Les jeunes blues rockeurs de Blackbird Hill ont sorti le 5 mai dernier un EP 6 titres, Midday Moonlight, l'occasion pour nous après avoir chroniqué l'opus de leur poser nos 10 Grosses Questions. Le duo composé d'Alexis (guitare, chant) et Max (batterie, chant) s'y est donc collé, l'occasion pour vous d'apprendre à les connaître.
LGR : Comment fonctionne le groupe lors des sessions de compositions, qui donne les idées principales, qui fait office de médiateur ?
Max : Un de nous deux apporte une idée plus ou moins complète. On peut partir d'un riff de guitare ou d'un premier jet d'une chanson de 2 minutes. Parfois Alex écrit une chanson, on la joue lors de plusieurs concerts, puis finalement, on la laisse tomber... Puis on la recompose totalement différemment. C'est le cas de "Horseback Sight", il ne reste que les paroles de l'idée de départ.
Alex : Il y a un réel équilibre entre nous deux. Chacun apporte son vécu, son ressenti dans les compositions ce qui nous permet d’avoir tout le temps l’un ou l’autre un certain recul sur le morceau sur lequel on travaille.
LGR : Pas encore un album complet mais ce 6 titres doit-être une grande fierté pour toi, mais dans quel morceau t’identifies-tu le plus et pourquoi ?
Max : Le maxi représente quasiment une demie-heure d'écoute. Je ne me dis pas que c'est "pas encore un album", mais que ça représente plus qu'un EP. Je trouve cette question très importante : non, ce n'est pas une grande fierté. C'est simplement une nouvelle étape. Sortir des disques, écrire des chansons, c'est quelque chose de normal pour moi. Je vis dans l'univers de ce projet tous les jours depuis 5 ans. C'est devenu quelque chose de vital et d'instinctif, c'est comme respirer.
Le morceau dans lequel je me retrouve le plus est "Trigger Law". Ce riff nous hante depuis nos débuts, et nous partageons le chant tour à tour... On se croirait dans un western en haute définition.
Alex : Chaque sortie est une fierté pour moi. Nous vivons dans une époque où parler d’album comme étant LA sortie est un peu désuet, beaucoup de groupes aujourd’hui explosent avec un EP ou même un single ! Ce n’est pas notre cas, mais je ne me concentre pas sur la "taille" mais plutôt sur la qualité. Le morceau dans lequel je m’identifie le plus est "Stories From The Road", un morceau long et lancinant qui parle Max et moi, et de ce qui nous meut au sein du groupe depuis 5 ans.
LGR : Y a-t-il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?
Max : Chaque mot de ce disque me tient particulièrement à cœur. Je ne sais pas comment on fait pour écrire 6 chansons et finalement en tirer une phrase en particulier... je n'en suis pas capable, c'est trop personnel, car nous accordons beaucoup d'importance à l'écriture de nos textes. Chaque mot est une pièce du puzzle.
Alex : « Midday Moonlight », ce terme me tient particulièrement à coeur. C’est Max qui a eu l’idée d’appeler le Maxi comme ça. La première fois où il a prononcé ce terme j’étais pas super emballé, on était en plein soleil devant une bouteille de whisky avant un concert et on avait l’esprit plus que vagabond. Puis quelques jours plus tard, en y repensant l’idée m’est apparue comme étant évidente. Comme si il en avait toujours été ainsi et qu’il n'avait fait que rappeler ce terme à un souvenir profondément enfoui en nous. L’idée de lumière froide de la lune en plein jour, ça nous correspond tellement. C’était ça.
LGR : Quelles sont vos principales influences lorsque vous composez vos morceaux ?
Max : Nos envies, mais aussi la raison. Nous évitons de nous dire "faudrait que ça sonne comme tel groupe". Ce que nous essayons de faire, c'est de composer dans la continuité de notre esprit. On s'en fout si ça ressemble ou pas à quelque chose qui se fait déjà. Nous voulons simplement créer quelque chose de personnel. Dans la limite du raisonnable...
Alex : Côté musique ? Il faut aller chercher dans tous ce qui se joue avec les tripes. Voilà.
LGR : Est-ce que d’autres sujets hors musique vous inspirent dans vos chansons ?
Alex : Il y a l’univers qu’on se crée autour du groupe depuis sa naissance. Blackbird correspond à un univers entier qui quelque part, s’auto-suffit. En effet, on s’inspire de nous même et de nos propres émotions et c’est ce qui écrit une nouvelle page dans l’univers du groupe, page qui servira à renforcer l’univers qui nous inspire. D’endroits immenses à l’horizon lointain comme d’émotions très intimes et éphémères.
LGR : Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Quelles influences ?
Max : Je ne sais pas, les concept albums ne me touchent pas... Je trouve ça farfelu.
Alex : Je rejoins Max là-dessus. Mais quand même, J’écrirais bien tout un album autour du mot « farfelu » je crois….
LGR : Quelle a été ta première idole musicale ?
Max : Je n'en ai jamais vraiment eu. Je m'en fous des types qui deviennent des idoles. C'est juste de la com', c'est du flan, c'est arrangé. Ce que j'aime, c'est la rencontre de personnalités qui donne quelque chose d'extraordinaire.
Alex : J’ai été très intrigué par la vie de fameuses rock stars dont les ados sont friands aujourd’hui, étant petit. Mais en commençant la musique j’ai très vite passé des heures entières à avoir des frissons en écoutant toute la dynastie de bluesmen noirs du début du 20ème siècle. si je dois parler d’une idole musicale ça serait tout simplement le Blues.
LGR : Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?
Max : Pour l'instant, je n'ai pas envie de composer ou d'enregistrer avec d'autres artistes. Les splits, les featuring, ça ne me vend pas du rêve. Pourquoi couper un bon whisky avec un autre ?
Nous avons déjà joué avec des groupes incroyables, en première partie... Ce qui nous a permis de nous rendre compte que les autres artistes, même très reconnus, sont des gens comme vous et moi.
Alex : J’enregistre déjà et tourne déjà avec Max, le fait de faire ça avec un gars comme lui que je connais depuis tout petit est déjà un accomplissement.
Je ne me vois pour l’instant pas partager ce genre de choses avec quelqu’un que je ne connais pas.
LGR : Quel est le premier album que tu as acheté avec ta propre thune ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?
Max : Le premier c'était "By The Way" des Red Hot Chili Peppers. Le dernier est un live de Little Richard que j'ai trouvé sur un vide grenier. Il est dément ce disque. Little Richard est certainement l'artiste de rock'n'roll le plus sous-estimé de tous les temps. Elvis, c'est de l'eau pétillante à côté.
Alex : Le premier : In Utero de Nirvana. Le dernier : Imaginary Appalachia de Colter Wall. Un gamin de 20 piges hanté par les cordes vocales de Johnny Cash à la fin de sa vie. Gros coup de coeur.
LGR : Comment convaincre quelqu’un d’écouter ta musique de la manière la plus rapide possible, à l’image des 140 signes de Twitter ?
Max : En ne cherchant pas à le convaincre. Nous sommes artistes, et pas vendeurs. Nous parlons à ceux qui cherchent la sincérité.
Alex : Pourquoi convaincre ? J’ai pas envie d’imposer aux gens ma musique. Mais plutôt de leur proposer. Les gens qui nous découvrent par eux même nous suivrons bien plus que les gens qu'on ira chercher. Il faut absolument laisser les gens découvrir la musique, être actifs dans la recherche. A force d’imposer les mêmes merdes à la radio chaque jours, on ne les entend plus. Les gens expriment un dégoût, ils vomissent les tubes de la FM qu’ils écoutent dans les bouchons en voiture, à la TV, en boite le soir sans connaitre l’artiste ni le titre. C’est hyper triste. Comment faire en sorte que les gens s’intéressent vraiment à la musique aujourd’hui ? En arrêtant de chercher à les convaincre je suppose.
Le 6-titres est sorti le 5 mai chez Purple Sage
Track List : "Trigger Law" |
Crédit photo carrée : Pierre-Wetzel