"Amateurs de rock aventureux, de breaks psychédéliques et de riffs lours, voici in album qui pourrait vous plaire"
L'album éponyme du trio bâlois est sorti en mars dernier, et pourtant il serait dommage de passer à côté. Fermement décidés à laisser libre cours à leurs envies, les musiciens appliquent à merveille la maxime "c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe". Car dès les premières mesures de "Seven Pounds", l'influence de King Crimson saute aux oreilles. Le progressif aventureux est au menu, avec des riffs pachydermiques, de longs breaks dissonants (dans le bon sens du terme), des structures aventureuses et tutti quanti. Mais si ce premier titre ne laisse planer aucun doute sur son influence principale, la suite montre un ensemble plus contrasté et, fort heureusement, plus éloigné d'une pâle copie du monstre sacré, dont l'ombre continuera néanmoins de planer tout au long de l'album.
Outre des géants du prog (Steven Wilson, Pink Floyd), The Universe by Ear revendique également l'influence de groupes plus alternatifs comme The Mars Volta, Biffy Clyro ou The Flaming Lips, ce qui s'entend : le groupe est capable d'envoyer des titres plus directs et accrocheurs ("High on the Hynek Scale"), sans jamais se départir de son approche aventureuse. Les breaks sont toujours surprenants, entraînant les morceaux dans des directions inattendues, sans pour autant, et c'est là une des grandes qualités de cet album, tomber dans des développements excessivement complexes, qui perdraient tout lien avec le reste du morceau. Parvenir à faire passer les 6 minutes de "Slam your head against the Wall" de façon aussi fluide témoigne d'un solide travail d'écriture.
Le petit point négatif est que si une personnalité est bel et bien présente, elle reste à creuser, le poids des influences pré-citées (notamment celle du roi cramoisi) étant encore un brin trop présente, ce qui devient un peu gênant sur le long terme. Attention à la nuance : le groupe doit creuser sa peronnalité, mais au moins en a-t-il trouvé une. Tour à tour rock, bluesy (le très réussi "Dead end Town") et psychédélique, The Universe by Ear nous rappelle que nos voisins helvètes ont une scène rock de grande qualité, ainsi que peuvent en témoigner Pure Inc (dont on est malheureusement sans nouvelles) et Forks. Autre point qui pourrait en chagriner certains, la production est à l'ancienne, sans fioritures, ce qui est sans doute une volonté du groupe mais pourra plaire ou rebuter selon les sensibilités de chacun.
Reste que ce premier album éponyme est une belle réussite et fera plaisir aux amateurs de rock aventureux, sur le plan des structures comme sur celui des mélodies. Gageons qu'avec davantage d'expérience, le groupe saura se trouver pour de bon.
Sortie le 24 mars chez Czar of revelations
