Marillion au Zenith de Paris (07.10.2017)

La venue de Marillion au Zenith de Paris, un an après un concert magnifique à l'Elysée Montmartre avait de quoi rendre schizophrènes les fans de la formation anglaise, partagés entre l'excitation de voir enfin le quintet fouler de nouveau les planches d'une salle à la capacité digne de son talent, et l'inquiétude de voir échapper "son" groupe habitué des petites salles ces dernières années. L'inquiétude était d'autant plus grande concernant le show proposé : comment renouveler ce dernier en revenant si vite dans la capitale hexagonale ? C'est pourtant un grand concert que les Anglais ont délivré, l'un de ceux dont on se rappellera dans plusieurs années et qui fera office de référence auprès des fans.

Pour sa première date au Zenith depuis près de 22 ans, les Anglais ne font pas les choses à moitié. Pas de première partie ce soir, le quintet a prévu d'interpréter l'intégralité de F.E.A.R., son dernier opus, en live. C'est dire si les musiciens sont fiers de leur dernier bébé, qui est d'ailleurs une pépite (dorée) de plus dans leur abondante discographie. Et c'est sur scène que cet album prend toute sa dimension.

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Débutant le concert par la longue pièce épique "El Dorado", Marillion en met déjà plein la vue avec des lumières magnifiques, complétées par les projections vidéos déjà présentées l'an passé, mais qui renforcent la puissance visuelle des titres. D'autre part, les conditions sonores sont optimales et le mix est totalement équilibré entre les différents instruments. Les soli de Steve Rothery sont toujours aussi aériens, la batterie de Ian Mosley sait se faire discrète pour mieux nous abasourdir ensuite, tandis que Mark Kelly (claviers) et Pete Trewavas sont égaux à eux-mêmes. Mais c'est bien évidemment vers le leader de la formation, Steve Hogarth, que tous les regards sont tournés. Le chanteur vit toujours ses textes et les interprète avec intensité, sans jamais faiblir vocalement.

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Avec "Living in F.E.A.R", le public s'investit de plus en plus dans le show et donne de la voix sur le refrain. Mais c'est lorsque l'audience reprend a cappella "One Tonight", le thème final de "The Leavers" après l'interprétation du morceau que l'on prend réellement conscience de l'accueil phénoménal que le Zenith réserve aux cinq quinquagénaires. Cela semble émouvoir particulièrement Steve Hogarth, et ce dernier rend la pareille au public avec une interprétation toute en finesse de "White Papers", magnifiée par les animations projetées. Mais le temps fort de ce premier set, c'est bien évidemment "The New Kings", qui s'impose comme un nouveau classique de Marillion (au même titre que "The Invisible Man", "Neverland" ou "Ocean Cloud") et sur lequel Steve Rothery délivre un solo flamboyant et gilmourien.

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Alors que les musiciens s'éclipsent quelques instants à l'issue de ce premier set interprété avec passion et émotion, le public n'a pas vu le temps passer. Et ce malgré une première partie de près de 75 minutes, ce qui prouve à quel point ce nouvel opus est de qualité. L'interprétation de F.E.A.R. n'était que l'apéritif avant un plat de résistance qui s'annonce plus que savoureux. En effet, le quintet revient sur scène accompagné par un ensemble de musiciens classiques (un quatuor à cordes, une flûtiste et un corniste), pour sublimer les compositions de Marillion.

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C'est l'émouvant "The Space" qui ouvre ce second set et constitue sans doute le temps fort de la soirée. Hogarth y paraît habité, l'orchestre donne une nouvelle dimension au titre et enrichit sans dénaturer l'une des compositions les plus envoûtantes et lyriques du quintet. La suite ne fera que confirmer cette impression, puisque ce sont "Afraid of Sunlight" et "The Great Escape", deux classiques du combo, qui vont être offerts au public parisien. Ce dernier chante d'ailleurs avec Hogarth et applaudit à tout rompre les musiciens, conscient que chacun vit un très grand moment. Toutefois, il faut reconnaître que l'intensité du concert faiblit un peu avec les sympathiques "Easter", "Man of a Thousand Faces" et "Go!", qui n'atteignent pas l'émotion et la puissance des titres précédents. On note tout de même que le public reste très participatif, notamment sur "Easter" où il tape dans les mains et chante les paroles du refrain avec H.

Mais c'est le très long rappel qui va enfoncer le clou et mettre à genoux les spectateurs, bien que le sextet classique soit absent de cette dernière partie. Un écran noir diffuse le visage du chanteur, et les fans les plus fervents reconnaissent immédiatement l'introduction de "The Invisible Man". Pete Trewavas apparaît tout sourire pendant ce morceau, où les lumières et l'écran font une fois de plus leur effet. L'épique "Waiting to Happen" donne l'occasion de faire un passage vers la facette plus symphonique de Marillion (on se prend juste à regretter que l'orchestre n'ait pas été présent sur ce morceau, qui aurait parfaitement convenu à l'exercice), avant de conclure ce rappel avec "Neverland" et son final en guise de montagnes russes émotionnelles.

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Alors que l'audience tente de se remettre de ce grand concert en réservant un accueil plus que chaleureux aux Anglais, les musiciens s'éclipsent, suivis en coulisse par le caméraman qui continue de diffuser ses images sur l'écran géant. C'est alors que l'on voit le quintet revenir sur scène, une fois de plus accompagné par l'orchestre, pour réinterpréter la fin de "The Leavers" ("One Tonight"). L'occasion pour Marillion de montrer tout son attachement à son public, en le gratifiant d'une pluie de confettis finale qui ne peut décidément pas laisser de marbre.

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Après plus de trente ans de carrière, Marillion a su nous surprendre tout en se faisant plaisir et a délivré une prestation hors-norme, basée sur l'émotion et une interprétation sans faille de titres  intemporels. Comme le bon vin, Marillion ne fait que révéler de nouvelles saveurs à chacun de ses passages en France et a clairement entraîné son public dans un onirisme dont il est difficile de revenir.

Setlist Marillion : 

Set F.E.A.R : 

El Dorado
Living in F.E.A.R
The Leavers
White Papers
The New Kings

Set avec orchestre : 

The Space
Afraid of Sunlight
The Great Escape
Easter
Man of a Thousand Faces
Go !

Rappel : 

The Invisible Man
Waiting to Happen
Neverland

Rappel 2 : 

The Leavers "One Tonight"

Photographies : © Rodolphe Goupil 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.



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