On retrouve au programme de cette seconde journée 25 artistes et donc tout autant que la veille. La première édition française du Lollapalooza nous propose au menu de ce dimanche une version nettement plus rock que lors de la première journée avec notamment à l’affiche Seasick Steve, Rivals Sons, Editors, Liam Gallagher, La Femme, Lana Del Rey, Pixies, Alt-J et les Red Hot Chili Peppers qui closent le festival. On vous parlera également de la face moins rock de la programmation avec les prestations du DJ Nghtmre, de nos rappeurs qu’on ne présente plus IAM et d’un autre DJ dont on parle beaucoup en ce moment, le producteur français installé aux Etats-Unis DJ Snake.
On rentre à nouveau dans l’arène en début d’après-midi. La météo est encore clémente mais la pluie est malheureusement prévue en soirée. Les premiers concerts ont débuté à 12h45 sur toutes les scènes sauf du côté de la Main Stage 1 qui verra apparaitre le premier groupe de la journée à 13h30.
NGHTMRE
Scène Perry’s Stage 15:45
Par Charlie Dub
On est allé voir NGHTMRE en ce début d'après-midi sur la Perry's Stage pour la bonne et simple raison que le DJ est signé, en partie, sur Mad Decent, l'écurie de Diplo, fondateur du projet Major Lazer. Pour résumer brièvement, NGHTMRE n'a pas dérogé à la réputation du label cité plus haut, puisque c'est un déluge de trap music et de dubstep mêlé à de grosses basses qui nous a été envoyé durant tout le set de l'artiste. Si les DJs précédents ne nous ont guère convaincus, ce n'est pas le cas de NGHTMRE qui aura su nous faire bouger avec son mix efficace et dévastateur. Et si l'electro et la bass music sont les marques de fabrique indéniables du jeune DJ, on se délecte également du fait qu'il nous balance, de temps à autre, un wicked tune trap comme le "Mask Off" de Future qui passe très bien entre deux beats plus pêchus, histoire de relâcher la pression. Le seul bémol est sûrement d'avoir programmé NGHTMRE à une heure aussi avancée de la journée, puisqu'il aurait très bien pu être une porte d'entrée parfaitement appropriée à la prestation de DJ Snake plus tard dans la soirée. Qu'à cela ne tienne, cela nous a permis d'aller voir IAM et les Pixies entre les deux DJs qui nous auront le plus plu en ce deuxième jour de Lollapalooza.
RIVAL SONS
Main Stage 2 16:30
Par Jérôme Agier
Sur la Main Stage 2, on va retrouver une vieille connaissance Rival Sons. A leur arrivée sur scène, on a des flashs qui nous remontent car nous les avions vu ici même à l’hippodrome de Longchamp et donc dans la même configuration au Download festival en juin 2016. Le temps est également le même sauf que ce jour, il ne pleut pas encore. Jay Buchanan le chanteur qui est toujours classe en général aborde une drôle de coupe de cheveux car ils sont rasés sur les côtés. C’est un détail mais en réalité, ce n’est pas que cela qui a changé.
Autant il y a 13 mois on avait été séduit par leur prestation, autant là, on est passé un peu à côté et on en est ressorti un peu déçu. D’accord, ça joue bien, les morceaux sonnent pas mal mais plus que le fait qu’on assiste exactement au même concert, on a l’impression d’entendre du sous-Led Zeppelin. On aime toujours beaucoup leur rock à l’ancienne teinté de blues mais un peu de renouvellement dans leur musique serait peut-être nécessaire. En soixante minutes, ils nous auront offert un best of de leurs meilleurs titres et quelques morceaux de Hollow Bones, leur dernier disque sorti l’année dernière.
EDITORS
Main Stage 1 17:30
Par Jérôme Agier
Le groupe de rock britannique Editors enchaîne donc à 17h30 sur la Main Stage 1. Comme les américains, on les a également vus en festival,non pas au Download mais à Musilac à Aix les Bains il y a un an exactement. Comme Rival Sons, on avait beaucoup aimé leur prestation à l’époque sauf qu’avec the Editors, on va encore davantage apprécier cette fois-ci. En 2017, ils défendent toujours leur cinquième album In Dream sorti en octobre 2015 mais on aura droit à deux jolies surprises lors du show.
Sur scène, on a face à nous le charismatique Tom Smith (chant, guitare, piano), Russel Leetch à la basse, Edward Lay à la batterie et les deux derniers membres arrivés dans le groupe en 2012, Justin Lockey à la guitare et Elliot Williams aux claviers. Pendant soixante minutes, ils vont nous régaler de leur atmosphère sombre et théâtrale. On ressent toujours leur univers qui peut se rapprocher d’Interpol et de Joy Division. Les morceaux qui nous sont délivrés sont joués d’une manière intense, clinique et terriblement prenante. Tom Smith qui est remarquable sur scène par sa manière habitée d’interpréter ses chansons donne beaucoup de vie aux morceaux, au groupe et au concert dans son ensemble et tout cela sans jamais trop en faire.
La set-list qui nous est concoctée en ce jour est juste remarquable. On est pris par l’intensité et la qualité des chansons. On a même eu droit à deux nouveaux titres à paraître certainement sur le prochain album du groupe, "Cold" et "Magazine" qui nous ont séduits. Il fut un temps, the Editors s’était égaré avec une base plus électronique mais actuellement, ils reviennent à un format plus rock qui nous plaît tant chez eux. On a beaucoup aimé cette heure passée et on en aurait pris évidemment davantage. Douze titres interprétés, douze plaisirs absolus, Editors aura offert pour nos oreilles une des meilleures prestations du week-end.
IAM
Alternative Stage 17h30
Par Charlie Dub
IAM qui joue à Paris, c'est un peu comme "un crocodile qui rentre dans une maroquinerie" pour reprendre les mots de Coluche. Surtout que nous n'avons absolument pas compris pourquoi les Marseillais étaient programmés sur l'une des plus petites scènes du festival, alors qu'ils méritaient au moins l'une des Main Stage pour contenir tout le public qui s'amassait devant eux. Et si vous rajoutez à cela un son à la limite de l'audible et du supportable (on a justement pu observer DJ Kheops faire littéralement la gueule par moments), alors le tableau brossé n'est pas très idyllique. Foin de ces désagréments techniques et logistiques, nous nous sommes concentrés sur les bonnes vibrations apportées par IAM pendant toute l'heure qu'a duré leur set. Une heure, il faut pouvoir aller à l'essentiel, surtout quand on possède un répertoire long comme le bras. Et aller à l'essentiel pour IAM, c'est interpréter une bonne partie de L'Ecole Du Micro D'Argent, album mythique du rap français, qui fête d'ailleurs cette année ses 20 ans.
On entendra donc les célèbres "Petit Frère", "Nés Sous La Même Etoile", "L'Empire Du Côté Obscur", "Chez Le Mac", "Un Bon Son Brut Pour Les Truands". Mais IAM ne se résume pas à ce seul opus et les MCs interpréteront quelques titres de leur Rêvolution, sorti récemment, comme "Monnaie De Singe" ou "Orthodoxes" ou des morceaux plus anciens comme le "Samouraï" de Shurik'n ou le "Bad Boys de Marseille" d'Akhenaton et, bien sûr, l'inévitable et indémodable "Je Danse Le MIA". Et pour conclure un set plus que maîtrisé, Akhenaton et Shurik'n nous feront une véritable démonstration a capella lorsqu'ils se poseront tour à tour sur "Demain C'est Loin" et qu'ils mimeront le morceau. Ce concert était-il une répétition générale pour le groupe avant d'entamer la tournée anniversaire de L'Ecole Du Micro D'Argent ? Dans tous les cas, l'alchimie entre IAM et son public, bien qu'en territoire ennemi a parfaitement fonctionné. Les fans, surtout les plus âgés, connaissent les chansons de l'album par cœur, ce qui augure un succès assuré pour le groupe sur une tournée qui s'annonce déjà d'anthologie. Affaire à suivre.
PIXIES
Main Stage 1 19h30
Par Jérôme Agier
Après un album Indie Cindy plutôt raté en 2014 qui marquait alors leur retour au niveau discographique, Francis Black le leader/chanteur/guitariste et ses compagnons de route sont revenus vite aux affaires en 2016 avec un nouveau disque Head Carrier, leur 6ème depuis 1988, date de la sortie de leur premier album Surfer Rosa. Album qui verra la première participation studio de l'immense bassiste Paz Lenchanton (ex A Perfect Circle, Zwan), qui a intégré le groupe en 2013 et prouve qu'elle est désormais plus qu'une simple musicienne de session live.
Par ce fait et par la qualité et la rage de leur nouveau disque, le set proposé ce jour est excellent et c’est clairement un des meilleurs concerts de the Pixies que l’on ait vu. Francis Black avait envie, il avait de la colère et son chant éraillé et impeccable s’en est ressenti. Cela nous a fait plaisir à voir et on a été surpris d’aimer particulièrement le moment alors qu’on n’est pas forcément les plus grands fans du groupe.
Le batteur David Lovering que nous avions interrogé au printemps à La Grosse Radio par téléphone, vous pouvez aller découvrir notre interview si cela n’a pas encore été fait, assure terriblement bien sa partie. Joey Santiago le second guitariste, lui, a presque rajeuni du haut de ces 52 ans et il impeccable dans son jeu. Durant une heure de temps, on aura vu un groupe soudé qui avait envie de jouer et qui au final, nous a régalé. On entendra 19 titres au total qui seront joués sans aucun temps mort et qui intégreront de nouveaux morceaux qui prennent parfaitement place avec les grands classiques du groupe. Assurément, on a passé un bon moment.
RED HOT CHILI PEPPERS
Main Stage 1 21h45
Par Jérôme Agier
La tension est montée d’un cran et c’est devant un parterre noir de monde et une foule monstre que les Red Hot Chili Peppers vont débarquer sur l’immense scène de la Main Stage 1, très haute d’ailleurs, dans quelques instants. Au sujet de la météo, la pluie commence à tomber mais au final, on s’en sortira plutôt bien car on ne connaîtra jamais le gros déluge mais ce fut très limite. En attendant leur arrivée dans quelques secondes, l’ambiance est impressionnante face à nous et la foule immense est compressée.
On s’apprête à accueillir une des formations qui ont fait l’histoire du festival itinérant Lollapalooza, les Red Hot Chili Peppers. Les parapluies et les k-ways sont de sortie mais l’ambiance est surchauffée. Avec un léger retard, ils apparaissent tout feu tout flamme devant nous et ils entament le concert par le classique et excellent "Can’t Stop". La scène est très colorée et on peut voir un grand écran géant et quatre petits. Très régulièrement, nous pourrons observer les musiciens en pleine action sur ces petits écrans dans un style bande dessiné et flashy. C’est fun et ensoleillé, à l’image de leur musique.
Au moins 25 000 personnes se trouvent devant nous. La pluie continue également de plus belle mais les RHCP vont leur boulot et au loin, on va que ça envoie du lourd. En tout cas, de près ou de loin, on constate que les musiciens sont en forme.
Fléa est en pleine bourre, Josh Klinghoffer le petit dernier du groupe et guitariste est plein d’énergie et comme à son habitude Chad Smith nous prouve encore et toujours que c’est un des meilleurs batteurs au monde. Pour finir, Anthony Kiedis au chant sera plutôt bien ce soir et beaucoup mieux qu’à certaines de ces prestations qu’on a vues de lui par le passé. On a droit à un best of durant ces 1 heure 45 de musique et on pourra entendre également une reprise d’Iggy Pop "I Wanna Be Your Dogs", le très sensuel "Wicked Game" de Chris Isaak entre autres interprété au chant par Josh Klinghoffer qui a eu la rude tâche de remplacer le génial John Frusciante il y a quelques années. Au même moment et à l’opposé, c’est DJ Snake qui joue et qui va également clore la 1ère édition française du Lollapalooza.
DJ SNAKE
Perry’s Stage 22:00
Par Charlie Dub
Une quinzaine de jours seulement après son set de folie aux Eurockéennes, l'envie nous a quand même pris de reprendre une bonne grosse dose de DJ Snake. Nous n'allons pas nous attarder sur les tracks qu'il a jouées puisque c'était sensiblement les mêmes qu'à Belfort, mais nous nous bornerons plus à retranscrire l'ambiance qui régnait devant la Perry's Stage en cette fin de festival.
Lors des Eurockéennes, DJ Snake faisait part au public de sa joie de jouer en France alors qu'il est actuellement expatrié aux Etats-Unis. On a ressenti la même chose à Lollapalooza mais puissance 10 pour une bonne et simple raison, c'est que DJ Snake était dans son fief, à Paris. Certes, la capacité d'accueil du public sur la Perry's Stage était beaucoup moins conséquente que sur la grande scène des Eurockéennes, mais l'atmosphère était tout aussi furieuse et ce n'est pas la pluie qui commençait sérieusement à tomber qui allait perturber le public, surtout sur des titres comme "Lean On" ou "Turn Down For What".
Nous le disions, DJ Snake était à la son-mai, il en a donc profité pour initier des "Ici c'est..." que les spectateurs complèteront par des "Paris !!" déchaînés. Autre métaphore footballistique, DJ Snake étant en effet un grand supporter du PSG, il ne se gênera pas pour qualifier de "Marseillais" un membre du public qui mettait du temps à s'asseoir sur "Get Low" (DJ Snake a en effet pris pour habitude d'inciter la foule à se baisser avant de la faire se relever lorsqu'il balance le beat sur "Get Low"). Les IAM, qui jouèrent quelques heures plus tôt sur une scène voisine, ont dû apprécier... Peu importe, on sait également DJ Snake fan du groupe d'Akhenaton et d'Imhotep et si le foot peut diviser (amicalement, cela s'entend), la musique est bel et bien là pour adoucir les mœurs et réconcilier tout le monde. DJ Snake n'hésitera pas non plus, comme l'accoutumée à sauter partout et à motiver le public avec furie et passion, mais il tiendra également à faire monter sur scène ses potes dont son acolyte Mercer sur la tournée Pardon My French qui vise à promouvoir les artistes français aux quatre coins du globe. Et si c'est un déluge qui a accompagné les derniers titres de son set, comme "You Know You Like It" ou "Let Me Love You", on ne pouvait que repartir comblés de notre nouvelle rencontre avec le DJ.
BILAN
Cette première édition française s’est plutôt globalement bien passée. Il y eu quelques flottements dans l’organisation et des petites erreurs dans certains choix comme de placer IAM sur la troisième scène et de faire jouer en même temps les artistes qui balançaient leur son sur les deux petites scènes presque côte à côte. Dans les améliorations à espérer à l’avenir, on a constaté la difficulté des spectateurs à trouver une navette sans attendre un très long moment le dimanche soir quand la majorité sortait en même temps. La pluie n’a pas amélioré les choses en plus. Il y a eu 110 000 festivaliers sur ces deux jours et les organisateurs Live Nation France espérait 120 000 donc leur objectif a été quasiment atteint. Une moitié était des étrangers venus sur Paris pour les vacances ou un court séjour. L’objectif a été atteint de ce côté-là. On a été marqué également par les gros moyens mis en place au niveau sécurité. Ce qui a fait qu’on devait marcher longtemps avant de rentrer sur le site et parfois, il y a eu des confusions au niveau de nos accès dans l’enceinte. A l’extérieur, on a croisé beaucoup de militaires et de patrouilles policières munies de fusils d’assaut. Des fouilles, des contrôles pour les voitures, on se demande encore dans quel monde on vit mais l’organisation a vraiment assuré. Ce qui fait que les spectateurs ont pu vivre un très beau festival avec un esprit bon enfant et chaleureux. Avec ce joli succès, on peut vous dire que le Lollapalooza reviendra l’année prochaine pour une seconde édition.
Remerciements Live nation France et à toute l’équipe de la Mission
Crédit photos: Jérôme Agier