40 ans de Punk, 30 ans de Sales Majestés. L'annonce était très claire, ça allait taper fort à l'Elysée Montmartre, pour une soirée au rythme du Punk-Rock. Pour l'occasion, les Sales Majestés (c'est bien d'eux dont on parle, mais tu l'avais compris, c'était dans le titre), se sont fait accompagner par les Banane metalik et par Krusty Twats. Récit d'une soirée à grosses guitares, mais pas que.
Krusty Twats
Il ne fallait pas être en retard en ce samedi soir. L'affiche annonçait 19:30 pour le début des hostilités. Aussi lorsque les Krusty Twats arrivent sur scène à 19:00, la salle magnifique qu'est l'Elysée Montmartre est très peu garnie. La bande-son qui précède le groupe effectue un réveil en fanfare. Un titre de Carla Bruni, un peu trop hardcore pour plusieurs membres du public, annonce la couleur : ça va être sauvage, pas de quartier ! À l'heure où les gens sont encore à l'apéro, les Krusty Twats assurent néanmoins le spectacle.
Mélange de Rock'n'Roll, de Oï, de plein de trucs tous aussi péchus, guitares et contrebasse envoient toutes leurs cordes pour dérider cet Elysée qui ne demande que ça. Durant une petite demi-heure, le groupe va servir chaud, très chaud. Les trop rares personnes arrivées en avance ont pu en profiter. Pour les autres, il y aura sans doute des séances de rattrapage, mais attention il va falloir chercher, le groupe ayant visiblement décidé de changer de nom, et de s'appeler désormais Vazeline. Amateurs de jeu de pistes, à vos claviers !
Banane Metalik
19:40. Putain c'est tôt! C'est vrai que les Punks vieillissent, et qu'à partir d'un certain âge il faut ménager la machine, mais quand même! Aussi, quand les Banane Metalik arrivent sur scène, il faut quelques minutes pour que le public quitte sa buvette préférée pour rejoindre la fosse. Et il ne va pas le regretter, le public. Banane Metalik, c'est un univers. Gore'n'Roll, comme ils aiment à le proclamer. Amplis enfoncés dans des cercueils, avant-bras sanguinolents dans les pieds de micro, masques tous droits sorti d'un film de série Z, le visuel à lui seul vaut le détour. Tu rajoutes à ça une énergie Punk-Rock totalement maîtrisée, un sens du spectacle éprouvé depuis 25 ans, et tu obtiens la recette d'un show décoiffant.
Gore'n'Roll... Ca ressemble quand même furieusement à du Rock'n'Roll, cete belle affaire! Contrebasse en avant, les accents Psychobilly retentissent dans l'Elysée Montmartre. Le public qui arrive doucement (il est encore tôt...) se presse immédiatement vers les crash-barrières. Pas le temps, faut tout prendre, tout donner.
Sur scène, le set est bien rodé. pas d'hésitation, il y a ce qu'il faut d'huile pour assurer une prestation de haute volée. Guitares saturées, mais pleines de finesse, la reprise du parrain avec une mayonnaise maison, est juste énorme.
L'accumulation de visuels macabres n'empêche pas la bonne humeur, bien au contraire. Le performer en camisole, sorte de Quasimodo en plein délirium tremens, qui vient pimenter le set en est une parfaitre démonstration. Les Banane Metalik donnent la banane au public. (jeu de mot pourri, mais bon...).
"La seule religion ce soir, c'est le Rock'n'Roll". Ced666, au chant, annonce la couleur. On est là pour prier ensemble à la sainte gloire du dieu Rock'n'Roll. "Ave Banana" donnera l'occasion de déclencher un Wall Of Death, suivi d'un Circle Pit. Un morceau "pour faire plaisir aux bourrins", comme ils le disent, mais surtout un très bon morceau.
Les Banane Metalik donnent tout, avec sincérité, et efficacité. On regrettera simplement que les effets de la nouvelle loi sur le volume sonore réduit ne puissent fournir la puissance requise au concert, surtout sur les morceaux pêchus. L'autre regret vient de la sécurité, qui a protégé ses crash-barrières (2 mètres de large, pas l'idéal pour un concert de Punk...) avec un zèle exagéré, empêchant sans ménagement plusieurs spectateurs de venir partager les planches avec le groupe, à l'invitation du chanteur...
Les Bananes Metalik, ça sonne bon. on aura appris la préparation d'un nouvel album, on aura pris une bonne dose de Gore'n'Roll, on aura aimé. Pour suivre les Bananes Metalik, voir leurs clips, suivre leurs concerts, va sur facebook ici.
Les Sales Majestés
La salle se repose un peu après ces deux premières parties. Il est déjà tard dans le concert, et pourtant encore très tôt... Curieuse ambiance, on est encore à l'heure de l'apéro (que nous prenons avec un certain délice, ne nous méprenons pas non plus!), et on a déjà vu deux concerts, le troisième va démarrer très vite... On parlera un autre jour des nuits parisiennes, mais le constat est là, les concerts démarrent de plus en plus tôt, ce qui est un véritable problème pour les pauvres premières parties qui jouent devant des salles pas suffisamment pleines.
Un requiem classique envahit l'Elysée Montmartre. Petite touche douceur, avant le déferlement Punk-Rock des Sales majestés. Dès le début, après quelques mots d'accueil, les Sales majestés démarrent avec "Camarade". Hymne à l'humanisme, au partage, le morceau est connu de tous, et repris en choeur par un public qui commence à bouger fort.
Un petit message plein de tendresse envers la partie anale du Président, Yves ne mâche toujours pas ses mots. Que ce soit dans ses textes ou dans les différents échanges entre les morceaux, il n'y a pas de second degré : Les Sales Majestés n'aiment pas le système, ses représentants, et le crient haut et fort.
"J'emmerde la société" met la fosse en folie. ça bouge dans tous les sens. Le zèle de la sécurité ne faiblit pas, dommage. "Fier de ne Rien faire", ça bouge sur le dance floor. Les classiques des Sales Majestés s'enchaînent sur un rythme très soutenu. Hormis le problème de volume général du son, on a une qualité optimale dans les esgourdes. "Sois Pauvre et Tais-Toi", encore un standard, qui défile à toute vitesse. Pas de fausse note, belle maîtrise technique. Les Sales Majestés, dans leur formation actuelle, connaissent leurs gammes, et savent envoyer la purée. Quand aux thèmes abordés, l'antifascisme est toujours en première ligne. "Halte Au front" fait logiquement mouche, dans une salle toute acquise à la cause. Les doigts sont tendus, les poings levés, toutes générations confondues. Toutes générations, car l'Elysée Montmartre est habité ce soir par toutes les classes d'âges. Adolescents, à peine majeurs et vieux Punks se croisentr sur le plancher. Le Punk fête ses 40 ans, mais visiblement traverse les générations, et reste encore vivant.
PPN retentit, avec deux enfants qui viennent partager la scène, puis une chanson sur le harcèlement. "Pas de pitié pour ces pourris", les mots sont directs, et peuvent s'appliquer à quasiment tous les morceaux. Petit problème technique, l'ampli de Yves lâche. Pas grave, le concert continue. "Les patrons" démarre. Tout le monde connaît, une seule guitare suffit. Derrière, le régisseur s'active, le guitariste des Banane Metalik vient poser son ampli, deux réglages, et Yves retrouve du son.
Le concert s'achève avec "Camarade", repris une deuxième fois, avec l'équipe technique qui monte sur scène. À force d'abnégation, quelques spectateurs arrivent enfin à faire fléchir la sécurité et à monter sur scène, pour un final poing levé. Les Sales Majestés ont remplit leur contrat. L'Elysée Montmartre affichait un taux de remplissage très honnête, le concert s'est bien passé, très bien même. Le public était venu voir du Punk-Rock, il en a vu, et du bon.
Il restera néanmoins un arrière-goût bizarre dans la gorge, plus liée au lieu qu'aux trois concerts. Le Punk a-t-il encore sa place pour des concerts qui démarent à 19:00, avec un volume sonore bridé et qui, quoi qu'on en dise, casse une bonne partie de l'énergie, et avec des crash-barrières à deux mètres de la scène, et une sécurité qui visiblement n'a pas bien assimilé ce qu'était un concert? Enfin, oublions vite ces quelques fausses notes, et restons sur l'essentiel : on a vu trois bons concerts. Punk's'NoT Dead.
Setlist
Camarade
No Future
J'emmerde
Droit dans le mur
Je suis fier
Johnny s'en va en guerre
Sois pauvre et tais-toi
Mes frères
C'est la France
Halte au front
PPN
Les vacances
Tous les jours
Mais où est-il possible de vivre
Dernier combat
Chaos en France
Les patrons
La révolution
Y' pas d'amour
Encore une bière
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Keupon d'un jour
La rage
Camarade
Pour suivre les Sales Majestés, il y a bien sûr la page Facebook, ici.
Photos : Alice de Bonnechose
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