Renouer avec Queens Of The Stone Age, c'est se rappeler que notre adolescence avait bien plus à nous proposer que cette rancoeur nostalgique dans laquelle on chouine devant les fameux "au moins avant y'avait du vrai rock". Chaque génération a eu des p*u*t*a*i*n*s de groupes de Rock et a su le prouver en transcendant son propre âge, et QOTSA fait partie de ceux qui ont marqué les années 2000 avec brio, et envoient encore tout ce qu'ils ont dans les tripes. Villains, septième effort du groupe, sera-t-il de ces conceptions uniques qu'on écoutera encore et toujours en boucle ?
La patte de Josh Homme a ce petit quelque chose qui fait qu'on la reconnaît entre mille. Ces espèces de riffs percutants, simples et à la fois arrangés à merveille, tournés vers une puissance sèche et épurée où chaque instrument a réussi à répondre à l'autre et à envoyer une ligne qui tabasse en l'espace d'une dizaine de secondes, sont de la partie. "Feet Don't Fail Me" nous fera immédiatement penser à l'incroyable "Scumbag Blues" des Them Crooked Vultures, dans cet espèce de martelage intensif et jouissif au tympan que nous procure chaque approche de break ou autre. Mais penser que Queens Of The Stone Age se repose sur une recette ayant prouvé son efficacité six albums durant serait limiter le groupe à un simple attrait, là où il se trouve bien plus subtil que ça.
Car au-delà de neuf titres où chacun sera une claque assurée (à peine s'est-on remis de l'excellente "Domesticated Animals" que "Fortress" vient déjà nous titiller le conduit auditif), on est très éloigné d'un rock classique, brut, se limitant à son exécution lourde et sommaire - ce qui ne serait en rien un défaut -, et les arrangements vont chercher bien loin dans les changements de nuances et autres tempos discontinus qui font une marque loin d'être nouvelle mais qui peut toujours aller puiser de la créativité. Certains passages aériens et clairement issus d'un délire sous on-ne-sait-quoi nous feraient passer le Paranormal d'Alice Cooper, sorti il y a peu, pour un entré dans le moule sans ambition.
Pour autant, Villains n'en fait jamais trop. C'est aussi la force de Homme et de Dean Fertita (certains passages rappelant le Post Pop Depression d'Iggy Pop nous laissent aussi penser que le claviériste / guitariste est bien aux commandes des compositions), réussir à condenser dans de courts morceaux des passages envolés où on s'égare le temps d'un instant avant de retrouver le fil conducteur, qui montre que concrètement, ils peuvent nous amener où bon leur semble, on n'est jamais perdu, et on a clairement envie de les suivre dans le moindre de leurs soubresauts.
Que pourrait-on reprocher à ce nouvel album de Queens Of The Stone Age, là où on se permet de le décrire comme la pierre angulaire de toute une génération aboutie ? Peut-être un manque de prise de risque et d'originalité, car là où les titres proposent constamment des constructions nouvelles et des envolées dans tous les sens, ils sont construits d'une manière habile que Josh Homme a toujours utilisée. Tout ce qu'il compose suinte de cette recette qui lui est propre, et il serait au final bien hypocrite de reprocher à un musicien de garder ses gimmicks miracles, tant qu'il arrive à proposer de nouvelle mélodies avec. VIllains n'a donc rien de nouveau, s'inscrit dans la suite logique de ...Like Clockwork, et le fait sacrément bien.
Sorti le 25 août chez Matador