La première soirée du MaMa comportait de bons gros morceaux de rock n’roll, mais le lendemain, il a fallu un peu plus ramer pour vous ramener du report avec de la viande autour. A l’exception de Millionaire, le gratteux belge ex-Deus et Eagles of Death Metal ou la volcanique blueswoman Sarah McCoy, c’était plutôt électro et pop à tous les étages, voire un savant cocktail des deux... Et cette précaution oratoire a moins pour but de vous avertir de l'emploi de termes tels que "clavier", "sample" et autres "bootleg", que de vous préparer à la lecture de digressions un brin éthyliques… Invités à la Rock in loft party, on a du mal à ne pas piller le bar comme à notre habitude ! Soyez donc indulgents et ouverts d'esprit ; ça vous sera utile !
Un reportage en trois parties par Mathilde Normand, Julien Oliba et Denis Madelaine
Photos de Alice De Bonnechose, Laurent Besson et Dan Pier
Rock in loft party
Les Rock in loft Party sont des "rencontres professionnelles en OFF des Festivals des musiques actuelles". C’est vous dire si on était pas peu fiers d’être à nouveau parmi les invités. En 2015, nous avions notamment pu découvrir et interviewer le groupe Kursed (dont on vous causera prochainement puisqu’ils sont désormais le backing band de Dimoné). Grâce soit rendue donc au Petit chat noir, organisateur de cette neuvième édition. Un label pointu et intéressant, qui n’a qu’un seul défaut, ne pas oeuvrer dans le “rock only”. Bien évidemment, c’est bien plutôt d’une qualité dont il s’agit… Mais on ne pourra donc vous délivrer un report exhaustif de cet après-midi passé avec la bande de Virginie Nourry, la grande prêtresse à laquelle nous devons une fois encore, cette programmation de haute tenue. Si Dani Terreur ne nous terrorise pas plus que ça, Fanel et sa pop anglo-saxonne aux accents japonisants nous a transportés, grâce notamment à la voix éthérée de Bérangère Sentex et sa maîtrise de son bien curieux instrument traditionnel…
Fanel par © Dan Pier
Parmi les autres formations présentes, Nazca nous a tout particulièrement impressionné. Un quator paritaire qui distille une folk pop aux accents tribals. Deux chanteuses dont les timbres s'allient effectivement avec bohneur. Pour clore le set, Juliette et Zoé délaissent ukulélé pour la première et clavier pour la seconde. Elles fendent les rangs, se positionnent l'une en face de l'autre et entonnent a cappella un chant espagnol. Gageons que nous n'étions pas les seuls à vibrer… On aurait vraiment aimé pouvoir en dire autant de No money kids, que notre vénéré rédac-en-chef kiffe tout particulièrement. L'écoute de leurs titres nous avait bien tapé dans l'oeil, mais on les a encore raté ! Après Rock en Seine, ça devient une manie. Nous n’avons un autre regret à formuler ; avoir en partie manquer l’allocution d'ouverture de GIédré, la marraine de l'évènement. On s'était entraîné toute la matinée à faire nos anus avec nos doigts…
Par Denis Madelaine
Alb – La Cigale - 20h00
De l’électro pop dans ton webzine favori ? C’est pas not’faute ! Nous avons été attirés comme de pauv’ petits papillons par la débauche de lumière qui débordait de la Cigale pour le concert d’ALB ! Et il convient également de préciser que l’un d’entre nous avait crié "Prem’s !" lorsqu’il a s’agit de couvrir le set de Millionaire… Imaginez, un fond de scène, véritable mur de pixels lumineux, un clavier et une batterie phosphorescents et des pulsations qui "parlent-à-ton-corps". Notre photographe est subjuguée et kiffe sévère les effigies de Mario qui clignotent derrière Clément Daquin et son complice aux drums, Raphaël Jeanne.
© Alice de Bonnechose
On succombe nous aussi au spectacle. Perfide Alb… Clément Daquin sort même sa gratte pour nous prendre dans les filets de sa pop, très très électro, il est vrai. On ne vous vantera pas ses mérites, pas plus ceux de The Geek x Vrv, une autre formation électrifiée, mais bien pourvue en cuivres rutilants. A nouveau fascinée par la débauche de sons multicolores, notre photographe nous supplie de rester quelques morceaux, mais Sarah McCoy a déjà commencé son set à la chapelle du lycée J. Decour. On l’attrape par le colback et on file, on est déjà à la bourre !
Par Denis Madelaine
Millionaire - La Boule Noire - 21h00
C’était sur toutes les bouches ce jeudi à l’Apero du Trianon, le groupe fondé par Tim Vanhamel (Eagles Of Death Metal, dEUS ) signait son come back douze ans après son dernier album. Avec "Sciencing" leur 3eme album, sorti au Printemps, les belges ont prouvé qu’ils n’avaient rien perdu de leur créativité. Un rock hypnotique et envoutant où les guitares fuzzy mènent la danse tandis que le chaman vous guide de sa voix ensorcelante à travers cette folie. Sur scène, il faudra d’ailleurs attendre le groovy "I'm Not Who You Think You Are", morceau d’ouverture de l’album, pour voir se mettre en branle les trois guitaristes.
© 2017 Laurent Besson, Tous droits réservés - Reproduction interdite sans l’autorisation de l'auteur
Millionnaire alterne les anciens et les nouveaux morceaux servant au public de La Boule Noire leur célèbre "Champagne" toujours aussi pétillant malgré les années. Le leader charismatique fait son show et semble avoir lui avoir quelque peu abusé du breuvage au moment de descendre dans le public. Et même si ce soir, nous n’avons pas dégusté une grande bouteille de Ruinart, une fois les démons exorcisés, la 2eme partie du set fut plus que savoureuse. Point d’orgue : l’hypnotique "Little Boy Blue" qui a emporté tout le monde dans son tourbillon musical.
Par Julien Oliba
Sarah McCoy - Lycée J. Decour (chapelle) - 21h35
Avoir traîné devant The Geek x Vrv, nous a mis en retard pour le set de Sarah MCoy... Nous ne sommes pas les seuls à faire antichambre, on devise donc entre gens de bonne compagnie pour passer le temps. On se vante d’avoir vu Sarah McCoy en première partie des Liminanas au Trianon. On la vend comme une authentique honky tonk woman de New Orleans, ramenée dans leurs bagages par les garageux de Cabestany lors d’une tournée aux States. Manifestement, il n’y a pas que nous sur lesquels elle avait fait grande impression, puisqu’elle se retrouve au MaMa… Et il faut tirer un grand chapeau aux programmateurs d’avoir retenu pour elle un tel lieu.
© Alice de Bonnechose
Parce qu’on parvient par y accéder dans cette sacro-sainte chapelle ! Plongée dans le noir, éclairée aux petits oignons, Il y règne un recueillement, une écoute digne d’un office religieux… À la faveur des sorties en catamini, on arrive à se glisser discrètement sur un des sièges. Le lieu, tout comme sa scène minuscule trustée par un vénérable piano, est un véritable écrin pour le show de Sarah McCoy. Sa complice Alyssa Potter n’est plus là pour l’accompagner au glockenspiel ; le regard se focalise d’autant plus sur elle. Elle affectionne tout particulièrement les costumes, les travestissements plus outranciers les uns que les autres et a choisi ce soir un costume digne d’Halloween. Coiffe étrange qui lui donne des airs de statue de la liberté gothique, lentilles opaques et larmes de sang, canines pointues de vampire… Sur toute autre qu’elle, le ridicule l’aurait emporté mais Sarah McCoy se vêt à la hauteur de sa démesure musicale. Dire d’elle qu’elle a une voix qui vous remue, est un euphémisme de la plus belle eau. Reprenons sans vergogne la présentation du MaMa tant il sonne juste ; "il y a du Bessie Smith en elle, et une pincée d’Amy Winehouse. Un soupçon de Janis Joplin et un zeste de Tom Waits. Quelque chose de Fiona Apple, aussi. Et son univers n’aurait pas déplu à Kurt Weill." Elle est tout cela et plus encore ; sa truculence la rend définitivement unique. Son set terminé, verre de rouge à la main, elle se lève pour nous saluer. Unique, on vous dit !
Par Denis Madelaine
Meute - La Machine du Moulin Rouge - 23h15
On nous a présenté Meute comme une fanfare électro, rien de bien excitant à l’évocation... mais curieux tout de même de découvrir ce gang allemand qui fait le buzz. Tout de rouge vêtu, ils investissent la scène de La Machine rouge et déboule avec ce concept : reprendre en fanfare, des hits techno. Ne connaissant pas la plupart des morceaux originaux, leur revisite cuivrée de Laurent Garnier, Âme, N’To n'a rien de vraiment original. Le public se laisse lui entraîner avec plaisir. Leur énergie communicative et leur maîtrise des instruments l’emporteront au final. Une invitation à la danse !
Par Julien Oliba
Un grand merci à Elodie et Victoria du bureau de presse Cécile Legros. Ainsi qu'à Laurent Besson aka Caribou Photos pour ses clichés de Millionaire et Dan Pier pour celle de Fanel.