont bien assis leur style. D'abord, on ne se refait pas, il y a du punk dedans. Oui mais pas tant que ça. Aux rythmes parfois simplistes, les Clébards ont travaillé sur l'alchimie. Un zeste de chanson réaliste, une pincée de folk, et surtout un coeur gros comme ça. Car les Clébards chantent la vie, la rue, la misère. Dénoncent le système qui ne pourra rien pour nous. Et envoient leur tendresse à ces gueules cassées du quotidien, ceux que l'on croise à l'usine, dans les cités, ou qu'on ne croise pas car victimes de la solitude des temps modernes.
Chacun des 12 morceaux de l'album est une histoire. Une tranche de poésie sur une tartine de vie, souvent de vie de merde. Besoin d'être autre chose qu'un pion, d'oublier les huissiers, la vie, la mort. Désabusé, oui, clairement. Et quand les Clébards se mettent dans la peau d'un migrant, c'est aussi pour chanter sa peine : "Chez moi je meurs, ici je n'attends rien de pire" ("Vu d'ici"). Tout le monde a sa part de misère. Tu veux de l'optimisme? Tu repasseras, c'est pas aujourd'hui. Mais malgré tout, il reste de la beauté. Des textes, déjà. "Et si à chacun son étoile, dis-moi pourquoi certaines son éteintes" ("Le cul des bouteilles"). Belle phrase pour un amer constat. C'est une constante sur cet album, les textes, mêmes très noirs, ont cette finesse qui rendent les chansons presques légères.
"L'appel aux armes", chanté avec l'aide du contrebassiste JC, va chercher encore un autre aspect de la colère des Clébards. Le groupe est clairement antimilitariste, ce n'est pas un scoop. Mais l'angle de cette chanson est beaucoup plus subtil. Il raconte la dérive de militaires, engagés pour servir une cause juste, et qui finissent par commettre les mêmes horreurs que les gens qu'ils combattent. "Dis-moi c'est quand, mon commandant, qu'on a viré facho"... Et musicalement alors, ça donne quoi ? Et bien, si tu veux savoir, clique déjà pour écouter !
Mais attention, outre ce morceau plein de patate, les Clébards vont chercher des mélodies beaucoup plus calmes. Un genre de folk qui aurait croisé de la chanson réaliste, certains morceaux nous font penser à un célèbre chanteur à bandana rouge (celui d'avant). Fils des Têtes Raides et de Fréhel, descendants des Hurlements d'Léo, chansons de bar, chansons à boire, les guitares sont surtout acoustiques.Les guitares électriques existent, mais pour souligner seulement. Et surtout, l'accordéon est là, utilisé à bon escient. Pour accentuer le côté populo, piano à bretelles. Bandana rouge, on t'a dit.
La production aurait peut-être gagné en mettant un peu plus de clarté dans la voix. Le son est très compact, et la voix perd en peu en intelligibilité. Dommage, vu la qualité des textes. Les Clébards ont réussi leur coup. On attend est un bel objet, plein de colère, de désillusion. Ca sent le pavé, celui sur lequel tu marches, celui où des gens dorment, celui qui voit passer le temps, qui connaît toutes les histoires, même les plus secrètes, les plus désabusées. C'est surtout un concentré de poésie de trottoir, de bar, de trances de vie. De vie, tout simplement.
Les Clébards vont fêter la sortie de leur album par un festival à la maison, une belle soirée qui s'annonce. L'affiche est ici, et l'évènement Facebook là. Si tu es dans le coin fonce.
Les Clébards ont bien entendu un site web, où tu trouveras plein d'informations, dates de concert, et tout et tout.
Ils ont également un groupe sur Facebook, à voir ici.
Les Clébards, On Attend.
Sortie le 16 mai 2017.
