The boys are back.
Quelques années après leur concert interrompu par les éléments en furie, les Dropkick Murphys sont de retour sur la presqu'île du Masaucy. 6 mois après la sortie de 11 stories of Pain and Glory, et un entretien avec All Barr, c'est au tour de Ken Casey d'accorder quelques instants à La Grosse Radio.
Ca fait quoi d'être de retour à Belfort?
C’est super. La dernière fois on n’avait pas pu finir le concert à cause de des orages. On avait dû s’arrêter à cause du tonnerre, des éclairs. On espère que cette fois-ci on ira jusqu’au bout.
Les Dropkick Murphys sont désormais de grands voyageurs.
On essaye. Ca fait 21 ans qu’on traverse le monde, qu’on fait voyager notre musique. La France est maintenant fantastique pour nous. Mais tu sais, au début, la France ne nous a pas vraiment très bien accueilli. C’était un des pires pays pour nous. Dans les années 90, quand on est arrivé avec notre musique celtique-punk, on ne peut pas dire qu’on a été accueilli les bras ouverts; Et aujourd’hui, la France est un des pays les plus enthousiastes.
Comment expliques-tu que la musique des Dropkick Murphys résiste au milieu de l’émergence de nouveaux sons, électro, rap, et j'en passe ?
On vient des racines. Classic Rock, musique irlandaise, punk anglais… Et même au niveau du son, on a longtemps enregistré sur des bandes, on est passé au numérique que très récemment. On a sans doute perdu un peu avec la technologie, mais c’est comme ça.
Vous considérez-vous toujours comme représentants de la classe ouvrière ?
Oui, évidemment. En fait on ne se considère pas comme représentants de la classe ouvrière, on est issu de cette classe ouvrière. Même si aujourd’hui on est dans un groupe qui a du succès, on ne peut pas oublier nos racines, d’où on vient. Si jamais je rentre à la maison, à Boston, en disant « hey, je suis dans un groupe de rock maintenant », je risque de passer un sale quart d’heure ! (rires !). On n’a pas changé. On s’est bien sûr trompé. On a démarré avec la mauvaise maison de disques, puis on est parti chez Hellcat Records (label fondé par Tim Armstrong, de Rancid, NDLR), qui est un label indépendant. On a ainsi pu conserver notre destinée entre nos mains. C’est une de mes fiertés, de savoir comment on a pu gérer le côté business de notre groupe. On a les mêmes personnes qui travaillent avec nous depuis plus de 10 ans, c’est une vraie famille. On est fier de la famille qu’on a construite avec le groupe.
À propos du prix des concerts ?
À l’étranger on ne peut pas réellement faire ce qu’on veut. Mais aux USA on conserve des prix d’entrée de 30$ ou moins, alors que la plupart des concerts sont à 50 ou 75$... On sait que notre public n’est pas très aisé, vient de la classe ouvrière, et on souhaite qu’il puisse profiter des spectacles. On a un merchandising moins cher que la plupart des groupes, on est conscient que les gens font des efforts pour venir nous voir.
Vous jouez dans les plus grands festivals, les plus grandes salles. Pour les Eurocks, qui ne sont pas à proprement parler un festival Punk, quelles sont vos intentions sur scène ?
On monte sur scène, et on joue. C’est tout. On se fout qu’il n’y ait que deux grand-mères, ou des gamins Punk, on ne change pas le set pour autant. On n’a pas un set plus « mainstream », on joue, tout simplement. On veut simplement jouer à 120%, on y va. Le reste ne dépend pas de nous (rires).
Votre dernier album parle beaucoup des addictions aux drogues.
Oui. On est très sensibles à ce sujet. Les morts par overdose sont aujourd’hui plus nombreuses que celles par armes à feu ou par accidents de la route. J’ai cinq ou six amis très proches qui sont morts ces deux dernières années, et vingt ou trente personnes que je connais également. On avait essayé de les envoyer en cure de désintoxication, mais ça n’a pas marché. C’est incompréhensible. Ca dévaste nos vies.
Vous êtes démocrates. Comment vivez-vous le fait qu’aujourd’hui, la classe ouvrière se tourne vers les républicains ?
Ils sont stupides. Donald Trump a fait des promesses qui ont parlé à une certaine partie de la classe ouvrière quand il a dit qu’il allait ramener les emplois en Amérique, et remettre l’industrie en marche, l’automobile, le charbon, le textile… Les entreprises sont parties en Chine pour faire plus de profits, et il a promis de les rapatrier, pour faire revenir les emplois. Il a promis ça, et certains démocrates l’ont cru. Mais Donald Trump fait faire ses propres chemises en Chine ! Mais je pense que c’est une minorité de démocrates qui l’ont suivi. Et puis les démocrates sont aussi responsables de la corruption, au congès, au sénat, dans les lobbies... Fuck Them All.
Aujourd’hui, les Dropkick Murphys ont-ils toujours un message politique ?
Oui, je pense qu’on a toujours un message politique, mais ce ne sont que des mots. C’est pour ça qu’on a cette fondation, qui nous permet d’agir réellement (fondation Claddagh, créée par Ken Casey, voir ici, NDLR). Si jamais j’écris une chanson sur Donald Trump demain, ça ne le chassera pas du pouvoir. On a toujours été un groupe politique, mais on se rend compte que c’est futile. Et ça génère de la frustration. Je me demande souvent pourquoi, pourquoi Donald Trump a-t-il été élu président, pourquoi j’ai assisté à tant d’obsèques ces 2 dernières années…
Quels sont les projets des Dropkick Murphys ?
Quand on a fini notre dernier album, il nous restait 50 chansons en stock, on n’a pas pu les finir. Donc on parle d’un nouvel album, début de l’année prochaine. Février 2018, sans doute. Mais on doit d’abord arrêter de tourner.
Merci à Catherine / Ephélide.