Dix ans, quasi jour pour jour, après les avoir quittées, Matmatah retrouve les planches de La Cigale de Paris en cette chaude soirée de printemps. Forts d’un dernier album solide, c’est pourtant pour leurs classiques issus de La Ouache que les Bretons sont probablement attendus par le public. Un public de tout âge qui s’apprête à vivre des retrouvailles chaleureuses et énergiques mais pas forcément surprenantes.
Volin
C’est le trio toulousain Volin qui ouvre pour Matmatah ce soir. Un peu avant 20h, les trois jeunes hommes arrivent sur la scène d’une Cigale plongée dans l’obscurité et sous les applaudissements d'une fosse bien remplie. Le style de Volin tranche radicalement avec le rock de la tête d’affiche : une pop très, très aérienne et immersive. On est surtout impressionné par la voix de Colin : un chant très limpide et techniquement convaincant. La mayonnaise semble prendre à la fin du premier titre joué et l’assemblée est plutôt généreuse en cris d’encouragement ainsi qu’en applaudissements. Toutefois, on dénote le son beaucoup trop faible du micro, une tare qui ne sera pas réglée avant la fin du dernier titre de Matmatah.
Pour en revenir à Volin, les deux autres compères ne sont pas en reste. Max assure vraiment derrière sa batterie modestement configurée et Romain l’accompagne avec sa quatre cordes en faisant quelques allers-retours sur son clavier. Bien que belle et sympathique, la musique du trio semble finir par lasser une majorité du public et il est un triste de constater que les conversations de ses voisins deviennent plus audibles que le chant de Colin, dommage. Ce dernier arrive tout de même à capter l’attention à nouveau en remerciant Matmatah et en annonçant le titre « Volcan ».
Aux termes de sept morceaux, ce sont trois musiciens souriants qui, bras dessus bras dessous, saluent La Cigale. Si l’on ne peut nier que Volin n’était peut-être pas tout à fait à sa place, on ne peut que reconnaître une certaine humilité de la part du trio ainsi qu’un plaisir évident à s’être produit ici ce soir.
Matmatah
3650 jours et des poussières plus tard, Matmatah remonte sur cette scène. Scène que le combo brestois avait quittée le 2 mai 2007, non pas sous une ovation mais sous des « L’apologie, l’apologie, l’apologie !!! ». Titre que n’aura pas été joué à la stupeur générale, pas pour des raisons légale mais par choix du groupe.
Mais bon, une décennie plus tard il y a prescription et il serait absurde de croire que cette chanson emblématique ne sera pas jouée ce soir. Un peu avant 21h, Matmatah arrive, pas à quatre mais à cinq, sobrement et ouvre avec "Petite frappe" issu de leur dernière galette, Plates Coutures. Sans temps mort, "Quelques sourires" de Rebelote prend le relais.
Côté attitude, les musiciens sont souriants, bien mis sur eux avec de jolis costumes mais le mode automatique est bel et bien activé. Rien de foufou ni de « rock’n’roll » dans l’attitude des cinq messieurs. Ils font leur boulot et Stan communique l’essentiel à base de « On est Matmatah et on vient de Brest » ou encore en annonçant le morceau qui fera ENFIN un peu bouger : "Lésine pas" suivie du classique "Emma", premier titre de La Ouache joué ce soir.
Cet album légendaire est assez vite oublié pour laisser place à d’autres classiques comme "Au conditionnel", "La cerise" ou encore "Le festin de Bianca". Ce dernier sonne le départ du premier pogo de la soirée. Certains semblaient en avoir marre d’attendre "Lambé An Dro". Voilà qui rajoute un côté encore plus festif à l’événement mais créé inévitablement un clivage dans cette fosse transpirante (Il fait vraiment chaud ce soir).
Vient évidemment la présentation des musiciens (on rappelle au passage que Stan et Eric, à la basse, restent les derniers survivants de la formation initiale). L’occasion pour certains de découvrir Emmanuel Baroux qui a remplacé Sammy pour la reformation. Un gratteux bien connu des fans purs et durs puisqu’il est présent sur l’album solo de Stan sorti en 2012. Et c'est un dénommé Julien qui assure les claviers.
Dès la dernière note de "Crépuscule dandy", les quatre coups de charley tant attendus raisonnent enfin : "Lambé An Dro" fait exploser La Cigale : Ca pogotte, ça saute, ça slame, ça chante et ça allume des cigarettes plus ou moins légales. Outre cet éternel problème de micro, Il est impossible d’entendre Stan tellement les fans hurlent ces paroles mythiques. Le chanteur terminera d’ailleurs avec son classique (automatique ?) « Vous êtes des grands malades ».
Arrive le rappel, avec les deux classiques que sont "Derrière ton dos" et la tant espérée "L’Apologie" qui rendra l’assemblée folle de joie une dernière fois. L’occasion pour les anciens fans de découvrir cette pièce maîtresse sous un autre angle puisque c’est Stan qui assure le chant, Sammy ayant quitté le navire.
Alors qu’il veut annoncer le dernier titre de la soirée, le frontman se retrouve face à ces afficionados impossibles à rassasier (et nostalgiques de 2007 ?), réclamant haut et fort "Les moutons". Mi-figue, mi-raisin, Stan déclare « Bon allez ok, Ananana nanana noooooo », tout de suite repris de bon cœur jusqu’au premier couplet. Après ce moment convivial mais quelque peu gênant puisque l’on sent bien que le groupe commence à être blasé par cette demande inévitable, le très beau "Peshmerga" est joué et clôt un show bien rempli de 1h40…
…Mais pas assez rempli pour certains. Comme il y a dix ans, quelques infatigables réclament encore et toujours "Les moutons" alors que Matmatah a chaleureusement salué son public et les techniciens démontent la scène.
On dresse un bilan très positif à la fin de cette soirée avec en tête l’idée que Matmatah est bien loin d’être un groupe du passé. C’est du moins ce que l’on est tenté de se dire lorsque l’on tend l’oreille et que l’on écoute les conversations encenseuses de ces petits jeunes ravis à la fin du show. Bien sûr on aurait voulu voir des mecs un peu plus fous, quelques tubes et petites pépites supplémentaires auraient également été les bienvenues. Mais dans l’ensemble c’étaient de bien belles retrouvailles.
Setlist:
Petite Frappe
Quelques sourires
Il fait beau sur la France
Marée Haute
Gotta Go Now
Lésine pas
Emma
Archimède
Au conditionnel
Nous y sommes
La Cerise
Le Festin de Bianca
Retour à la normale
Crépuscule dandy
Lambé An Dro
Rappel
Toboggan
Derrière Ton Dos
L'Apologie
Deuxième rappel:
Peshmerga
Crédits photos: Tiphaine Zanutto
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