Ce qui est bien avec Sanseverino, c'est qu'on sait qu'on ne sera pas déçu. Ca fait plus de 20 ans qu'il traîne ses guitares dans ses chemins cabossés, mélanges de jazz, de manoucheries en tous genre, de blues, de rock, et de tout ce qui passe. Aspirateur de styles, expérimentaliste virtuose, Sanseverino nous propose un nouveau voyage. Montreuil / Memphis, son nouvel album, vient à peine d'éclore. La Grosse Radio s'est penchée sur son cas...
Sanseverino, tranquillement assis sur une barrière, devant une bouche de métro. Métro Robespierre. Montreuil. C'est donc là que tout commence.
Montreuil, ses manouches, le rock, les marlous, les beaux parleurs, les prolos. La gouaille.
Et Memphis, alors? Memphis, c'est le Blues. Memphis, Tenessee, c'est même la capitale mondiale du Blues, de BB King à Elvis.
Alors quand les 2 univers se mélangent, le résultat est évident. Comment on n'y avait pas pensé plus tôt? Comment cel se fait-ce t-il que l'on n'ai pas pensé à faire ce French Blues, cette mixture improbable et pourtant tellement limpide?
Sanseverino a déjà parcouru pas mal d'univers, depuis son Tango des Gens. Guitariste virtuose, humour au coin des lèvres, auto-dérision et vraies valeurs, il a balladé sa voix éraillée sur les terres manouches mâtinées de chanson réaliste. Plus de 20 ans à parcourir les univers musicaux, à voyager dans le temps, à revisiter cette musique du 20ème siècle, avec conviction et sans nostalgie.
Pour son nouvel album, Sanseverino s'offre un fabuleux trip. Le Blues, loin de ces 3 accords mal fagottés, s'offre dans toute sa richesse, sa variété. Tu écoutes Montreuil / Memphis, et tu découvres un univers fascinant. Une fanfare de la Nouvelle Orléans défile pour un enterrement décalé et festif, John Lee Hooker est reveu hanter de son jeu chaloupé "Astronaute", Billy Gibbons a prêté un riff chargé au bottleneck sur "Tête de Mort"... Sanseverino a ouvert un vieux coffre oublié au bord du Mississipi, et nous régale de ses trouvailles. Ca joue, ça swingue. Ca pulse. Rock'n'roll, vintage. Memphis, on te dit, c'est pas un hasard.
Sanseverino aurait pu faire comme tant d'autres. Partir aux States, s'entourer de requins de studio, et sortir un album solide, pur, sans accroc. Mais non, c'est à la maison, à Montreuil, qu'il se sent bien. Alors pourquoi faire 7 315 km et des poussières? Surtout quand on sait s'entourer, hein! Parce que, en plus de la guitare, il y a du jeu. Du groove, de l'authenticité, de la sueur. Une section rythmique qui a compris ce que voulait dire "faire balancer". Une production aux petits oignons. Un harmonica qui fleure bon le bayou. Montreuil / Memphis, ça s'enregistre à Montreuil. A la maison, avec les potes. Le résultat? Un album qui sent. C'est bien, un album bien joué. Mais c'est mieux quand ça sent. Quand tu as affaire à un groupe, compact à ne pas glisser un médiator au milieu. Et ça frémit, ça bouillonne. C'est Blues. C'est Rock. C'est tout ça en même temps.
Et puis, Sanseverino, c'est aussi une belle grande gueule. Le verbe fleuri, la voix éraillée, les textes acérés, il lâche des poignées de tendresse et d'humour tout au long de ces 15 titres. Même sur des thèmes pas vraiment drôle, il arrive à faire sourire. Ecoute-le prononcer le nom de Mesrine dans "Le Mitard", premier couplet. Puis le re-prononcer, sur les couplets suivants. Ecoute comment les QHS de sinistre mémoire arrivent à détruire un homme. Ecoute aussi les autres histoires, écoute "Montreuil / Memphis", ce road-movie complètement fou qui a donné son titre à l'album. Respire aussi ce polard de série B, "j'ai vu que ma bonne a disparu", et son indécrotable esprit d'insoumis. Ecoute l'album, tout simplement.
Montreuil / Memphis, 15 titres, 15 histoires. Ca sent le Borsalino et les films de Audiard, Ménilmuche, une douce nostalgie qui gratte sous les bras. Une virée dans le temps, sur fond de Rock'n'Blues sévèrement réussi. A écouter de toute urgence.
Sanseverino, Montreuil / Memphis, sorti le 22 septembre 2017 chez Sony.
Sanseverino sera en tournée dans toute la France, les dates sont ici.
Au Bataclan le 27 novembre 2017.