Lorsqu'il sortit son premier album (de compositions !) à l'âge de 14 ans, on imaginait difficilement que Jonny Lang réussirait à outrepasser ce statut d'enfant star qu'on nous refourguerait à toutes les sauces. Pourtant, 22 ans et six albums plus tard, le bougre n'a pas volé son statut de prodige. Son dernier album, Fight For My Soul, était une claque en tous points, et il est tout à fait logique de monter sa barre d'exigence à l'arrivée d'un nouvel album du chanteur/guitariste américain. Que l'on se rassure, Signs, surprendra, mais ne décevra pas.
Surprendra de par sa capacité une fois encore à sortir des sentiers déjà battus par l'artiste. On l'aura déjà constaté lorsque Jonny Lang a dévoilé "Make It Move", Signs se rapprochera peut-être plus du blues classique des débuts, mais mêlé à des influences nouvelles et enrichies. Par ses choeurs axés surtout sur les graves, faisant ressortir le groove d'une guitare discrète légèrement distordue, on pensera inexorablement au gospel, mais surtout à cette musique des bayou, celle des esclaves luttant pour leur survie. De là à dire que sortie 4 ans plus tôt, elle aurait été signée par Steve McQueen pour son film Twelve Years A Slave, il n'y a qu'un pas.
Si cette âme blues sera beaucoup plus présente sur Signs, d'où un côté retour au sources effectué, les appanages pop/soul, très présents sur Fight For My Soul, seront également de la partie. Voulant se concentrer sur le ressenti, les arrangements de l'album seront bien plus simples, droits vers l'essentiel. Ils ne seront pas inexistants pour autant, et la richesse musicale prendra rapidement le pas, moins visible, mais subtilement dissimulée dans ces petites retouches que l'on ressent après quelques écoutes.
Comme la musique prenant un aspect plus gospel, les thèmes seront eux aussi, comme ce que fait Jonny Lang depuis quelques albums, axé vers la foi et la chrétienté. Sans pour autant apparaître comme un album de "christian rock", il se concentrera sur des paroles de paix, distillant ce qui devrait être plus souvent dans la bouche de tous les croyants au lieu de prêches revanchards et souvent pathétiques. Jonny Lang nous semble surtout apaisé, et inspiré.
Ecouter un album de Jonny Lang, c'est surtout ressortir des émotions fortes par un artiste qui se met à nu, qui joue des cordes vocales comme si c'en était la dernière fois. À 36 ans, c'est ironique, mais mine de rien, il n'y a que trop peu de ses chanteurs qui parviennent à sortir chaque note avec intensité. Signs ne fait pas exception à la règle, fait exemplarité dans le royaume du blues, mais aussi de tous les styles proposés. Un album bien moins radiophonique, mais bien plus personnel.
Sortie le 25 août chez Concord / Mascot Label Group
