Eurockéennes 2017: Jour 4


Eurockéennes, jour 4. 4ème et dernier jour, les héros sont fatigués. Rompus. Autant le dire, hormis quelques noms par-ci par-là, la programmation ne fait pas rêver non plus les fans de rock. Ajouté à la pluie qui tombe sévère autant te le dire, ce n'est pas la meilleure journée du festival. Mais quand même, tels des warriors dans un champ de betteraves, les festivaiers sont quand même au rendez-vous. Au menu: Royal Blood, Bachar Mar-Khalife, Phoenix, El Freaky, Arcade Fire.

 

Royal Blood
Grande scène, 19:00


Par Justine L'Habitant

Un vent de renouveau souffle sur la plaine du Malsaucy. Scène surélevée avec batterie à tête de tigre. un blason que les Eurockéennes de Belfort ont déjà vu flotter séant (2015). Rampes de spots qui rappellent les éclairage à la bougie des temps jadis. Tout semble augurer la venue de seigneurs lointains. la foule des serfs attend docilement en signe d'allégeance,  l'assaut imminant des suzerains de Brighton (Angleterre).

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Royal Blood - Photo © Olivier Tisserand

Ceux-ci ne se font pas attendre. Et à entendre le carnage sonore dont ils font preuve, ils sont venus en nombre. Royal Blood ça fait à peu prêt toujours cet effet là. Comme une déflagration à blinde de reverb' . Il faut dire que Mike Kerr donne dans la distorsion à qui mieux-mieux en faisant pleurer sa basse comme on saigne une guitare. Mais comment obtient-il un son si proche de la cousine à six cordes ? Le secret de la potion magique réside avant tous dans le matos utilisé. Ce sont les pédales à effets mais surtout les cinq amplis réglés sur des modes différents auxquels le chanteur branche sa basse qui confèrent à l'instrument ce son si particulier.

Depuis leur ascension fulgurante, Mike Kerr et Ben Tatcher sont de toutes les scènes, de toutes les festivités. Créé en 2013 le groupe remporte d'emblé le Brit Award du meilleur groupe britanique deux ans plus tard. Le tout sans guitare sur scène. Chapeau. C'est parce qu'il combine à la fois la profondeur sonne de Drenge, la voix et les textes de loveur désabusé de Jack White et une fouge comparable à celle de Nirvana à son époque. Un hard rock presque stoner, garage qui retourne son public tout en restant propre sur lui.

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RoyalBlood - Photo © Rafael Lobejon

Plus encore que ce son de basse guitarisé et malmené jusqu'à la distortion, ce qui fait la signature de Royal Blood, c'est cette voix à la fois ferme et plaintive avec laquel Mike kerr semble s'adresser à la gente féminine, chimère, source intarrisable d'inspiration. Les Eurockéennes de Belfort en redemandent. Pour l'ocassion Mike, toujours en quête du son parfait a trouvé une technique infaillible pour pousser sa basse au maximum tout en concervant un réglage optimal : en changer à chaque titre. Et c'est ce qu'il fait tandis que Ben fracasse ses baguettes sur les fûts de sa batterie. Un titre, une basse. pas mieux.

 

Bachar Mar-Khalife
La Plage, 19:45


Par Yannick kRockus

Il est des moments doux, même au plus fort de la tempête. Après ces quelques jours passés à traquer le Rock qui pousse au travers du festival, le repos du festivalier est à La Plage. Bachar Mar-Khalife est le fils de son père. Oui, bien sûr, ce n’est pas le seul, c’est même plutôt commun en ce bas monde. Mais son père à lui, Marcel Khalife, est loin d’être un inconnu. C’est même un des musiciens les plus connus dans le monde arabe. Alors forcément, les influences de son fils, elles sont à chercher là-bas, dans son Liban natal, ou plus généralement dans la musique orientale. Mais pas seulement, le garçon vit avec son temps, et propose une électro posée, apaisante. Toute la médecine qui convient au public, et qui soigne, malgré la pluie qui tombe légèrement.

Le set reprend essentiellement des extraits de son dernier album, Ya Balad (Ô pays), sorti en 2015. A sa voix, s’ajoute celle d’une chanteuse, malheureusement pas assez mise en valeur par le sonorisateur. Même remarque pour le oud (luth oriental), trop discret pour bien retransmettre la sensibilité du set. Il n’empêche, Bachar Mar-Khalife a produit un concert réussi, plein de douceur. Un peu de finesse dans ce monde de brutes.

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Bacchar Mar-Khalife - Photo © Rafael Lobejon

 

Phoenix
Grande Scène, 21h15


Par Charliedub

Phoenix était de retour cette année sur La Grande Scène après l'avoir foulée en 2013. Cette fois-ci le groupe versaillais était venu défendre son dernier album, Ti Amo, sorti tout récemment. Habitué à des shows assez théâtraux (on se souvient en effet des billets projetés dans le public en 2013), Phoenix avait en effet prévu la grosse artillerie, mais des "histoires de vent et de poids" ainsi que nous le confiait le guitariste Branco dans une interview que vous retrouverez prochainement, ont quelque peu modifié la donne. Nous n'avons donc eu droit qu'à une partie du dispositif scénique que Phoenix devait mobiliser. Et c'était déjà pas mal ! Mais nous y reviendrons.

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Phoenix - Photo © KEMMONS

Pour faire simple, le concert de Phoenix s'est résumé à un concentré de titres de leur nouvel album (forcément), mais (et surtout) avec une large part accordée à leurs tubes. C'est donc armé d'un set calibré festival que le combo s'est présenté devant son public. Il commence direct par le track éponyme de Ti Amo, à l'ambiance disco, avant de continuer sur le rock et punchy "Entertainment" paru sur son précédent opus Bankrupt. D'autres titres de ce dernier résonneront également sur la presqu'île du Malsaucy, tels que "SOS In Bel-Air" ou encore "Trying To Be Cool" revisité en version disco et sur lequel la nouvelle scénographie mise en avant par le groupe prenait tout son sens : le sol avait en effet été complètement retravaillé et offrait des sortes de panneaux lumineux qui évoluaient en fonction des morceaux (on pouvait s'en rendre compte via une caméra qui filmait le groupe de haut et dont les images étaient retransmises sur l'écran géant) ; ainsi, sur "Trying To Be Cool", on se serait cru à la grande époque du Studio 54, ou encore dans quelques passages du clip du très funky "Hey Ladies" des Beastie Boys.

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Phoenix - Photo © Brice Robert

Concernant les tubes, on aura bien évidemment eu droit à "Lisztomania", à "If I Ever Feel Better" associé aux passages hard rock de "Funky Squaredance", à "1901" et "Lasso". On regrettera toutefois que, hormis "Role Model" ou "J-Boy", Phoenix n'ait pas assez insisté sur les morceaux de son dernier album, dont le très efficace "Tuttifrutti" et que la tracklist demeurât finalement trop facile. Peu importe, on aura encore passé un excellent moment en compagnie des Versaillais, ils auront su nous faire oublier le déluge qui s'abattait sur le festival. Et on se permet même de croire que le groupe a apprécié son nouveau passage aux Eurockéennes, puisque sur l'instrumentale de "Ti Amo", en fin de set, Thomas Mars, le chanteur, a fait du Thomas Mars, c'est-à-dire qu'il est allé slammer, et assez loin même, sur une foule qui est allé jusqu'à lui arracher sa chemise. Ah, ces groupies...

 

El Freaky
Loggia,22h45

Par Charliedub

El Freaky, c'est le genre de crew idoine afin de finir en beauté un festival si l'envie vous prend d'aller sauter et jumper dans tous les sens. Programmé dans le cadre de l'année de la Colombie en France (au même titre que La Chiva Gantiva le jeudi ou Systema Solar en ce dernier jour de festivités), El Freaky fait état de cette passionnante scène musicale qui règne au sein de ca pays d'Amérique du Sud et qui reste malheureusement très méconnue. Pour résumer grossièrement, El Freaky, composé de trois  machinistes, c'est comme si Major Lazer avait décidé d'installer ses quartiers à Bogota, tout du moins dans la première partie du show, puisque les Colombiens s'amusent à reprendre les codes esthétiques du crew de Diplo et à mêler habilement electro, trap, dancehall et plus encore. C'est bien parti, le public se met à danser frénétiquement et à en redemander encore et encore.

El Freaky fait alors évoluer son set vers des sons plus latinos (cumbia, reggaeton...) et on ne s'arrête plus de remuer ; on a même pu voir le staff de la buvette voisine se déhancher au rythme des instrus diffusées par les artistes. Puis, drapeau jamaïcain à l'appui, El Freaky se dirige par la suite vers un hommage au reggae en remixant deux célébrissimes tracks : d'une part, le "Bam Bam" de Sister Nancy revisité en mode trap/dubstep façon Major Lazer ; d'autre part, le "I Shot The Sheriff" de Bob Marley se voit offrir une version drum'n'bass diablement efficace. Bref, El Freaky a clos de manière intensive la riche programmation proposée sur La Loggia au cours de ces quatre jours d'Eurockéennes.

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El Freaky - Photo © Rafael Lobejon

 

Arcade Fire
Grande Scène, 0h00


Par Charliedub
 

A chaque fois que l'on voit Arcade Fire sur scène, on a beau essayer de compter le nombre de musiciens, et par extension du nombre d'instruments, qui font partie du groupe au plus fort leur prestation, on n'y arrive jamais. Combien sont-ils ? Dix, douze, quinze? Plus ? Peu importe, ce dont on est sûr c'est que la bande de Régine Chassagne et Win Butler se la joue "hippie" lorsqu'elle se produit sur scène avec des artistes innombrables qui peuvent autant jouer du violon que du tambour ou du clavier . Une belle harmonie visuelle, musicale et vocale.

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Arcade Fire - Photo © Christian Ballard

Le groupe canadien s'apprête à sortir son tout nouvel album et c'est en toute logique qu'il a commencé son set par le très disco/pop "Everything Now", l'un des premiers extraits de ce prochain opus tant attendu par les fans. C'est cette pop millimétrée et arrangée à souhait sur album et interprétée de façon épique et symphonique en live qu'on a toujours aimé chez Arcade Fire. Un concert du groupe c'est toujours un moment empreint de beauté et de magie, et c'est surtout un moment dancefloor, à la manière de Phoenix qui occupait précédemment La Grande Scène. Les deux collectifs présentent les mêmes caractéristiques de subtilité et de légèreté mariées à une incroyable puissance de feu quand il s'agit de se produire devant des dizaines de milliers de spectateurs. Et pour couronner le tout, Phoenix et Arcade Fire revisitent le disco avec brio en cette année 2017. C'est notamment le cas avec "Signs Of Life", l'un des autres singles du futur opus des Canadiens.

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Arcade Fire - Photo © Jeremy Cardot

On entendra également des titres plus anciens tels que "Here Comes The Night Time" ou "We Exist" issus de Reflektor, et bien évidemment le célébrissime "The Suburbs". Qui mieux donc qu'Arcade Fire pour conclure avec féérie cette vingt-huitième édition des Eurockéennes et offrir un final époustouflant à ce festival ? Ce fut déjà le cas en 2011 et cette année le combo de Régine Chassagne et Win Butler a une nouvelle fois confirmé qu'il était l'un des meilleurs groupes de live du moment. Epoustouflant !

 



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