C’est en avril dernier que l’information est tombée. L’immense et légendaire trio américain King’s X nous annonce alors son retour en France pour deux dates dans le cadre d’une mini-tournée européenne en juin. On se frotte les yeux, on nage en plein rêve et mieux encore, il va se transformer en réalité. C’est peu dire qu’on les aime ces trois-là et c’est avec une joie immense que l’on voit cette date en région parisienne au Forum de Vauréal le 20 juin dans le 95 près de Cergy, veille de la fête de la musique ainsi que celle de Bordeaux le 22 au Rock School Barbey. La formation qui s’est formée en 1980 et qui a sorti son premier album en 1988 n’avait joué jusqu’alors dans notre pays qu’à de très rares occasions . Concernant la première, il faut remonter à 1991, en première partie d’AC/DC à Bercy et après, il aura fallu attendre notre siècle pour les revoir à nouveau et en tête d’affiche cette fois-ci. C’était en janvier 2009 au New Morning à Paris et la dernière fois remonte déjà à 6 ans, c’était le 13 avril 2011 et encore en région parisienne dans la salle de l’Empreinte à Savigny le Temple.
Sur cette tournée, ils avaient effectué 3 dates supplémentaires. Vraiment, on est en joie tant King’s X a marqué notre vie et nous accompagne depuis si longtemps. Ce qui rend aussi l’événement totalement inattendu, c’est par ces deux faits majeurs. King’s X n’a pas enregistré de nouvel album depuis le petit dernier en 2008, c’était le brillant XV (comme le nombre de leurs disques sortis) et surtout, Doug Pinnick le légendaire bassiste et chanteur venait de sortir un second album Scatterbrain en mars avec la formation KXM et en compagnie de Georges Lynch ex Dokken et de Ray Luzier de Korn. Autant vous le dire, on a adoré cet album totalement réussi que l’on vous conseille vivement. Voilà pourquoi, quand on arrive enfin devant la salle du forum de Vauréal, on se pince encore pour y croire. Doug Pinnick le bassiste, Ty Tabor le guitariste et Jerry Gaskill le batteur vont jouer devant nous dans une heure et c’est le grand bonheur car oui, nous parlons bien d’un concert de King’s X en 2017 et en France.
Il est 20 heures 30 et le temps est caniculaire depuis une dizaine de jours. On sait d’entrée qu’on va un peu souffrir ce soir de la chaleur. Le groupe de première partie Kings of Space vient de démarrer. Ce soir, on va rencontrer un public plutôt âgé constitué pour la majorité de vieux rockeurs et metalleux qui pour la plupart connaissent le groupe depuis le début ou presque. Certains portent des tee-shirts de Clutch, d’autres de King’s X et les chevelus ainsi que les rasés se ruent vers une bonne grosse bière bien fraîche. Clairement, on veut garder des forces pour vivre pleinement notre rêve et ce soir, il s’appelle King’s X. Il est 21 heures 15 et Kings of Space termine son show punk/rock qui aura duré 40 minutes et on va profiter de ce moment pour se glisser tout devant. La salle ressemble à un garage et avec cette température élevée, il est vraiment judicieux de se caler au pied de la scène. On est maintenant autour de 500 personnes et la salle est pleine à craquer.
On est prêt à en découdre et à l’arrivée des musiciens sur scène à 21 heures 35, c’est une explosion de joie qui nous arrive teintée d’une grande émotion. Deux-trois réglages, deux-trois sons de basse et c’est parti avec "Groove Machine" extrait de l’album Tapehead (1998). Premier constat, les Américains ont toujours un son unique et que dire du jeu de basse de Doug Pinnick, il est purement fantastique. Pour les novices, c’est Doug qui a trouvé il y a très longtemps l'accordement en Drop D qui a changé et fait évoluer les possibilités de la basse. A l'époque, au cours d'une interview, le bassiste de Pearl Jam, Jeff Ament avait dit, de son point de vue, que Doug Pinnick avait inventé le son Grunge. Pendant 1 heure 40, le trio va enchainer les morceaux et il va tout simplement nous régaler. La set-list de ce soir est tout simplement parfaite et on est vraiment gâté car elle représente très bien leur immense carrière. Une des particularités du groupe, c’est qu’on peut entendre les trois musiciens chanter et souvent, King’s X nous offre des choeurs magnifiques.
Par contre, ce soir, c’est vraiment Doug qui tient le lead au chant car Ty Tabor le guitariste, on l’entend malheureusement très peu. On ne sait pas vraiment s’il a des problèmes de voix ou si c’est son micro qui est bien faiblard. Qu’importe, cela ne change rien à l’intensité du concert car tout le monde sait que le vrai chanteur, c’est Doug Pinnick. Malgré la chaleur, il assure et nous scotche encore une fois. Doug au chant, c’est l’amour, la rage, une voix grave qui regorge de feeling, de sensibilité et il arrive encore à pousser dans les aigus. Il passe de cris stridents et aigus à un chant puissant, grave et mélodique en une fraction de seconde. On pourrait entendre Jimi Hendrix qui aurait dans ses tripes un Jeff Buckley et quand on pense que le grand métisse américain va avoir 67 balais en septembre, on lui tire un immense chapeau. Quel charisme il dispose encore celui qu’on aime appeler affectueusement Dug.
On vous l’avoue maintenant, c’est un de nos musiciens préférés. Ty Tabor malgré sa faible prestation au chant assure des parties de guitare remarquable et des riffs bien sentis qui sont tout simplement parfaits. Comme à son habitude, Doug Pinnick pousse toujours un peu Ty Tabor à se mettre en avant et on les voit à un moment tous les deux au bord de la scène prendre beaucoup de plaisir à jouer devant un parterre de fans qui sont à fond, chantent à pleins poumons et certains ont même la larme à l’oeil. On en fait partie également, on est touchés car ce concert inoubliable et parfait est rempli de plaisir et d’émotions. Pour terminer, quelle joie de revoir Jerry Gaskill sur les planches tellement il nous a fait peur ces dernières années. Depuis la dernière fois qu’on les as vus sur scène en 2011, Jerry le batteur a fait une grosse crise cardiaque en 2012, il a également tout perdu après, à cause d’un terrible ouragan dans sa région et pour finir, il a refait une petite crise cardiaque en 2014.
Alors, le voir jouer, en forme devant nous en juin 2017, comment dire, c’est le pied. Le concert s’achève par un rappel savoureux. On entendra donc en guise de conclusion "We Were Born To Be Love" et "Dogman" (1994) l’année où l’on a découvert King’s X et depuis l’histoire d’amour entre nous et eux ne sait jamais arrêter. On peut même dire après ce concert immense et inespéré qu’on les aime encore plus qu’avant. La mascotte en tête de chien (Dogman) que tenait un fan au premier rang et qu’il faisait bouger avec son bras a dû lui aussi se régaler ce soir. D’après quelques sources, on pourrait espérer un nouvel album de King’s X alors croisons dès maintenant les doigts. La soirée se prolongera encore une heure juste après le concert par une très longue séance de dédicaces et photos avec les membres du groupe et les fans les plus ardus et ils étaient très nombreux ce soir. On ne vous en dit pas plus mais on a bien profité également. King’s X, c’est pour la vie et on rêve déjà d’un prochain concert en France. Si ça arrive, on est prêt à y aller en rampant.
set-list
Groove Machine
The World Around Me
Pillow
Flies and Blue Skies
Vegetable
Cigarettes
Pray
Black Flag
Lost in Germany
A Box
Looking for Love
Summerland
Over My Head
Go Tell Somebody
We Were Born to Be Loved
Dogman
Un grand merci à Dom, un petit coucou à Roger
Crédit photos: Jérôme Agier
