Un an après une mini-tournée européenne, déclenchée à l’initiative des frères Cavanagh pour présenter quelques morceaux de leur prochain opus, nous retrouvons Anathema à un tournant de leur série de concerts. Pour leur deuxième date en France (sur dix programmées), c’est la chaleureuse salle de l’Étage, en plein centre de Rennes, qui accueille le combo londonien. Le talent était présent, mais où était l’envie ?
Alcest
C’est en compagnie des Français d'Alcest que le groupe anglais vient présenter le nouveau baptisé The Optimist. Une chose est déjà certaine : à Rennes, l’heure, c’est l’heure ! Les portes laissent entrer un public finalement peu nombreux avant que le groupe de post-black / shoegazing entre en scène à 20H pétantes. Commence alors une immersion dans une atmosphère à la fois psychédélique et introspective.
Alcest joue sur les sentiments, révélant un potentiel rare et efficace dans ce domaine. Le regard et le visage détendu des auditeurs suffisent à comprendre que la pilule passe bien. On l’écoute, on le vit : ce nouvel album, Kodama, atteint une fracture en chacun de nous, à travers une mélancolie généreuse servie par l'excellent travail de Neige et Winterhalter, pseudos des deux protagonistes à l'origine de ce projet musical.
Le set est très bien éclairé, laissant paraître l’aube lors de "L’oiseau de proie", tandis que la nuit se fait dense avec "Délivrance". Il est aussi amusant d’entendre certains spectateurs se demander les uns aux autres : "Comment ils s’appellent déjà ? C’est pas mal en fait !". Alcest réussit à dompter la foule pendant l'heure qui leur est accordée, après un passage visiblement moins en osmose outre-manche (selon les dires du chanteur Neige). Un show très instrumentale pour mettre en appétit les fans de mélodies douces et légère. Cela tombe bien, il est 21H30 et Anathema entre en scène...
Setlist :
1. Kodama
2. Là où naissent les couleurs nouvelles
3. Oiseaux de proie
4. Eclosion
5. Autre temps
6. Percées de lumière
7. Délivrance
Anathema
Premier couac de la soirée : l’écran ne fonctionne pas lors de l’exécution de “Love on a real train”, servant d’introduction au set des Britanniques… Il faudra attendre la fin de cette musique et le début de “San Fransisco” pour que celui-ci daigne montrer un compte à rebours. Les musiciens entrent dans un ordre bien précis sur scène pour interpréter leur partie instrumental respective. C’est alors que la première surprise (et non moins déplaisante) se présente à nous.
Ce n’est pas “Leaving It Behind”, titre entraînant et rythmé faisant le prélude de The Optimist qui est mis à l’honneur pour la suite, mais “Untouchable (Part 1 & 2)”. Certes, ce morceau reste sublime, et cette composition est de loin la plus appréciée par les fans. Mais un peu de changement, pour un autre morceau d’aussi bonne facture comme “Leaving It Behind” aurait pu étonner la foule.
L’utilisation d’un écran géant en arrière-plan est un (grand) pas de plus pour Anathema. Après avoir travaillé pendant vingt ans avec des backdrops, c’est maintenant des animations plus ou moins colorés qui viennent agrémenter chaque titre : l’artwork animé de A Weather System lors de “Biginning And The End”, un soleil brûlant lors de “Dreaming Light”… C’est un avantage de taille, mais mal exploité, et on ne distingue finalement pas grand chose puisque les instruments ou les musiciens eux-mêmes occupent un certain espace trop encombrant. À moins que ce ne soit la scène qui soit sous-dimensionnée pour ce type de show.
Parlons-en d’ailleurs : la salle de l’Étage à Rennes se situe, comme son nom l’indique, à l’étage de la fameuse enceinte Le Liberté (plus de 5000 places en configuration concert). L’Étage peut accueillir jusqu’à 950 spectateurs. Ce soir, ce n’est visiblement pas le cas, la jauge dépassant à peine les deux tiers avec à peu près 600 billets vendus. La salle se présente comme un grand couloir, tous debouts, avec des marches au fond de la pièce pour permettre aux retardataires ou aux gens moins grands de profiter du spectacle dans de bonnes conditions. Il y a aussi un écran géant qui retransmet le concert, système devenu maintenant habituel dans nombre de bâtiments accueillant des concerts. Mais fermons cette parenthèse et revenons au show.
Celui-ci est en dents de scie : tantôt, la bande nous sert des titres livrés avec magie (“Lightning Song”, “Closer”) alors que certaines combinaisons ne fonctionnent pas (“Lost Control / Destiny”). Nous sommes même surpris de voir des spectateurs quitter le concert avant la fin. Le changement de batteur en milieu de concert permet cependant d'alterner entre des compos plus difficile d'exécution, où Daniel Cardoso et sa frappe brute offrent un rendu plus percutant, et la dextérité de John Douglas qui apporte quant à elle plus de légèreté et de fluidité aux morceaux.
Daniel Cavanagh est quant à lui très effacé. Malgré de nombreuses tentatives pour lancer les premiers rangs dans une rythmique avec les mains, on ressent cet investissement de trop, ce paraître qui ne trompe personne. Son frère Vincent, quant à lui, garde toujours les rennes de la bande au pied de son micro, avec un français qui s'estompe au fil des années. Mais cela reste anecdotique. Jamie Cavanagh et Lee Douglas font leur travail, cette dernière offrant une performance vocale de grande valeur, ses capacités augmentant toujours avec le temps et les albums.
Les musiciens d’Anathema sont talentueux, c’est indéniable. Mais ce qui paraît incompréhensible, c’est que The Optimist, nommé meilleur album de rock progressif de cette année, soit si mal et si peu représenté lors de ce live. Les yeux du groupe étaient certainement rivés sur Paris, et un concert au Bataclan qui aura fait basculer la balance… Espérons-le.
Setlist :
Intro : Love on a real train + San Francisco
1. Untouchable, Part 1
2. Untouchable, Part 2
3. Can't Let Go
4. Endless Ways
5. The Optimist
6. The Lost Song, Part 1
7. Lightning Song
8. Dreaming Light
9. Wildfires
10. The Beginning and the End
11. Universal
12. Closer
Rappel :
13. Firelight (Video)
14. Distant Satellites
15. Springfield
16. Back to the Start
17. Lost Control / Destiny
18. Fragile Dreams
Merci aux organisateurs de la salle de l'Etage (Rennes).
Merci à Tangui de Garmonbozia.
Merci à Valérie de JTMConsulting.
Photos by ©JeremBzh. Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.