Neil Young – Hitchiker


Alors que sa carrière est un constant bond en avant et que l'artiste est toujours tourné vers le futur, c'est cette fois-ci un regard nostalgique que Neil Young nous offre avec Hitchiker, album qui aurait dû sortir en 1976 et qui nous est aujourd'hui offert. L'occasion d'y voir une oeuvre simple mais torturée, une facette du musiciens que l'on a découvert bien plus tard. 

Et c'est au final telle une providence soudaine que Hitchiker se pointe, aussi nouveau qu'ancien soit-il. Comme à son accoutumée, Neil Young ne joue pas de commerces : à peine a-t-il annoncé qu'il allait finalement retravailler ses enregistrements d'époque que l'album sort sous son plus simple apparat. Et dans une carrière aussi dense et aussi productive, difficile de douter de la sincérité d'un artiste qui durant toutes ces années s'est demandé s'il devait nous conter cette période plus assombrie de son travail.

Car, seul avec sa guitare et quelques arrangements discrets, les thèmes abordés par Hitchiker, s'ils auront été développés par Neil Young depuis - du moins certains d'entre eux -, n'étaient pas du goût de Zuma, album qui aurait logiquement précédé cette sortie avortée. Le crooner y parle d'addictions, des problèmes que ces dernières ont pu lui causer, et tout musicalement suggère une mise à nu. Sa voix, plus timide et hésitante, pourrait presque faire penser qu'il s'agit d'un album actuel, celui d'un musicien acculé par le poids des années, là où c'est juste celui d'un musicien qui ressent autant le besoin de se livrer que son incapacité à en parler tant l'émotion l'accapare. En cela, Hitchiker est un album fort.

Crazy Horse, Album, Folk, Promise of the real

Mais il y a aussi l'autre versant de cette colline abrupte, celui qui semble tout aussi réaliste : peut-être ses pistes n'ont elles pas été sorties car Neil Young ne les jugeait pas satisfaisantes, préférant alors se concentrer sur American stars n' bars? Et en soi, on trouve aussi dans cette explication un semblant de vérité. En témoignent des pistes aux mélodies moins mémorables, moins éprouvantes que ce à quoi nous étions alors habitués. Le côté guitare voix avec légers arrangements pouvant ramener vers Harvest, force est de constater que si l'on s'arrête à la musique, Hitchiker est bien en deçà, voire ne représente qu'un intérêt plus anecdotique (même si dans la Folk, ce qui compte sont avant tout les thèmes et paroles).

Neil Young livre malgré tout une pépite de collection. Qui n'intéressera que peu ceux qui y regardent en surface, et qui auront tout à fait de quoi se satisfaire avec les productions récentes, mais qui fascinera le fanatique aguerri, celui qui veut tout connaître de son idole. Un album qui reste indispensable si on parvient à la retranscrire dans son contexte, mais qui sera bien plus discret alors que l'artiste est encore à son apogée créative. On ne saura que vous conseiller de vous jeter sur Peace Trail, sur The Monsanto Years, de découvrir Neil Young pour pouvoir en comprendre Hitchiker.

Sortie le 8 septembre 2017 chez WEA Warner
 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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