On n’est jamais mieux servi que soi même. C'est ce qu'a du se dire Francis Viel des Wave Chargers lorsqu'il s'est acoquiné avec la Mécanique Ondulatoire pour organiser ces trois jours de folie garageuse, les 7,8 et 9 septembre derniers. Après Verte est la nuit en juin, il était trop impatient de retrouver à la rentrée, tous ses petits camarades garagistes perdus de vue pendant les grandes vacances. On s'était fait porter pâles le premier et le troisième jour. Mais le second, la promesse de deux groupes from Montreuil city, emmenés par de ravissantes frontwomen nous avait fait sortir du bois tels des loups de Tex Avery. DWEAMZ et Loolie and The Surfing Rogers donc. Si Francis avait convié les Shupa, on aurait fait dans la soirée à thème. Mais il a préféré donner dans la parité avec le trio de rock'ab barrés de Howlin'Jaws.
Photo © Chatbot
Les Shupa, du moins une partie d'entre eux, étaient pourtant bel et bien là. A l'instar de bon nombre d'autres garageux franciliens, ils n'auraient pas raté ce rendez-vous pour tous les Teppaz du monde et contribuaient à mettre l'ambiance dans le public. Francis et Samy son acolyte amateur de surf et de charges électriques, trustaient eux aussi les premiers rangs. Malheur à ceux et à celles qui se retrouvaient derrière ces deux grands gaillards atteints d’épilepsie rockn'roll, ils/elles n'ont pas du voir grand chose… Un chroniqueur averti en valant au moins deux sobres, on s'était débrouillé pour avoir une vue imparable sur les courbes voluptueuses de la chanteuse de DWEAMZ. Au final, ce sont ses yeux vipérins et sa voix soul qui ont retenu toute notre attention. Et la décontraction tranquille des musicos ! Guitariste et clavier partagent le même goût pour la moustache, les chemises flashy impeccablement boutonnées et une pratique quasi scientifique du groove. Plus en retrait - la faute à l’exiguë scène mécanique - batteur et bassiste ne font pas pour autant dans la figuration ! A voir et à entendre leur psychedelic Rn'b, post soul - qu'importent les étiquettes - on a peine à croire que ces montreuillois ont donné naissance à DWEAMZ il y a seulement quelques mois…
Photo © Chatbot
Robe moulante chouravée à un zèbre, talons aiguilles et gambettes fuselées comme une Jag’ type E, la belle Loolie avait déjà affolé bien des radars avant même de monter sur scène. Les Surfing Rogers rivalisaient eux de costards plus classes les uns que les autres et ne passaient pas moins inaperçus. Lorsque Loolie and The Surfing Rogers entame un "tell me why" dégoulinant de soul, plus aucun doute ; on est en présence de shwowmen et d’une meneuse des plus chevronnés. "Take a good look", qui prit la suite, a des accents de rocksteady. Un son qui rappelle à notre souvenir les meilleures heures d'un autre groupe montreuillois, les vétérans de Jim Murple Memorial. La présence d'un ex-Jim, le guitariste P'tit Louis, y est sans doute pour quelque chose… A mi-set, ils délaissent la langue de James B. pour nous offrir d’un bonbon psyché, "Suspendue". Et nous l’étions suspendus, tant aux lèvres de Loolie que du ténor fougueux de Mathias. Lequel en surprendra plus d’un en tirant une flûte piccolo de la poche de sa veste, qu’il aura bien du mal à faire entendre par ailleurs… La voix de tête de Loolie, nous tire de délicieux frissons avec la love song "November Strain" et peut s’érailler juste ce qu’il faut. La preuve avec un "Arabian night", brûlot tarantinesque fleurant bon le surf mâtiné de psychobilly. Habitués de la scène montreuilloise, Loolie and The Surfing Rogers ont récemment signé chez Bullit Records ; l’album ne saurait tarder et avec lui, sans nul doute, une release party que nous ne raterons pas !
Photo © Chatbot
Et les régionaux de l’étape alors ? Notre trio de parisiens les Howlin’ Jaws, allaient-ils transformer l’essai de Verte est la nuit… Nous descendons prudemment l’escalier étroit qui mène à la caverne de la Méca lorsque ces jeunes rock’ab punkisés à souhait, déboulent binouze à la main. Prudents, on les laisse passer et ils fendent les rangs tels des Moïse portés par l’esprit du King, le seul, le vrai, l’unique. Ils se jettent littéralement sur la scène et démarrent pied au plancher leur show. Djivan danse littéralement avec sa partenaire favorite et la malmène toujours autant, non sans prendre le temps de se passer un petit coup de peigne. La banane de Lucas ne reste pas très longtemps en place, tant ce petit agité de la gratte joue speed. Il saute partout avec sa jazzmaster ! Il faut dire que les frappes de Baptiste dans son dos, doivent bien lui filer l’tempo… Ça se déchaîne dans le public, la température monte de quelques degrés, nous faisant oublier la pluie qui martèle dehors. Prenant comme un conseil avisé leur "Going home", on prend congé des Howlin’ Jaws en souhaitant les retrouver le 10 octobre prochain au Petit bain avec Sharon and the Clams.
Un grand merci à Chatbot pour ses superbes portraits !
Suivez l'actu de DWEAMZ
Suivez l'actu de Loolie and the Surfing Rogers
Suivez l'actu de Howlin' Jaws
