Voilà maintenant plusieurs semaines déjà que cet album nous a été transmis. Et pourtant, il aura fallu attendre le dernier moment (et notamment prendre du recul sur notre rencontre avec Vincent Cavanagh) pour se positionner sur The Optimist. Cet album a une histoire, qui a commencé il y a plus d’un an, lorsque le groupe s’est décidé à montrer à l’Europe le visage de ce futur opus… en live.
Une stratégie à double tranchant ?
Il pleuvait le soir du 12 novembre 2016. Ce jour-là, nous pûmes entendre pour la première fois les morceaux qui allaient composer le nouvel album des Liverpuldiens : The Optimist. Nous ne reviendrons pas en détails sur cette prestation (un report est disponible ici), mais nous aurons besoin de ce premier pas en avant pour comparer les mois de travail qui séparent cette période de la sortie de l’album.
Dans un moment de renouvellement, de reconquête de soi, les frères Cavanagh et leurs amis prirent le risque de se transporter quinze années en arrière pour conclure un opus qui marqua un tournant dans l’histoire de la bande : A Fine Day To Exit.
Cette reconquête commence avec "32.63N 117.14W". Inutile d’être sur-diplômé pour comprendre qu’il s’agit de coordonnées géographiques. Oui, mais lesquels ? Ce petit clin d’œil n’est autre que la plage qui sert d’artwork à leur création de 2001 : on reprend l’histoire là où elle s’est arrêtée. D’ailleurs, les bruits en arrière-plan, comme le mouvement des vagues ou le démarrage du véhicule, vous donneront quelques indices, tout comme la chanson que le conducteur met à la radio… Cette première musique sert d’introduction à "Leaving It Behind", le premier titre qui nous fut présenté en novembre dernier, sous un autre nom ("Gotyou To"). Plus rythmé, plus profond, avec ces beats audio devenus habituels dans le travail des Anglais, ce morceau ouvre l’album d’une excellente manière, puisqu’il voile l’existence de nombreuses surprises. La voix de Vincent Cavanagh fait encore merveille : profitez-en, vous ne l’entendrez plus beaucoup.
C’est bien plus celle de Lee Douglas qui est mise à l’honneur sur cette galette. Le titre suivant, "Endless Ways", lui laisse tout le loisir de s’exprimer, comme pour chaque musicien d'ailleurs, sur un son bien plus posé (aux premiers abords seulement), la limite de leurs possibilités semblant avoir été dépassée avec une orchestration soutenant une mélodie générale s’appuyant, une fois n’est pas coutume, sur les riffs mélodieux de Daniel Cavanagh.
La vraie surprise nous est présentée avec "San Francisco", une musique entièrement instrumentale. Cette composition est innovante pour la bande, et nous offre un nouvel angle de vue sur leur capacité de création et d’exécution. C’est un morceau très psychédélique, à la fois électro et rock, sur une mélodie répétée tout au long des cinq minutes qui nous sont imposées et bourrées d’effets sonores en tous genres. Vincent nous expliquera lors de l’interview le but de la manœuvre : nous plonger dans une ville illuminée la nuit à travers un véhicule qui ne s’arrête pas, un voyage au but inavoué : objectif atteint ! Les surprises se succèdent et s’enchaînent : "Close Your Eyes" nous porte à travers une ambiance piano-jazz, un peu de calme et d’apaisement dans cet album aux multiples directions. "Wildfires", le titre qui suit, permet le retour du chanteur sur le devant de la scène, sous couvert encore une fois d’effets toujours bien maîtrisés et bien pensés.
"Back To The Start" marquera la fin de l’odyssée, avec ses cinq minutes de silence à la fois interminable et intrigante. Mais restez jusqu’au bout : l'ultime surprise de The Optimist vous y attend dans les dernières secondes !
"Ghost" ou "Springfield", deux titres choisis pour nous être présenté à l’automne dernier, ont subits quelques améliorations, mais rien ne change dans leur ADN. Le premier morceau, composition de Daniel Cardoso, marquera l'album par cette délicatesse et ce savoir-faire. L’exercice de laisser la composition à quelqu’un d’autre est toujours compliqué pour ne pas changer l’identité d’un groupe. Pourtant, "Ghost" s’intègre parfaitement à l’opus, il en relève même le niveau. Quant à "Springfield", c’est très certainement la composition majeure de cet opus (d’où le fait pour les Britanniques de l’avoir présenté sur Youtube, l’indice de confiance étant très élevé sur ce titre).
Vous l’aurez compris, le pari est réussi ! Le comble restera que le titre éponyme à celui de cette onzième offrande, "The Optimist", ne marquera certainement pas les esprits…mais cela, nous le laissons à votre bon jugement. Anathema nous livre donc un album dans la droite ligne de ses prédécesseurs, avec une noirceur assumée mais justifiée. Il prend le chemin tracé par le groupe il y a une bonne dizaine d’années. Plus que jamais, les Anglais se sont séparés de cette image de doom metal pour créer des musiques bien plus proches de Steven Wilson ou Marillion, à la fois expérimentale et convaincante. L’évolution d’Anathema va dans le bon sens. En attendant de les voir en salle à l’automne prochain, il nous reste à réécouter The Optimist encore une fois… juste pour le plaisir !
Sortie le 9 juin 2017 chez KSCOPE
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