On avait suivi de près sa dernière offrande, Salting Earth, et on distille d'ailleurs tout autour de nous la bonne parole concernant Richie Kotzen. Ce multi-instrumentiste de génie, jouant de chaque genre avec une facilité déconcertante, se doit de recevoir les honneurs qu'il mérite, et l'occasion de le voir arborer une date dans la capitale est d'autant plus un plaisir. Mais pour l'heure, il s'agit d'aller savourer la mise en bouche avec The Konincks.
The Konincks
À peine les portes de la Maroquinerie franchies, les guitares retentissent, le sol tremble aux vibrations des basses puissantes, en harmonie avec nos corps qui se nourrissent d'excitation et d'envie d'aller se saouler de rock n roll jusqu'à plus soif. On reconnaît les couleurs musicales d'un Led Zeppelin des débuts (un titre nous fera particulièrement penser à "Since I've Been Loving You", nous chargeant d'émotions), et la divine Julia Herzog (chant) nous rappelle la fantasmatique Grace Slick. Vous l'aurez compris : The Konincks est un trip sous acides made in 60's, de ceux qui groovent et nous entraînent dans la spirale addictive.
Là où l'on accusait les groupes arborant ce son très singulier et reconnaissable car garant de son époque de n'être qu'une mode revival qui s'essoufflera vite, c'est après quelques années et un nombre de groupes embrassant cette mouvance plus tard que le constat est changé, et bien plus réaliste : comme tout art jouant de ses codes, la Musique vient d'effectuer son tour de boucle, et nous en revenons aux sources avant d'apporter la seconde évolution. Et de toute manière, quid d'une modernité à tout prix et au final bien fade quand il faut surtout que le son soit bon ? Ici il l'est, assurément, et la mise en bouche était plus qu'indiquée.
Richie Kotzen
Car en effet, rien de tel pour introduire un musicien qui mêle son Blues Rock à la richesse des arrangements soul et world, continuant l'assurance d'un voyage à travers les périodes. On est d'ailleurs bien plus ravi d'assister à prestation solo de Richie Kotzen que par le biais d'un de ses groupes, aussi fantastiques ces derniers soient-ils. Ici, c'est la garantie d'ambiances diverses et de musiciens au service de la variété dont il est question.
Et ces derniers ne sont d'ailleurs pas avares en musicalité. D'un niveau affolant, chaque morceau sera sujet, le temps d'une question réponse ou tout simplement suivant l'impulsion du moment, à des jams effrénés où le trio dévoile l'étendue de son talent sans limite. Ça joue sévère, avec un groove détonant, et Kotzen n'est clairement pas le seul maître à bord. Le bassiste impressionne par un son puissant et un doigté virtuose, et l'assise rythmique du batteur est à toute épreuve.
De Fever Dream à Salting Earth, le set puise un peu partout dans la carrière du Génie, et en propose un condensé du meilleur. On s'interrogeait, lors de la chronique de Salting Earth, si Richie Kotzen avait réussi à trouver une notoriété au delà de son statut d'éternel homme de l'ombre. Au vu de cette Maroquinerie remplie jusque dans ses derniers retranchements, on sait que le set puissant et ressenti du trio a fait son effet, que les néophytes vont se jeter sur les albums concernés, et que les amateurs peuvent se rassurer : malgré une certaine discrétion agrémentée de modestie lors de ses interventions, Richie Kotzen devient une bête de scène dès que ses doigts empoignent leur instrument pour le faire vibrer de toutes parts.
Crédit photo : Rodolphe Goupil