Ok, ok, ok… M. Pokora n’est pas vraiment rock ‘n’ roll… Pas plus que Renaud, Dee Dee Bridgewater, Claudio Capéo, Birdy Nam Nam, Slimane et j’en passe… Mais, il reste quand même dans le festival Seine et Marnais quelques pépites rock ‘n’ roll dont on a envie de vous causer sur La Grosse Radio.
A tout seigneur tout honneur, parlons un peu de la seule tête d’affiche vraiment rock du festival. Nos antisociaux préférés ont décidé de remettre le couvert et après pas mal de tentatives de reformations qui se sont terminées en eau de boudin, cette fois-ci, c’est la bonne. Les deux membres clés du groupe Trust, le hurleur Bernie Bonvoisin et le six-cordiste Norbert "Nono" Krief sont bien là. Ce sont les seuls membres "originaux" du groupe.
Le Bernie de 2017 n’a plus grand-chose à voir avec celui de Répression dans l’Hexagone au niveau du look. Avec son bob camouflé et ses mimiques empruntant beaucoup au domaine du rap hard-core, il affiche clairement un changement de style. "Surveille Ton Look" clamera-t-il en fin de set… Du coté de Nono, jeans et chemise, Gretsch Duo Jet Rouge rutilante, pas de changement, on se croirait propulsés 30 ans an arrière.
Et en début de setlist, on ressort les anciennes compos. "Instinct de Mort" et "Marche Ou Crève" sont la preuve que les deux compères n’ont rien perdu de leur fougue. La voix de Bernie tient parfaitement la route. Nono défriche un terrain déjà labouré sauvagement par les frères Young, surtout Angus. Il s’amuse comme un petit fou et semble prendre du plaisir à égrener ses riffs d’acier.
Les trois petits nouveaux de la section rythmique ne sont pas en reste et envoient les deux "stars" en orbite. Entre les classiques, le groupe ressort aussi quelques titres plus récents comme ceux de l'album Europe et Haines sans pour autant que le public soit moins receptif.
Mais, chose prévisible, le grand moment fédérateur sera évidemment la relecture en rappel du hit planétaire "Antisocial" que même les fans de M. Pokora, venus en masse, connaissaient par cœur. Bernie s’amuse avec le public, Nono riffe sur sa copie Gibson Les Paul Gold Top signée Loïc Le Pape, le public chante… Un très beau moment de rock ‘n’ roll ou l’on pourra regretter que Bernie laisse trop de place au public en les laissant chanter quasiment tout le premier couplet.
Après Trust, la soirée s’annonce calme pour les rockeurs et le lendemain ne sera pas forcement plus riche. Quelques petits moments sympathiques quand même comme celui où l’on voit Philippe Manœuvre, ex-taulier de la maison Rock ‘n’ Folk, venir vanter les mérites de M. Pokora avant son entrée en scène. Drôle !
Ceci dit, il faut bien avouer que notre que le fameux M. Pokora fait le boulot plus que correctement empruntant beaucoup à Claude François mais aussi aux standards Motown et à la disco. Un show bien ficelé avec un paquet de monde sur scène et bien sur un tas de "pokorette" valant à elles seules le détour.
Et Renaud ? On aime ou on n‘aime pas. Mais bon nombre de rocker comme moi ont tout le début de sa discographie dans leurs bacs à vinyle et connaissent les morceaux par cœur. Le personnage n’a peut-être pas très bien vieilli et les performances vocales s’en ressentent. C’est sûr. Mais quand même, on a un monstre sacré qui se présente en face de nous. Toujours débout comme il dit.. Ca force le respect, ça rappelle des souvenirs… L’affect fonctionne…
Mais revenons à la chose rock ‘n’ roll. On passera un moment agréable avec les groupes de reprises. On en trouve chaque année sur le festival monterelais. Cette fois-ci, au programme, Cover Queen pour faire revivre le combo de Freddie Mercury, et Trust ! Ah non, pardon, là c’était les vrais !
La bonne surprise viendra aussi de No Face, qui dument cagoulés comme sur leur visuel promotionnel, ont mis le feu ! Le combo constitué sur les cendres de Skip The Use où l'on retrouve la féline Oma Jali issue de The Voice pour remplacer Matt Bastard parti voler de ses propres ailes. Un set énergique et rebelle dans la tradition des shows de Skip The Use mais avec une touche un peu plus soul apportée par la nouvelle diva. A découvrir d'urgence. Les fans ne s'y sont pas trompés et ils étaient nombreux à se précipiter vers le merchandising à la fin du show pour y rencontrer le seul visage découvert des No Face.
Enfin, quelques pépites ont illuminés la petite scène Johnny Winter à l’entrée du festival. Et il faut qu’elle en avait bien besoin d’illumination cette scène ! Les artistes y évoluaient dans une quasi pénombre et sans jeux de lumière. Dommage ! Quand on voit une personne comme Gaëlle Buswel et ses trois compères délivrer un gros rock blues tendance americana de grande qualité, on peut trouver dommage que ces artistes ne soient pas plus valorisés.
Mais la musique parle d’elle-même et les festivaliers non conquis par le charme "pokorien", ont pu trouver refuge auprès du blues de Gaëlle Buswel. Son rock aux relents de Rolling Stones séduit. Les morceaux de son nouvel opus comme "So Blue" fonctionnent bien et le public en redemande. L’interaction entre Gaëlle et le guitariste Michael Benjelloun et très forte. Leur complémentarité est très intéressante surtout lorsque ce dernier se lance dans des parties de slide endiablées.
Une artiste à redécouvrir d’urgence dans de meilleures conditions et peut-être dans quelques années sur une des grandes scènes du festival.
Pour conclure sur cette 20ème édition du festival Montereau Confluences, on soulignera tout d’abord l’attrait du côté financier. Qui peut se targuer d’offrir une place de concert à 15 euros ? Le moindre groupe obscur dans une salle encore plus obscure coute déjà pas loin de 20 euros. Alors là, quand on vous propose deux jours de musique avec des pointures comme Trust, Renaud ou Dee Dee Bridgewater... Même si ce n'est tout à fait notre came, on ne refuse pas.
Un festival, c’est aussi une question d’ambiance et force est de constater que ces Confluences sont un festival familial très bon enfant on l’on a envie de passer du temps, de flâner, de discuter… C’est aussi cela qui fait la richesse d’un festival. Et même si cette année on n’a pas eu un monstre sacré comme Toto ou Lou Reed, on aura passé un très bon moment musical et si tout va bien on retrouvera avec plaisir le chemin du Parc des Noues pour la prochaine édition !
