La Grosse Radio avait connu Bertier en 2015 à l'occasion de la sortie de l'album Bandit. Bertier est un collectif belge avec Pierre Dungen à la plume et au chant. Autour de lui, ce sont quatre compositeurs qui lui proposent des choses bien différentes. Cerise sur le gateau, à la guitare vous pourrez entendre le brillant Yan Péchin. Pierre vous explique tout cela en 10 Grosses Questions :
1 Comment fonctionne le groupe lors des sessions de compositions, qui donne les idées principales, qui fait office de médiateur ?
Dans le collectif (né en 2014 à Bruxelles), je suis le ‘raconteur d’histoires’. Bertier a la chance de compter plusieurs compositeurs dans ses rangs ! Certains créent sur mes mots, d’autres proposent des mélodies qui m’inspirent. Et puis, parfois, on construit ensemble - compositeur-auteur, ce qui est un exercice passionnant. On se connaît tous assez pour éviter les querelles d’égo.
2 L’album complet doit-être une grande fierté pour toi, mais dans quel morceau t’identifies-tu le plus et pourquoi ?
Je sais que c’est bateau, mais je revendique tout. Tout est raccord avec le moment, l’instant, le désir. Anna&Roby c’est authentique ! Après tu peux toujours aller plus loin parce que si tu crois que tu es arrivé, c’est que tu ne comptais pas aller bien loin. Mais, ici et maintenant, c’est ce que je voulais, ce que nous voulions.
3 Y a-t-il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?
Peut-être le texte "Anatolie". Il était tellement sauvage que je n’imaginais pas en faire une chanson. Et puis Amaury Boucher (également arrangeur de l’album) m’a envoyé une maquette vraiment différente (notamment en termes de rythmique). Et tout de suite j’ai imaginé ce texte libre dessus, qui parle de capodastre, de Jean Le Baptiste, d’Atatürk, de tête coupée… C’est le plus ‘rock’ de l’album.
4 Quelles sont vos principales influences lorsque vous composez vos morceaux ?
Tout ce que chacun écoute. Et ça court du rock bien entendu - avec Yan Péchin à la guitare, ça vient naturellement… - à Nina Simone ou Sarah Vaughan, en passant par Apparat et Moderat ou Gainsbourg, Benjamin Schoos, Murat, Bashung, Biolay… Des cadors du hip-hop (Veence Hanao) aux créateurs frapadingues de la nouvelle chanson ‘françoise' (Klö Pelgag ou Violett Pi, vive le Québec libre… ), aux classiques de la Motown… Toute la création aérienne, médiatisée ou pas (je pourrais te citer des gens moins connus mais qui valent le déplacement à commencer par Joy as a Toy, le groupe de Gil Mortio, un des membres du collectif). Au final, peut-être que nous passons plus de temps à écouter de la musique (et des textes) qu’à en jouer ou en écrire.
5 Est-ce que d’autres sujets hors musique vous inspirent dans vos chansons ?
La vie elle-même, tu sais le truc qui s’agite et nous bouscule avant la mort. Mais, pour ma part, je ne peux pas la raconter de façon ‘réaliste’, je préfère les touches impressionnistes, les images… Autrement, bien entendu, le cinéma, la musique des autres. La littérature (pour l’absence d’images et le non-connecté dans un monde d’images connectées). Et la photographie à l’évidence. La présence d’une photographe aux choeurs, Lara Herbinia, y est sans doute pour quelque chose !
6 Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Quelles influences ?
Bah, justement, nos albums sont, en un sens, des ‘albums concepts’. En vérité, les éléments servent de fils conducteurs à des histoires d’amour. En 2015 - année aquatique - la sirène Baby Lol rendait dingue raide le Dandy (dans Dandy). Aujourd’hui, en 2017 avec Anna&Roby, Roby, le ‘rosbif’ monte-en-l’air, so British, tente de séduire Anna, la petite parisienne, amoureuse de papillons et d’oiseaux.
7 Quelle a été ta première idole musicale ?
Je n’ai pas vraiment d’idole. Ou plus ? Je ne sais pas. Mais des admirations à la tonne. Parfois pour un parcours entier, parfois pour un seul album. Je recherche la sincérité et l’urgence, quel que soit le genre musical. Je cherche à m’éloigner de tout ce qui est la ‘pose’, la ‘frime’, le décorum. Sur scène, j’attends ‘l’expérience’ et fuis la ‘performance’.
8 Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?
En général, tout qui aura le désir de la rencontre et de l’échange. Je crois que c’est le préalable essentiel : l’envie réciproque. En particulier, je pense au projet (lointain) de prochain album dédié au ‘feu’. Je le rêve psyché mais mêlé à des univers ou électro ou hip-hop… C’est pour l’avenir (donc on verra ou pas… ). Mais l’idée serait d’activer des grattes chaudes au coeur d’ambiances cinématographiques et de sons transformés, et puis boostés par des programmations. Dans tous les cas, le feu sera un hommage brûlant à la déglingue. Parce que nous vivons dans un monde trop sérieux et conforme. Et moi je suis con forme et con cerné comme disait l’autre…
9 Quel est le premier album que tu as acheté avec ta propre thune ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?
L’origine du big bang auditif (du big band!) vient de loin ! Je ne me souviens d’ailleurs plus ? Pour le présent, il y aurait trop à dire et dans trop de genres différents que pour sélectionner un artiste ou un groupe.
10 Comment convaincre quelqu’un d’écouter ta musique de la manière la plus rapide possible, à l’image des 140 signes de Twitter ?
On ne cherche pas forcément à convaincre. On voudrait plutôt titiller la curiosité des ‘amateurs’ (j’adore ce mot, ceux qui aiment…). Mais pourquoi pas, essayons de « twitter », à deux ou trois signes près je ne suis pas un habitué du genre :
"Bertier est un univers accueillant pour toutes celles et tous ceux qui aiment écouter de la musique et des mots en liberté. Pour ceux qui prennent le temps de la découverte".
Pas sur que Publicis et Havas m’engageraient…Tant mieux, d’ailleurs.
Album disponible ce 22 septembre en physique et en streaming.
Distribué par Freaks Ville Music
Présentation de l’album ce 26 octobre sur la scène mythique du Théâtre 140 (Bruxelles)
