Pour cette 3ème et dernière journée, on va retrouver sur scène l’excellent Ty Segall et sa foison de riffs, le cool et décalé Mac DeMarco, le rappeur irlandais Rejjie Snow, les incontournables Cypress Hill et une des plus belles reformations de cette année 2017 Slowdive en guise de conclusion à cette édition de Rock en Seine particulièrement riche.
Ty Segall
Scène de la Cascade 16 :45 17 :45
Ty Segall tout de rouge vêtu et ses musiciens se placent en demi cercle devant nous. L’accueil est très enthousiaste de la part du public qui balaie tous les âges et qui est venu en masse faire la fête à un des plus intéressants chanteur/guitariste/compositeur/interprète et multi-instrumentiste de sa génération. Le jeune trentenaire qui sort des albums à un rythme très soutenu à la manière des musiciens des années 60/70 commence à devenir un habitué des lieux. Cette fois-ci, c’est sur les planches de la Cascade qu’on va avoir droit à une heure de cool attitude et bien imprégné de revival rock, de garage rock et de psychédélique. On démarre pied au plancher avec son dernier titre phare "Break a guitar" extrait de son excellent dernier album sorti en début d’année et qui se nomme tout simplement Ty Segall.
On décolle directement par ce titre prenant qui nous prend aux tripes. On plane, le soleil est présent, la poussière arrive car le public bouge déjà bien. Ils enchaînent encore sur le nouveau titre "Freedoom". Ty Segall est en forme, souriant et nous balance des riffs bien sentis dont il a le secret tout en chantant avec sa voix qui colle parfaitement à sa musique. Les musiciens se font plaisir et le public danse en levant les bras. Les premiers slams nous arrivent sur le coin du nez. L’esprit est bon enfant et sur scène, ça se lâche, ça dépote. Les musiciens n’hésitent pas à allonger les morceaux en forme de jam session. On entendra quatre titres du dernier album en tout et pour tout avec en plus "Warm Hands" et "The Only One" pour compléter la série.
Au cours de ce set, on ressent à un moment de flottement car notre californien hyper doué vient de se mettre le manche de sa guitare dans l’oeil. Il le ferme, il a mal. Il continue à jouer puis se met quelque peu en retrait. Les musiciens se regardent alors et le morceau continue jusqu’au bout. Ty Segall se met à rire et le combo repartira sur un autre titre. L’ambiance est vraiment détendue. Le groupe nous offre un rythme soutenu et planant grâce à des instruments qui bavent un gras bien savoureux. En une heure et dix morceaux, on alternera entre fougue, énergie et quelques périodes calmes qui nous feront passer un excellent moment en leur compagnie. Ils nous quittent aussi tranquilles qu’ils sont arrivés. On s’est juste dit une fois le concert terminé qu’on avait bien tripé et qu’on en aurait bien pris davantage. Avec une telle prestation sous une chaude ambiance, Ty Segall confirme largement tout le bien que l’on pense de lui.
Mac DeMarco
Grande Scène 17 : 45 18 :45
Mac DeMarco investit la Grande Scène avec ses musiciens d’une manière nonchalante et décontractée et donc bien à l’image de l’homme. D’apparence, l’immense scène paraît trop grande pour lui. L’exercice n’est pas simple mais il jouit actuellement d’un immense capital sympathie. Sans plus attendre, il lance le premier morceau qui sera le très réussi et décontracté "On the Level" extrait de son dernier album This Old Dog sorti il y a peu. Le ton est donné, on va passer une heure ensemble dans la paix et l’amour. Pour séduire ceux qui ne le connaissent pas encore, les musiciens enchaînent avec le titre phare "Salad Days" issu de l’album éponyme précédent.
On remarque que l’artiste est un personnage atypique, dans son monde. Ses chansons sont légères avec de jolies mélodies. Sur la planète folk-rock, à chaque nouvelle sortie d’un de ses albums, on observe que les fans s’agrandissent et l’aiment davantage encore. Malgré le monde présent devant lui, il va chercher constamment son public et il arrive à créer une belle intimité. Mac DeMarco fait monter des fans sur scène et danse avec eux, les embrasse. Il les fait chanter et une heureuse élue finira sur ses épaules.
On accompagne l’artiste sur les refrains, on balance les bras, on a le sourire car ce moment passé avec lui est très agréable. Il improvise parfois des envolées lyriques qui nous font rire. On aime particulièrement le jeu du claviériste qui apporte un côté psychédélique et rétro à la musique. On aura droit à douze chansons et Mac balaiera avec les morceaux joués l’ensemble de ses albums solo. Mac DeMarco aura rencontré un joli succès pour son premier Rock en Seine et ce qui est sûr, c’est qu’on s’aime encore plus après cette conviviale et très réussie prestation.
Rejjie Snow
Scène le Bosquet 18 : 45 19 :35
À l’opposé de la Grande Scène, sur celle que l’on nomme depuis cette année Le bosquet, on retrouve devant un parterre qui se remplit au fil des minutes le rappeur irlandais Rejjie Snow. Après avoir produit quelques Eps, il devrait sortir son premier album Dear Annie d’ici peu. On va attendre au moins dix longues minutes avant de le voir arriver tranquillement devant nous. En attendant, on aura eu droit à quelques sons de son compère, un DJ qui ne nous aura pas convaincu.
Le chanteur rappeur est cool voire trop cool et il nous propose sa musique qui vire plus du côté R’N’B que du rap. C’est sympa mais sans plus. Pour ne pas arranger le tout, il ne semble pas vraiment impliqué et concerné. Le jeune public semble néanmoins apprécier et l’ambiance est décontractée. Avec son bob couleur léopard, l’Irlandais a encore du boulot pour devenir un grand et il devrait peut-être soigner davantage l’intro de ses concerts tant elle fut sans saveur gâchant notre plaisir.
Cypress Hill
Grande Scène 19 : 45 21 : 15
On n’avait pas revu l’immense groupe de hip-hop latino-américain depuis sept ans et c’était ici même au Domaine de Saint-Cloud sur cette grande scène. On est donc très heureux de les retrouver après une si longue période. Leur musique a accompagné notre jeunesse de leurs nombreux hits qui ont marqué l’histoire du hip-hop. En attendant un nouvel album en devenir, ils débarquent devant nous d’un pas déterminé et bien motivé. Les festivaliers se sont déplacés en masse et deux voire trois générations de fans se mélangent. D’entrée, la connexion se fait entre le public et cette formation légendaire du hip-hop.
En tête de liste, on retrouve les incontournables Sen Dog et B-Real qui impressionnent toujours par leur aura. Leur côté puncheur qui nous met KO d’entrée. On est marqué par le son énorme et compact qui sort des grosses enceintes. Les classiques arrivent vite et on danse, on vibre, on sautille, on bouge le bras sur les fantastiques "Insane in the brain", "Hits from the bong", "Tequila Sunrise" pour ne citer qu’eux. La musique est dense, les frissons sont présents. Parfois, ils s’arrêtent de jouer et repartent de plus belle. Incontestablement, depuis tant d'années que le groupe arpente la scène, ses membres la connaissent et savent faire bouger leur public qui s’éclate vraiment.
Leur hip-hop bien rock est un régal et pour nous faire monter d’un cran, DJ Muggs en arrière-plan nous balance un "Smells like teen spirit" de Nirvana qui va permettre au public de se transformer en kangourou car cela saute de partout. Bien évidemment, B-Real aura allumé son gros pétard et le fumera devant nous dès troisième morceau. Les deux chanteurs se cherchent, se branchent et on se marre aussi avec eux. On terminera par le surpuissant "Rock Superstar". Ce titre nous mettra un genou à terre après avoir bien donné durant ces 75 minutes de show. Ils auraient dû jouer 15 minutes de plus mais qu’importe, on s’est au final bien éclaté et la fête fut très belle bien que sans surprise.
Slowdive
Le Bosquet 20:50 21:50
Le temps de quitter le précédent concert et de se faufiler entre les gens qui sont venus très nombreux assister à la prestation des revenants Slowdive, nous ratons le début du set. On ne met pas longtemps à être envouté par leur musique. On pense à The Cure, aux derniers travaux des immenses Talk Talk et on apprécie tout particulièrement les guitares distordues et saturées d’effets.
On passe du calme à la tempête. On est heureux de les voir sur scène après avoir sorti un quatrième album inespéré 22 ans après le précédent. Slowdive en 2017 est très excitant et on ne peut qu’être heureux de leur reformation. Les voix sont presque inaudibles car leur style ne donne pas dans les voix claires et on a l’impression d’être au beau milieu d’une forêt pendant un temps très orageux.
C’est électrisant et très prenant. Neil Halstead guitare/chant, Rachel Goswell guitare/chant, Christian Savill à la guitare et Nick Chaplin nous auront envoutés pendant que la nuit faisait son apparition. Le moment fut hélas trop court mais ils nous ont clairement ouvert l’appétit. On espère les revoir rapidement tellement leur retour au premier plan nous séduit et nous ravit.
Gros bilan Rock en Seine 2017
Sans grande star mais avec des valeurs sûres, cette quinzième édition a été une franche réussite. On a particulièrement apprécié ces trois jours et notamment le cadre toujours aussi beau et agréable et la programmation bien rock. Malgré le rachat fin mars du festival par l’homme d’affaire Matthieu Pigasse et son envie de faire rentrer le groupe américain AEG dans le capital, groupe leader mondial des salles de spectacles, pour le moment, rien a changé. L’esprit reste le même et on retrouve toujours cette belle convivialité, cet esprit d’ouverture, l’émergence de nouveaux talents et donc cette belle diversité. La région Ile-de-France, qui a encore soutenu financièrement Rock en Seine cette année, et son programmateur/fondateur François Missonnier seront très attentifs à l’avenir pour que les engagements pris par cette nouvelle direction soient tenus. Rayon artiste, on donnera une mention spéciale à At the Drive-In, The Kills, Frank Carter & the Rattlesnakes, Ty Segall, Lysistrata, Cypress Hill, Slowdive et la palme du plus grand moment de Rock en Seine 2017 sera offerte à PJ Harvey et ses neuf musiciens qui ont offert tout simplement le moment de grâce du festival.
Remerciements au festival Rock en Seine pour son accueil et son invitation
et tout particulièrement à l’agence Ephélide
crédit photos: Robert Gil
crédit photos Rejjie : Victor Picon