Robert Plant And The Sensational Shape Shifters – Carry Fire

Plus de trente ans après la dissolution de Led Zeppelin, Robert Plant est clairement celui qui a parcouru le plus de chemin. Sans décrier les albums et collaborations de John Paul Jones qui, bien que trop peu nombreux-ses, ont toujours été d'une grande qualité, le chanteur s'est surtout totalement éloigné du Blues Rock passionnel qui faisait la marque de fabrique du quartet anglais. Et d'ailleurs, on ne l'en remerciera jamais assez.

Car une fois abandonné le carcan rock dans lequel il est resté les premières années - et qui ne lui ont d'ailleurs pas offert ses meilleurs instants, on se souvient de "Hurting King (I Got My Eyes On You)" -, ce sont les envolées vers la World Music qui lui ont conféré sa nouvelle identité, et surtout une occasion de pouvoir renouveler son répertoire dans des domaines inconnus. Là où le Rock simple et ses codes l'auraient restreint, il est allé explorer, s'entourer de musiciens et d'instruments dont on ne l'aurait pas imaginé attiré, et a par cela offert des albums consistants et inspirés.

Deuxième collaboration avec les Sensational Shape Shifters, avec qui il signa l'excellent Lullabies And The Ceaserless Road en 2014, Carry Fire semble pourtant avoir déjà épuisé la nouvelle recette du chanteur. Comme un copié-collé de son prédécesseur, il en sera un pâle fantôme. Si l'on reste ravi de récupérer ces sonorités intimistes et aériennes dès "The May Queen", et que la voix de Robert Plant, accompagnée de chœurs discrets et environnants, est toujours aussi envoûtante dans cet espèce de flot semi-susurré qui se laisse porter au fil des mélodies, on sera plus de passage lors de notre écoute, appréciant ce qui est proposé mais sans en retenir sa réelle essence.

 "Bluebirds Over the Mountain" avec la participation de Chrissie Hynde (The Pretenders)

On retiendra des passages qui seront plus des réminiscences de nostalgie passées, comme ces accords de "New World" qui font penser légèrement à "The Rain Song" de Led Zeppelin. Ces quelques moments forts, qui prouvent que la signature de Robert Plant s'accompagné de ses années et aura toujours une saveur particulière, font que Carry Fire ne peut pas pour autant être considéré comme mauvais. Au contraire, s'il se retrouve contraint par la comparaison avec son aîné, il n'en reste pas moins un album de World Music plus qu'honorable, et un véritable indispensable pour quiconque souhaite connaître le moindre aspect du chanteur, qui dans son interprétation se livre, comme toujours.

 

Sensational Shape Shifters, Led Zeppelin, John Paul Jones

Faible représentant du second souffle de Robert Plant, arrivé dès Dreamland en 2002, Carry Fire ne renvoie pas le chanteur dans des limbes ridicules nous faisant dire qu'il est temps d'arrêter, bien au contraire. Ce constat-là, on l'avait fait dès Picture At Eleven en 1982, et il était resté intact jusqu'à Fate Of Nations en 1993. 24 ans plus tard, l'ami Robert nous prouve encore qu'on avait parlé trop vite, et si c'est un peu plus faible, peu importe, la légende, elle, reste intacte.

Sortie le 13 octobre chez Warner

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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