Yves, des Sales Majestés : On se reposera quand on sera mort

Le 24 novembre, les Sales Majestés vont prendre d'assaut la capitale. Leur concert à l'Elysée Montmartre approche à grands pas. Yves, chanteur / auteur / compositeur, nous a accordé quelques instants. Récit.

Les débuts…

Les Sales Majestés, ça existe depuis très longtemps. La formation où on ne faisait plus que de la zik commence en 87. On n’avait plus de boulot, on a acheté un camion, et on est parti sur les routes de France. Surtout en Bretagne d’ailleurs, parce qu’on avait des points de chute là-bas. A l’époque, il y avait énormément de concerts, surtout dans les bars. Tu pouvais facilement trouver 12 ou 13 dates par mois rien que dans les bars. Donc on a énormément joué en Bretagne, jusqu’à ce qu’on se fasse virer, parce que… Un concert sur deux c’était n’importe quoi ! Le temps de se remettre du concert d’avant, tu vois quoi… Mais c'était la grande époque, vers 88. La fin des Bérus, des Ludwig, et l’apogée des Shérifs. Les Shérifs, ce sont nos modèles. Ce sont des rockeurs qui font de la musique, pas des musiciens qui font du rock… Puis on a sorti notre premier album, en 95. On était chez Night And Day, un distributeur qui ne faisait que du Rap. On avait envoyé l’album un peu partout, mais à l’époque ça n’intéressait pas grand monde.

Les Sales Majestés aujourd’hui…

Il y a eu Fab, des Shérifs, que je remercie, qui est un fan inconditionnel. Il a dû arrêter, puisque les Shérifs ont repris, impossible de faire les deux. Maintenant on a le gratteux des Porte-Mentaux version  deuxième période. Jérôme le bassiste, qui nous a rejoints, qu’on connaissait puisqu’il avait enregistré l’album Sexe, fric et politique,  et qui amène sa touche.

Punk, Punk-Rock, Droit dans le Mur, Elysée Montmarte, Interview, 2017
Photographies : © Lionel/Born 666
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Les groupes aujourd’hui…

Le problème c’est que aujourd’hui il n’y a plus les structures qu’il y avait quand on avait attaqué. A l’époque, il y avait tout un milieu indépendant, les Bondage, les Boucherie, les labels, les distributeurs, il y avait encore un lien. Aujourd’hui, avec la fin du disque, ces structures ont disparu, et les groupes sont isolés un peu partout.
Pour les nouveaux groupes, ce doit être l’horreur. Parce qu’il n’y a plus ce relais. Il y a un paquet d’assos keupon qui ont disparu, etc… Et donc tu ne vois plus que, entre guillemets, les vieux groupes. Tu vois les autres aussi, mais ils n’ont plus le soutien qu’on avait à l’époque, quand il y avait des assos qui organisaient des concerts partout. Pour les nouveaux groupes, c’est hyper dur de se faire connaître. Bien sûr tu as la toile, YouTube et autres, mais il n’y a plus ces labels et autres pour fédérer tout ça. Regarde combien il y a de vrais festivals punk en France ? Tu as Skardèche, Zikenstock… les autres c’est ultra ponctuel, alors qu’à l’époque ce n’était pas le cas. Des festivals se montaient partout…

Il y a encore un public Punk ?

Oui, incontestablement ! On vient de faire une tournée, c’était blindé de partout. Et un public jeune ! On s’est retrouvé à faire des festivals grand public, on joue en dernier souvent, et c’est blindé, le public est là, le poing levé, à chanter "Camarade"! Heureusement, les gens n’écoutent pas que Jul et Orelsan.
Les Sales Maj ont un public, comme les Shérifs ont un public, les Ludwig c’est pareil… Partout où ils jouent, c’est blindé. On a ce public, malgré une censure terrible. On est censuré de partout. Dès que tu commences à sortir des trucs, à parler de drogue, à être ultra-dur au niveau politique, à citer des noms, tu es censuré de partout. Mais bon, ça n’empêche pas, on a un public ultra populaire, qui nous suit, malgré un blackout total au niveau médiatique. Mais on ne changera rien. Pas une virgule, rien. Je ne transformerai pas mes textes.

L’Elysée Montmartre ?

Oui, on prépare ça. Avec les Bananes Métalik en première partie. Du Gore’n’Roll, mais très typé Punk-Rock, grosses guitares et tout. C’est une date pour les parisiens.
A Paris, il y a encore pas mal de bars qui organisent des petits concerts un peu partout, mais des programmations Punk, ce sont surtout dans des petites salles. Alors les Sales Majestés, à l’Elysée, pour chanter Macron… Tout un symbole ! La place est à 17 euros. C’est une volonté qu’ont toujours eu les Sales Majestés de faire des places pas cher, parce que 25-30 euros, c’est très cher. C’est une date à ne pas rater. A tous ceux qui résistent, c’est le moment ou jamais.

La résistance ?

Si tu n’occupes pas le terrain, ce sont les autres qui l’occupent. Si tout le monde baisse les bras… Et il ne faut pas faire semblant. Les Bérus chantaient "Porcherie", ils ne chantaient pas "ouh les méchants". Les Sales Maj, ils chantent "Halte au Front", "Jean-Marie et sa bande de pourris". La résistance, elle est capitale. Il n’y a pas que nous, hein ! Moi mes héros c’étaient les Sex Pistols, les Clash… Les Sex Pistols, ils ne faisaient pas semblant de faire de la musique ! En tant que groupe engagé, si tu n’aimes pas quelqu’un, tu le cites. C’est ce que faisaient les Clash, les Bérus… C’est cash. On est cash.

Une chanson d’amour dans le dernier album, Droit dans le mur ?

Oui ! Parce que avant tout, les keupons, comme Sid et Nancy, ce sont des êtres humains ! On ne va pas parler de politique tout le temps. Les amants maudits, c’est tellement Punk-Rock…
A la base, le Punk Rock, ce sont des existentialistes. Des gens qui vont à fond dans toutes leurs démarches, ce sont des gens excessifs. Mais ça ne les empêche pas d’être des gens très humains. Ils ne trichent pas. "Les amants maudits", c’est une chanson d’amour. Et alors ? Il est où le problème ?
Mais il y a toujours eu des chansons existentialistes dans les Sales majestés. Il y a eu des chansons sur la mort, sur la vie de tous les jours… "No Futur", sur le dernier album c’est ça, c’est la vie d’un pauvre mec au RSA, qui ne fout plus rien, qui tous les matins se fume des pet' et prend des traces, mais qui n’est pas plus assisté que nos hommes politiques !
On a même repris un poème de Victor Hugo !
J’aime le Punk-Rock, mais je suis un grand fan de la chanson française. J’écoute Miossec, Thiéfaine, Ferré… J’adore Baudelaire, Victor Hugo… Le mouvement Punk-Rock, c’est aussi un mouvement culturel. A la base, les keupons, c’est pour dire le rock des années 70 c’est fini, on revient au rock de base. Prolo, populaire. C’est un retour au Rock’n’Roll. Les Sex Pistols, les Clash, c’est un retour à la musique populaire. Populaire, mais pas débile, comme a sombré le rap, qui soit disant au début était bien moins nul que aujourd’hui.
J’écoute beaucoup de rock français. Plein de groupes, tous les classiques. 22 Long Riffs, Néophyte, les Cadavres… Les Cadavres font partie d’une des références des Sales Majestés. Un super groupe, avec des paroles tout sauf débiles. Des vieux, mais des vieux qui ont la pêche. Des vieux qui sont restés jeunes.
Rester jeune ou mourir… On se reposera quand on sera mort !

Les Sales Majestés seront à l'Elysée Montmartre le 24 Novembre.
Lien vers l'évènement FB ici.
 



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