Orage, ô désespoir ! Quand un début d’après-midi pluvieux parsemé de violents coups de tonnerre et de seaux de pluie tombés du ciel n’arrivent pas à ébranler les festivaliers et Findlay…
Le coup d’envoi de ce troisième jour sera quand même donné en retard. Si les éléments n’ont pas gagné la guerre, ils ont quand même remporté leur bataille contre les scènes des artistes émergeants qui pour le coup se sont vu immergés ! Dommage, on aurait bien aimé voir les Supamoon du coté de La Grosse Radio…
Le public rentre sur site avec une heure de retard pour permettre au staff de bénévoles d’écoper et d’assécher tant bien que mal le devant des grandes scènes afin d’éviter un nouveau Woodstock. Pour Findlay, chargé d’ouvrir les festivités, pas question d’annulation. On va commencer en temps et en heure même si le public commence à peine à investir les lieux. Bel esprit en tout cas.
Et lorsque le quatuor commence à délivrer ses riffs de guitares, cela remet un peu de baume au cœur des festivaliers qui accélèrent le pas pour prendre places aux premières loges. Findlay propose un rock à guitares lorgnant parfois coté pop mais aussi coté garage punk. Natalie Findlay qui assure chant et de temps en temps la guitare dans le combo nous confiait hier en interview qu’elle adorait Iggy Pop. A en juger son charisme sur scène, on voit qu’elle a été à bonne école.
Les titres de Findlay sont faciles d’accès et s’apprécient immédiatement. Quand elle chante, Natalie Findlay capte et même captive le public avec sa voix puissante qui n’est pas sans rappeler Janis Joplin. Lorsque, en plus, elle empoigne sa Fender Jazzmaster, les compos se font encore plus puissantes. Le son des guitares bien fuzz n’est pas sans rappeler les Stooges. Une très belle prestation des anglais qui défendent fièrement leur premier album Forgotten Pleasures. A découvrir d’urgence, si ce n’est pas déjà fait!
Pour patienter avant Iggy Pop, on peut suivre à travers différents sites du festival la fanfare Goulamas'k qui met me feu partout ou elle passe en reprenant des standards à sa sauce ! AC/DC façon fanfare, c’est classe ! Merci les Goulamas'k !
Aux alentours de 22h, les fans du son de Detroit vont enfin pouvoir approcher le Saint-Graal, l’Iguane Iggy Pop en personne à Valmy pour la troisième fois ! A 70 balais, Iggy est en forme. Pas de fioritures, on va directement envoyer la sauce sur "I Wanna Be Your Dog" ! Le ton est donné.
Citons pour l’anecdote que ce soir Iggy a pris un de ses plus mauvais bains de foule. Les photographes parqués comme des sardines sur le devant de scène ressemblant étrangement au public, Iggy décide de prendre son premier bain de foule et se jette sur un tas de journalistes dont le reflexe premier a été la protection de leur outil de travail ! Canon et Nikon 1 – Iggy 0. L’iguane a fait un plat monstrueux finissant sa course dans les crash barrières en écharpant au passage notre vénéré redac’ chef de La Grosse Radio qui s'en tirera avec une belle bosse sur le crâne mais aussi une grande fierté en exhibant sa blessure de guerre. Panique sur scène dans le staff d’Iggy ! Mais il en faut plus pour mettre l’Iguane à terre. Il se relève de plus belle en aboyant ses "Now I Wanna Be Your Dog" ! Même pas mal ! Décidément, Iggy restera toujours Iggy !
Et on ne faiblit pas sur scène en envoyant "Gimme Danger" ! Suivra une version de "The Passenger" plus courte qu’à l’accoutumée et sans personne sur scène. L’Iguane ou sa sécurité ont-ils été échaudés ?
Cela n’empêchera pas Iggy de s’époumoner, bien aidé par un parterre de festivaliers déjà conquis sur "Lust For Life". Alors qu’on semblait se diriger tout droit vers un set aux allures de best of, Iggy choisi un registre pus intimiste avec "Some Weird Sin" et "Sick Of You". Les témoignages d’affections (entendez par là les sous-vêtements) pleuvent. Iggy arborera fièrement un sous-tif noir offert par le public pendant quelques minutes. Toujours coquin, l’ami Iggy ! "Seach And Destroy" verra la foule se déchainer, foule dans laquelle on croisera Natalie Findlay flanquée de tout son groupe dans les premiers rangs. Ils nous avaient bien dit qu’ils étaient fans !
Une petite incursion dans le répertoire du nouvel album co-écrit avec Josh Homme le temps de se calmer un peu avec "Gardenia" puis il déjà temps de lâcher les chevaux pour l’assaut final ! "TV Eyes" puis "No Fun" remporteront les suffrages de l’audience avant que l’Iguane finisse en beauté sur un majestueux "Real Wild Child". Pas de problème, Iggy, on te croit. Tu nous a encore prouvé que tu était vraiment un vrai enfant sauvage ! Merci pour tout monsieur Pop !
Merci aux programmateurs! C’est particulièrement judicieux de placer après l'exubérance de l'Iguane le parfait set de re-descente. Le collectif Archive, mené depuis 21 ans par Darius Keeler et Danny Griffiths nous attrape encore perchés et électrifiés, nous emberlificote dans ses réseaux électroniques envoûtants et sans en avoir l'air, grâce à leur musique introspective, apaise notre rythme cardiaque et nous transporte dans des limbes qu'il serait trop simpliste de qualifier de trip hop.
Même si une grande partie du public est déjà partie, il reste encore pas mal d’accros pour écouter l’intro électro, dans une lumière rouge sang, tandis que sur les écrans géants clignote le mot "welcome". Une nappe de synthé monte et la batterie électronique pulse. Sur les écrans, le message d’accueil s’est transformé en images inquiétantes, des têtes de mort, des visages distordus. On aura reconnu l’esthétique du clip "Drive in Nails" issu du dernier album du collectif, The False Foundation.
Les morceaux s’enchaînent, sans à-coups, fondus entre eux. On reconnaît néanmoins ces changements par les nuances de synthé, qui s’assourdit, ou qui s’accélère. Le chant est souvent à contrepied, beaucoup plus aérien, surtout quand Dave Pen chante. L’ensemble est planant, englobant, à la fois sombre et léger. S’il fallait poétiser tout cela, on pourrait parler de longs instants suspendus.
Dans ce coton bourdonnant, les guitares ne restent pas complètement à l’écart. Quand le groupe joue "Bullets", de l’album Controlling Crowds, ou "Baptism", d’Axiom, de lourds riffs de guitare tournent en boucles hypnotiques.
Plus on avance dans le concert, moins ça reste planant. La fin du concert se rapproche de la musique industrielle. Pollard Berrier introduit "Fuck U" issu de l’album Noise, en s’adressant au public, brisant la glace. Ça y est, on a touché le sol. Et dans une lumière verte, dans des pulsations indus-rock, sa voix plus rauque que celle de Dave Pen, plus haletante, nous plonge dans d’autres tréfonds.
Alors oui, on peut dire qu’Archive, ce n'est ni du rock, ni du trip hop, ni de l'électro. Trop mainstream ou pas assez, on pourrait disserter des heures sur l'évolution qu'a pris leur musique. Le collectif est polymorphe, comme sa musique est englobante. Et l'expérience en live est, malgré la réserve des musiciens, assez prenante.
Et voila pour ce troisième jour, demain ce sera déjà la clôture du festival ! Mais ça devrait envoyer du lourd notamment avec les australiens d'Airbourne qui seront de la partie ! Comptez sur nous pour vous en causer !
Textes : Laetitia Maciel, Eric Jorda
Photos : Yann Landry / La Tête De L’Artiste, Eric Jorda
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