Il y a pile deux ans, nous ne tarissions pas d'éloges sur le premier EP du groupe, The Wayside (voir la chronique) avec son tonitruant titre éponyme bourré de fuzz et bien psyché. Tyler Bryant & The Shakedown nous reviennent avec un nouvel album complet, de 11 titres. Cet album est sorti en début de mois, il nous fallait le digérer avant de vous en parler. Tyler Bryant, 26 ans au compteur dont 20 ans à jouer de la guitare, est déjà un vieux barroudeur de la scène Blues Rock. On ne compte plus ses premières parties dans des stades pour Gun n' Roses, Aerosmith, AC/DC ou encore ZZ Top. Ca pose un bonhomme parmi les légendes du Hall Of Fame du Rock. Mais s'il tourne beaucoup et avec énormément de fougue, qu'en est-il de sa production en studio ?
Autant le dire d'entrée de jeu, Tyler Bryant n'est pas un innovateur. Il ne révolutionne pas le Rock n' Roll, il est jeune mais ancré dans les 70's blues rock et 80's hard rock FM, ce n'est pas un gros mot. On avait pu observer son aisance à la guitare, sa voix séductrice en concert comme sur The Wayside, et pour un EP de ce calibre à 24 ans, nous étions conquis. Avec l'album portant le nom du groupe, la surprise étant passée et l'attente de 2 ans ayant fait son office, nous sommes légèrement déçus par le manque de prise de risques du musicien. Tyler Bryant demeure dans son pré carré heavy blues. C'est très bien fait, correctement orchestré. Mais où est le grain de folie, la fougue ? A son âge il ne faudrait pas qu'il se pose dans la reproduction vintage mais sacrément technique comme le fait Joe Bonamassa par exemple, qui à 40 ans, s'il brille ne fait pas vraiment rêver.
Demeurant dans le Blues classique comme avec un bien nommé "Ramblin' Bones", Tyler Bryant nous montre qu'il connait son histoire, qu'il l'aime et qu'il y est à parfaitement à l'aise. D'autant qu'il sait remonter la flèche du temps du Rock en enchaînant avec un "Weak And Weepin" 70's à souhait. Ces deux titres en milieu d'album comme exemples pour expliquer ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de Tyler Bryant : Un adorateur du Blues et du Rock sous leur forme classique mais pas un innovateur. Car jamais dans l'album il nous offre quelque chose de contemporain. C'est dommage de se limiter dans le temps quand on a un groupe avec une qualité de jeu pareil. On ne lui demande pas d'introduire de l'electro ou de faire ce qui marche mais bien d'innover. Un aperçu est cependant présent avec un "Manipulate me" plus actuel où il délaisse les longs soli de guitare.
Et attention, ne nous faites pas dire ce que nous ne disons pas, cet album est hyper rafiné au niveau de la production, ses 39 minutes sont délicieuses pour tout mordu de Blues Rock.Tyler Bryant oeuvre en maître sur cet album et le single "Heartland" en est un excellent représentant. Derrière Tyler, la section rythmique est puissante. Le tout est séduisant, comme "Jealous Me" ou le tendre "Into The Black" qui ferme l'album.
Au final, on attendait bien plus du prodige du heavy blues. Ce n'est pas une déception non plus mais il n'y pas assez de différence avec The Wayside au niveau des compo ni d'amélioration technique pour que cet album nous emballe complétement. Tyler Bryant a de l'or dans les doigts, il ne faudrait pas qu'il se laisse aller à la facilité. Il a vraiment de quoi être une figure de proue du Rock n' Roll moderne. S'il veut un jour faire les tournées des stades en tête d'affiche et plus en ouverture, il lui faudra nous montrer toute l'étendue de son talent qu'on devine immense et nous emmener dans des sentiers non déjà empruntés par ses illustres prédécesseurs...
En concert le 29 novembre à la Maroquinerie, Paris, avec Fabulous Sheep.
Sortie le 3 novembre chez Snakefarm Records.