La vingt-quatrième édition des Eurockéennes de Belfort s’est déroulée les 29, 30 juin et 1er juillet sur la presqu’ile de Malsaucy. Rock, hip-hop, rap, électro, l’affiche était très éclectique. L’occasion de tous se retrouver dans un festival qui continue d’attirer toujours plus par ses têtes d’affiche, son ambiance et sa convivialité.
The Kooks nous ont donné rendez-vous dans la soirée du vendredi. Il a fait beau et chaud toute la journée, l’atmosphère était plutôt pesante dans la foule. Les nombreux fans avaient pris leur rendez-vous. Dans la simplicité et la bonne humeur, le groupe nous a fait le plaisir de n’oublier aucun de ses tubes.
Plus tard, les déjantés Shaka Ponk ont pris possession de la grande scène pour retourner ces Eurockéennes. Mais les Français devraient un peu se calmer sur les concerts, ils donnent l'impression d'être devenus des robots enchainant le plus de titres possibles en une heure, sans communication avec les fans. L’apothéose de ce live fût l’arrivée surprise et très applaudie de Bertrand Cantat. Après avoir partagé la scène plus tôt dans l’après-midi avec Amadou et Mariam, l’ex Noir Désir est venu interpréter son duo ‘’Palabra Mi Amor’’ avec les Shaka.
Alors que la journée du samedi était complète, ‘’orages ce soir !’’ entendait-on de part et d’autre du camping. Pas étonnant. Les Django Django ont fait leur entrée sur scène sous une chaleur insupportable. Après une demi-heure un peu endormante, le groupe s’est réveillé et s’est mis à marquer et accélérer la cadence de façon efficace. Sourire aux lèvres, t-shirts extravagants, les quatre garçons dégageaient une aura de sympathie. Du son bien meilleur sur scène qu’en studio.
Après cela, Thee Oh Sees nous ont fait patager leur rock garage. Ils semblaient minuscules, recroquevillés au milieu de l’immense espace dont ils disposaient. Brigid Dawson au synthé était carrément cachée derrière un batteur paraissant ne pas savoir où il était. Les trois autres étaient pleins d’entrain, sans qu'on puisse s’empêcher de se dire que la version studio est meilleure. Sur une grande cène comme celle-ci, ils ont eu du mal à nous faire entrer dans leur univers un peu brouillon et répétitif.
L’heure est ensuite venue pour les Dropkick Murphys. Le public a laissé exploser sa joie, à l’image de l’ambiance sur scène. Le groupe était en pleine forme. En live, le côté celtique faisant tout son charme est moins mis en valeur que sur les albums, ce qui est dommage. Puis, comme annoncé dans la journée, l’orage aussi a débarqué pour faire son show, obligeant le groupe à stopper sa prestation dix minutes avant la fin.
La pluie qui s’est ensuite abattue à trois reprises a pris un malin plaisir à tremper les festivaliers jusqu’aux os. Quelques concerts ont dû être annulés mais par chance, celui des Cure s’est seulement vu repoussé d’une heure. Est-ce le manque d’ambiance dans le public qui a ramolli le groupe ou l’inverse ? Toujours est-il que The Cure ne se sont pas montrés à la hauteur. On a eu l’impression que les chansons version CD s’enchaînaient et que le groupe n’était là que pour faire beau. Aucun remerciement ou autre n’est sorti de la bouche de Robert Smith et les 2h30 de concert ont semblé interminables. Seul le rappel a été un peu plus vivant.
Justice passait par là juste après, de sorte que le public a pu vider son énergie pour finir la soirée en beauté. Le décor était impressionnant, les jeux de lumière grandioses et aveuglants. Le duo s’est vraiment investi pour offrir un spectacle de qualité.
Alabama Shakes était sur place le dimanche. Le style, le décor et les lumières, tout était élégant. Le groupe semblait fier d’être là malgré une foule éparse. La pluie, qui tombe inlassablement depuis le début de la journée, a fait fuir la population en masse. Pour dire, certains donnaient même leurs places à l’entrée ! Le site des Eurockéennes n’était plus qu’un vaste terrain de gadoue dans laquelle bon nombre de festivaliers n’hésitaient pas à se rouler.
Puis, vint l’heure d’aller retrouver Charlie Winston. Toujours aussi chic, notre hobo préféré a tenté tant bien que mal de remotiver la foule. Et il s’en est plutôt bien sorti. Souriant, toujours très proche de son public, c’est un artiste aussi bon sur scène qu’en studio.
Accompagné de cinq jolies musiciennes, Jack White a conquis sans effort un public qui lui était déjà totalement dévoué. « Il pleut, mais vous êtes là parce que vous aimez la musique ! ». On avait devant les yeux et dans les oreilles des images et des sons proches de la perfection. Jack nous a ouvert une brèche vers un monde parallèle fait de rock et de bleu. Pour le plus grand bonheur de tous, il a repris des morceaux des Dead Weather, Raconteurs et White Stripes. Comme quelques autres artistes, il a eu aussi droit à sa panne de courant pendant le show. Par chance, cela n’a duré qu’un court instant pendant lequel, en vrai pro, Jack et ses musiciennes ont joué un morceau en version débranchée.
Miles Kane a été un des derniers artistes, présent pour clôturer le festival. Il est la classe et l’élégance anglaise dans toute sa splendeur. Miles aime être adulé et a fait le show comme s’il était né sur scène, éclipsant totalement ses musiciens. Il possède un univers où la conception du temps n’est plus la même. Il a terminé sur un ‘’Come Closer’’ de folie qui a mis tout le monde d’accord.
Le temps aura laissé un goût amer. Le festival a commencé les pieds dans les petites piscines des campeurs les mieux équipés, il a fini les pieds dans la boue. Mais la bonne humeur est restée au rendez-vous. Cette année, le festival a atteint une affluence record de cent-milles spectateurs sur les trois jours. Un chiffre qui n’avait pas été enregistré depuis 2006. On attend maintenant l’année prochaine avec impatience. Car aux Eurockéennes, on y va "pour l'amour du rock".