Little Steven – Soulfire

Quand le gratteux Little Steven Van Zandt, fidèle lieutenant du « Boss » Bruce Springsteen, publie un album solo après 25 ans de silence radio, du coté de La Grosse Radio, on a décidé de tendre l’oreille et de vous dire un peu plus sur ce nouvel opus Soulfire.

Quand le "consigliere" du Boss remet le couvert, autant vous dire qu’il met les petits plats dans les grands. Au niveau du personnel, Little Steven s’est entouré d’une petite quinzaine de pointures du monde musical pour composer son groupe aux allures de Big Band.

Il le clame haut et fort, son but avec cet album est de se re-présenter à son public comme Steven Van Zandt et non plus comme le guitariste du Boss. Il veut faire découvrir son registre plus personnel qui passe par le blues, le rock garage, le doo-wap et surtout plus globalement la musique soul.

On comprend donc le choix du titre de l’album Soulfire. Les titres sont empruntés à différents registres et à différentes périodes créatives de Little Steven. Mais on n’y trouve pas pour autant de nouvelles compositions.
 

Little Steven Soulfire Cover


Soulfire fait la part belle aux titres de l’époque où Little Steven jouait avec Southside Johnny & The Asbury Jukes. Certaines sont co-écrites avec Bruce Springsteen. Souvent ces titres comme "I’m Coming Back" ou encore "Love On The Wrong Side Of Town" ressemblent à ce à quoi nous sommes habitués avec le E-Street Band. Les cuivres imposent un rythme flamboyant soutenus par les guitares. Les cuivres donnent le coté soul et le rock reste l’apanage des guitares.  Les chœurs soignés rajoutent une profondeur à l’édifice et font de ces compos des titres accrocheurs qui restent dans le crâne, qui sont faciles d‘approche dès la première écoute. En gros, du rock costaud de première bourre !
 


On change de registre lorsque les Disciples Of Soul s’essayent à la ballade comme sur "Some Things Just Don’t Change" ou encore "The City Weeps Tonight". Little Steven rappelle alors les nombreuses chansons gorgées de feeling de Keith Richards lorsqu'il reprend des titres comme "Nearness Of You". On y retrouve cette voix pas forcement aussi assurée que celle des grands noms avec qui on a l’habitude de le voir mais qui gagne en émotion et en feeling. Les arrangements doo- wap sont d’ailleurs très classes sur ce type de morceaux et on croirait entendre des classiques comme "Earth Angel" ou "Since I Don’t Have You".

Sur Soulfire, Little Steven et ses Disciples Of Soul ont choisi aussi de s’attaquer à de la reprise. On aura donc droit à une "cover" du blues d’Etta James "Blues Is My Business". Little Steven vient aussi du blues. Mais on s’éloigne du blues de Robert Johnson minimaliste à souhait pour livrer plutôt des relectures bien arrangées lorgnant coté boogie blues. Il faut que ça bouge, que ça groove du coté de Little Steven. On est plus Stevie Ray Vaughan que blues du delta. Et quand l’organiste s’en mêle on rejoint des parties plus soul. La boucle est bouclée.

Lorsqu’on veut faire une reprise sur un album soul, quoi de mieux que de reprendre un titre du "Godfather of Soul" James Brown ? C’est chose faite avec "Down And Out In New York City". Parfois Little Steven et ses hommes se permettent des incursions dans un domaine plus funky ou les grattes claquantes appuyées par une pédale wah-wah mettent en orbite des lignes mélodiques. On pense aux musiques noires des seventies, aux B.O. de films "blaxploitaion" comme Shaft. Pas étonnant lorsqu’on sait que Little Steven est un très fan de la culture garage punk underground. Rappelons qu’il anime une des plus grandes émissions de radio dans le style, le fameux Little Steven Garage Underground et aussi qu’il est patron du label Wicked Cool Records dédié quasi totalement aux groupes de ce style.

Et on sent aussi parfois ces influences rock garage notamment sur "Saint Valentine’s Day", une chanson qu’il avait à l’origine offerte aux Cocktail Slippers, un groupe de filles scandinaves jouant du rock garage endiablé. Ici la version est orchestrée différemment et sonne plus soul mais la base rock sauvage est bien là.

 


Résultat des courses avec Soulfire, on redécouvre les multiples facettes de Steve Van Zandt et notamment son grand talent de compositeur. Il dépasse ici son rôle de musicien. Après presque 20 ans de silence depuis la parution de Born Savage en 1999, on comprend que le bonhomme ait eu envie de s’exprimer de nouveau en tant que leader. Certains titres ressemblent à ce qu’il peu faire avec le Boss. Mais là c’est lui qui est sur le devant de la scène. On sort ici du rôle de faire valoir, certes de première bourre mais faire valoir quand même qu’il a depuis des années avec son Boss.

La voix n’est pas celle du Boss mais à la manière des albums solo de Keith Richards, elle revêt une tendresse particulière voire même une certaine fragilité. On sent que Little Steven a envie de dire des choses et il s’autorise à le faire de fort belle manière en nous invitant dans son univers avec cet album Soulfire.

Sortie le 19 mai 2017 chez Universal

Puis maintenant, on attend de le voir live mercredi 28 juin 2017 à La Cigale. Avec 15 personnes sur scène, ca devrait envoyer !
 

Si vous voulez venir le voir avec nous, il reste des places ici !!!


Little Steven & The Disciples Of Soul - Flyer Paris 2017

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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