Dans l’industrie du rock garage, on ne présente plus le label anglais Dirty Water responsable entre autres des albums de King Salami, des Oh ! Gunquit, Archie & The Bunkers, des Cavemen… et dernièrement des Darts. Aujourd’hui, les Anglais traversent l’Atlantique et fondent Dirty Water USA avec comme taulière Nicole Laurenne, leader des Darts (et aussi des Love Me Nots)…
A peine créé, le label US nous envoie à travers le museau le premier effort long format des Mean Motor Scooter… Voyons tout cela de plus près.
On voit vite où les Mean Motor Scooter puisent leurs influences. Bien que tous jeunes, les protagonistes ne sont pas nés de la dernière pluie. Sammy Kidd au chant et à la guitare et le batteur Jeffrey Friedman officiaient tout deux chez les Endless Sky. Joe Tacke, le bassiste, sévissait chez les Spookeasy. Depuis peu, ils se sont adjoints les services de Rebekah Elizabeth (ex - I Happy Am) à l’orgue (Farfisa bien sûr). Un combo garage aux valeurs du genre bien respectées. Une bonne grosse fuzz sur les guitares et des giclées d’orgues. Ça ne vous rappelle pas les notions de bases de la patronne du label ça ?
Des cris, des hurlements sortis tout droit de la jungle et aussi une pincée de surf. Voilà qui complète les attributions de ces Mean Motor Scooter. On est dans les clous. Onomatopées accrocheuses… En trente secondes on connait les morceaux et on arrive à fredonner la fin. Ça c’est de la compo efficace et la marque d’un bon rock ‘n’ roll garage réussi. Histoire d'illustrer le propos, payez-vous "Wavespotting" ou "We’re Not Alone"…
We Re Not Alone - 8/4/17 Three Links Dallas, Texas
Niveau vocal, le hurleur du combo de Forth Worth Texas se pose comme un fils spirituel d’Iggy Pop, de Jon Spencer et de Lux Interior… Un beau pédigrée et pour assurer des parties un peu plus aiguées, il est secondé par l’organiste. Ca ne vous rappelle pas les Love Me Nots ça ?
"Sea Serpent" nous balance des giclées de fuzz sur un rythme de basse entêtant. Des chœurs de charmeurs de serpent donnent ses lettres de noblesse à un titre qui pourrait figurer dignement au coté des "Green Fuzz" et autres "Action Woman" ou "Psycho" sur les compils Garage Sixties.
"Come N Get" It ou "Dr Benway" sortent aussi du lot. Du bon garage qui envoie du bois sur un tempo rapide. Niveau chant on retrouve encore les Cramps mais c’est plus distordu au niveau des guitares et de la fuzz. On délaisse un peu la brillance et le "twang" Fender pour du plus velu.
Avec "Cosmonauts", on explore un coté plus psychédélique avec des expérimentations dignes des plus grands Pink Floyd sous acides ou plus récemment des trop méconnus Beach Bitches, activistes majeurs du revival garage des nineties.
Les Mean Motor Scooter ont une énergie débordante et on voit bien le chanteur capable de se démultiplier, hurlant partout dans tous styles différents. On a déjà cité Iggy, Spencer et Lux qui frappent d’entrée puis d’autres arrivent comme les vieux bluesmen possédés style Howlin’ Wolf ou encore Screamin’ J. Hawkins. Y a du potentiel et on adore être surpris de la sorte par des petits jeunes de ce style !
Mean Motor Scooter - Photo promo dossier presse
"Shape Sifter" est un rock ‘n’ roll qui envoie puissamment mais nous montre des parties vocales plus fines exécutées par Rebekah. On apprécie cette dualité qui donne une belle diversité à l’album.
"Brainhole" se range au coté des compos fuzzy roboratives que n'auraient pas renié nos amis catalans des Limiñanas. Roboratif à souhait, le riff tourne en boucle et les nappes de fuzz arrachent tout sur leurs passages.
Résultat des courses, on a un combo plein de fraicheur et avec une explosivité à toute épreuve. Pas de doute, ces quatre là ont bien digéré les valeurs du rock garage et sont prêt à nous en balancer plein les gencives. Hindu Flying Machine est un fort sympathique premier album qui ouvre en grand la voie du succès à ces Mean Motor Scooter. S’ils viennent relever les compteurs dans l’Hexagone, on sera aux premiers rangs du coté de La Grosse Radio.
Hindu Flying Machine – sorti en octobre 2017 chez Dirty Water Records USA
