Verte est la nuit à  la Maroquinerie 2 – 15.05.17

Vous connaissez la Chartreuse ? Pas celle de Parme, chère à Stendhal… Celle qui se boit ! Pour les hydrophyles invétérés, cette liqueur est concoctée depuis des lustres par des moines chartreux et se tape quand même ses 55°… Quand cette marque ancestrale se pique d’organiser des concerts rock n’roll à la Maroq, que choisit-elle ? Du rock garage of course ! Vintage et tendance tout à la fois donc. A l’affiche de la Maroq’, nous avions par ordre d’apparition ; les angevins de The Loire Valleys Calypsos, les parisiens des Howlin’ Jaws, les londonien de Big Boss Man et les montpelliérains les Grys-Grys.

Monday green party à la Maroquinerie donc. Dans la file d’attente, se presse la fine fleur de la scène du garage francilien. Os Noctambulos, The Wave Chargers, The Norvins, Fuzzy Vox, Whacks… il ne manque guère à l'appel que les Shupa de Saint-Maur. Et tous avaient délégué au moins deux de leurs membres à cette assemblée régionale. Un prélude au Cosmic Trip Festival, le rendez-vous annuel des garageux, qui se déroule chaque année à Bourges. La délicieuse go-go danseuse, Célia Formica parvient elle à se faufiler. Toute de verte vêtue. Même en civil, elle est dans l'ambiance. Foin de mondanités, mon cher Stéphane, on se croirait dans Paris Match…Place aux The Loire Valley Calypsos, qui ont la rude tâche d'animer le restau bar de la Maroq entre chaque set. Et ils s'en tirent avec brio ; leur mix 40/50 de musiques des îles - de Trinidad aux Bahamas, en passant par la Jamaïque - chauffent les convives, qui ont vite fait de pousser les tables pour danser le limbo ! Le cocktail tropical idéal, avant d'aller retrouver le 50's beat des Howlin’ Jaws.

S'ils ont adopté les codes du rock'ab, nos trois jeunes gominés - et titis parisiens - ont, chevillé au corps, l'esprit punk rock de leurs débuts en 2011. Avant que Djivan tombe raide dingue de sa contrebasse donc… Elle ne quitte pas un instant ses bras sa voluptueuse, même s'il la trompe sans vergogne avec un micro vintage du bel effet. Il finira même par lui monter dessus dans un élan de passion ! La mèche rebelle à souhait, le blouson noir de rigueur, Djivan se la joue crooner, tendance cry baby. Lucas son comparse à la guitare, s'agite comme un beau diable et ira même jusqu'à sauter dans la foule, exercice certes habituel mais qu'il faut savoir réussir. A partir d'un âge certain, ceux qui s'y essaient, ont parfois besoin de l'aide du public pour remonter… Pas Lucas qui bondit littéralement à son retour sur scène. Tout juste s'il n'atterrit pas sur la batterie de Baptiste !

La ligne de basse de "fever special", morceau qui introduit le set de Big Boss Man, est effectivement spéciale. Un riff funky, qui doit surprendre plus d'un garageux… Le son du hammond de Nasser Bouzida, a.k.a the bongolian doit également les changer du farfisa. Mais le groove du groupe remporte vite l'adhésion. La démo magistrale de bongo auquel il se livre Nasser Bouzida, y est sans doute pour beaucoup. Tout au long du concert, il va alterner entre clavier et percus, avec la même virtuosité. Costard et lunettes noires, le verre de vin blanc aux pieds, the bongolian dégage une classe so british, période swinging london.

Miss Célia Formica, déjà présente lors du set des Howlin’ Jaws, vient se déhancher avec sensualité sur la rythmique soul de "Crimson" et sur "Big boss man" pour la plus grande joie de ses nombreux admirateurs. Ensemble, Nasser Bouzida et elle accompliront l'exploit de faire se baisser la majeure partie des excités de la fosse, pour mieux les faire sauter au plafond ensuite. Un autre duo va littéralement captiver le public, celui qu'exécute Nasser Bouzida avec Desmond Rogers aux drums. Du grand art ! Mention spéciale également aux deux autres duettistes que sont Scott Milson à la basse et Trevor Harding à la guitare. Seul regret, la durée du set nous a privé de "Sea groove" - pourtant prévu sur la setlist - l'un des premiers hits du groupe et un de leurs meilleurs titres. 

Photo Franck Rapido
Photo Franck Rapido

Les Grys-Grys débutent par "Milk cow blues", une cover de Bob Wills & his texas playboys… Méconnaissable la vieillerie country, dynamitée façon puzzle aux quatre coins de la Maroq' ! Une bonne heure durant, les p'tits gars de Montpeul vont atomiser le rythm'blues de Papa et lui insuffler leur énergie de jeunes sauvageons. Pour autant, on les sent très respectueux de leurs ancêtres musicaux. A tel point que si on les téléportait il y a cinquante ans en plein Londres, ils paraisseraient tout à fait inaperçus au vu de leur look. Casquette sixties et futal pattes d'eph' pour Roméo, le frontman et guitariste. Crinière bouclée et gilet sur chemise fleurie pour Almir le bassiste. S'il est nettement plus sobre avec sa veste noire, Tobio compense lui par une attitude frénétique à la guitare. Imité en cela par Manu l'harmoniciste, qui tombera la chemise pour prendre son bain de foule. On ne voit guère la moustache d'Esteban, mais on la devine frémir sous les coups de boutoir qu'il assène sur ses fûts ! Le public s'était bien échauffé avec Big Boss Man, tout en conservant une retenue toute britannique. Avec les Grys-Grys, les fauves sont lâchés ! Il fait bientôt une chaleur aussi torride que sur la scène. Entre deux passages, on aperçoit Celia Formica qui s'évente avec un éventail… Vous voulez une preuve tangible de l'atmosphère apocalytique sur laquelle s'est conclu le set de Grys-Grys ? Matez l'état de leur setlist !

Les Grys-Grys - Maroquinerie - © Franck Rapido
Photo Franck Rapido

Un grand merci à Franck Rapido pour les photos et les vidéo !

Un aperçu de la frénésie du set des Grys-Grys !
 



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