Qui en a quelque chose à battre des albums de Ringo Starr à l'heure actuelle ? On ne va pas se mentir, mis à part un flot de fans bien réduits, ou les collectionneurs du Fab 4 qui prennent sans écouter pour compléter les trous, la majorité l'a lâché dès Beaucoups Of Blues, se rendant compte que ça n'irait pas plus loin que ça, et y préférant les tentatives plus audacieuses des potos John, George et Paul.
Malheureusement, malgré un McCartney dont les activités récentes font toujours un effet monstre, ceux friand de la vague Beatles n'ont plus que les survivants à se mettre sous la main, ce qui permet au père Ringo, lorsqu'il n'est pas en tournée avec son All-Starr Band où il fait plus office de figuration qu'autre chose, de sortir un album de temps à autre. Ou une réédition infinie de Sentimental Journey. Vu la variété des compositions, on est en droit de se poser la question, et ce n'est pas Give More Love qui fera changer la donne.
Pourtant, on arrive assez facilement à aller d'un bout à l'autre de l'album sans avoir envie d'étriper le premier hippie venu (constat contraire sur Postcards From Paradise, qui dès sa première piste faisait bouillir les envies de meurtre), notamment grâce à des arrangements dus aux musiciens qui accompagnent le batteur pleins d'entrain et au moins sympathiques à l'écoute. Il faut dire que la liste des copains qui sont venus fêter les soixante-dix-sept printemps de Ringo Starr ne sont pas non plus des tâcherons : Edgar Winter, Greg Bisonnette, Steve Lukather, Joe Walsh, Peter Frampton, Jeff Lynne et même Paul McCartney sur quelques titres, pour ne citer qu'eux. Du coup, quelques solos, quelques chœurs par ci par là et on arrive à la dernière piste sans sourciller. De là à dire que l'on aura retenu quoi que ce soit, où que la qualité était au rendez vous, calmons nos émois.
Car comme il était précisé auparavant, il n'y a strictement rien à sauver sur Give More Love tout comme il n'y a rien à défendre sur la quasi-integralité de la carrière solo de Ringo (et comprenons par là qu'il y a peut être au moins un titre qui, quelque part, passe, et on l'a sûrement oublié). Avec des effets insupportables sur sa voix et sa frappe qui n'a rien à proposer, Starr sort juste un énième album pour la forme, dont les seuls moments qui ressortent sont ceux chantés avec son comparse des Beatles, passages que l'on sent d'ailleurs, au vu du style, composés par ce dernier. On n'aime pas dire ça, il y a de la bande passante pour tout le monde et le nombre d'artistes vieillissants qui nous fait toujours rêver reste drastique, mais parfois, il faudrait songer à laisser le siège aux jeunes, surtout quand on s'en fout et qu'à part l'ego, personne n'est satisfait.
Bon, à vrai dire, on l'aime bien, Ringo, notre pépé baba cool, on est content de savoir qu'il est encore en vie et aime toujours faire de la musique. Sauf que c'est le seul constat qui reste vu que les morceaux qu'il vient de proposer, eux, on les a déjà oubliés.
Sorti le 15 septembre chez UMe