Royal Republic + Aaron Buchanan and the Cult Classics au Cabaret Sauvage (2 décembre 2017)

Avec des acrobaties, des funambules et même de l’illusionnisme avec un voyage dans le temps, c’était bel et bien le cirque samedi soir au Cabaret Sauvage, pour le concert des déjantés suédois de Royal Republic, accompagnés d’une très bonne découverte, Aaron Buchanan and the Cult Classics.

 

Aaron Buchanan and The Cult Classics


Le Cabaret Sauvage n’est pas encore tout à fait plein quand une tornade débarque sur scène. Un quintette hétéroclite mené par le chanteur Aaron Buchanan, bien décidé à chauffer la salle à blanc avant la tête d’affiche. Aaron Buchanan and The cult Classics démarre sur le champ avec "Left Me For Dead", un heavy rock ultra entraînant qui n’est pas sans rappeler Alterbridge.

La voix du chanteur fait d’ailleurs écho à celle de Miles Kennedy autant qu’à celle de feu "Chris Cornell". Un homme à coffre, donc. Et à bretelles, accessoirement, peut-être pour se faire passer pour un clown sous le châpiteau du cabaret ? Il a tourné dans plusieurs formations avant de former ce groupe en 2016 avec d’autres musiciens expérimentés, et l’assemblage semble d’un point de vue esthétique d’un hétéroclisme assez réjouissant.

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C’est intéressant à voir, mais le mieux, c’est que musicalement, ça fonctionne tout à fait ! Les morceaux heavy rock un peu bluesy par moments débordent d’énergie, tout comme les musiciens, même si les deux guitaristes, Laurie Buchanan, vêtue en cow-girl de l’espace avec veste argentée et chapeau à bords, accompagnée par d’immenses cheveux longs jouant de la guitare (on soupçonne le second guitariste Tom MacCarthy de se cacher dessous, mais on n’en aura pas la preuve) sont un peu en retrait. Le chanteur, lui, est une grande pile électrique, il fait de grands moulinets avec les bras, il est ravi d’être là et le clame haut et fort. Il se jette dans la foule dès l’un des premiers titres, "I Am Electric", par ailleurs chanson puissante au refrain ultra accrocheur.

Ces morceaux sont de toute façon taillés pour le live : "Fire in The Fields of Mayhem" combine par exemple heavy rock, grunge, punk, pop, le tout mixé dans des refrains accrocheurs et soli efficaces, porté par la voix puissante de Buchanan. "The Devil that Needs You", elle, offre une mélodie assez singulière mais toujours accrocheuse, portée par un roulement de batterie très cadencé qui laisse tout de même le loisir au batteur Paul White, dandy-pirate à mi-chemin entre Jack Sparrow et Prince, de s’improviser jongleur avec ses baguettes (mais une à la fois, petit joueur).

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La foule adhère et réserve un bon accueil au groupe, plusieurs spectateurs connaissent même les paroles. Le chanteur ne se prive pas de communiquer avec le public, et en vient même à scander, en français dans le texte, "Tous ensemble, tous ensemble !". Effet garanti. Mart Trail, bassiste à crête et au crâne rasé, à l’air un peu cinglé (on l’imaginerait bien dans Bowling For Soup), reste silencieux mais est tout aussi expressif, puisqu’il passera le show à gratifier le public de ses plus belles mimiques.

Alors que la fin approche, Buchanan explique vouloir finir "upside down" (soit, au choix, « renversé », « retourné », « à l’envers », ou « sans dessus de sous »). On ne comprend d’abord pas bien où il veut en venir. Il se met à marcher dans la foule comme d’autres sur l’eau, puis soudain, se lance dans un poirier sur les mains tendues de la foule. L’homme est donc aussi acrobate ! Il finit par se faire engloutir par la mer humaine, mais parvient à regagner la scène.

Le concert touche malheureusement à sa fin, mais le groupe a plus que réussi sa mission : le public est chaud pour la suite et attend de pied ferme les têtes d’affiches !

 

Royal Republic


L’ambiance s’échauffe encore plus tandis que les roadies installent les demi-boules à facettes de part et d’autres de la batterie.  Finalement, les lumières s’éteignent, cinq Suédois investissent la scène et balancent l’intro de "When I See You Dance with Another". Après une première partie dédiée aux acrobaties en tous genres, le set principal continue dans le cirque avec un numéro de magie, puisque nous sommes subitement transportés dans les années 50. C’est la seule explication possible à cette vision des membres de Royal Republic habillés comme pour aller à la Féérie dansante des sirènes de Hill Valley, toutes raies sur le côté et moustaches peignées dehors. Bonus au batteur Pear Andreasson qui n’a pas oublié de sortir le perfecto (mais pas à franges, Johnny n’était pas encore mort).

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Le groupe n’a en tous cas pas laissé son énergie dans les sixties. Légèrement plus statique que ses prédécesseurs, il n’en délivre pas moins un rock survitaminé – ce qui est toujours utile en hiver. Il faut dire que tous leurs titres sont taillés pour danser, chanter, et plus si affinités. Après tout, un de leurs sujets de prédilection semble être le sexe opposé. Le chanteur dira d’ailleurs lors d’une pause acoustique que "la guitare sèche est la plus dangereuse arme sexuelle au monde, entre les mains de qui que ce soit", expliquant que l’instrument conduit le plus souvent à un mariage plus ou moins heureux et plusieurs enfants. Si vous êtes qui que ce soit, on vous laisse tester et nous faire vos retours.

"Walk", "Week-end Man", "All Because of You", "Tommy Gun", et bien évidemment "Everybody Wants to Be an Astronaut", tous leurs plus grands succès y passent, avec une forte représentation assez logique de leur dernier album, ce qui n’empêche pas les deux autres d’être bien présents. Le public est globalement emballé, ça chante, ça saute dans tous les sens, le pogo varie d’intensité selon les humeurs, d’une foule sautillant de façon bon enfant à des échanges plus musclés par moments, en passant par une tentative à moitié réussie du chanteur de faire assoir toute la fosse par terre.

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De l’énergie des deux côtés des crash barrières, donc, qui ne demandent qu’à communiquer : le chanteur Adam Grahn est en effet très bavard avec son public, à qui il raconte beaucoup de choses : d’où vient la chanson, à quel point il est content d’être là… le public, lui, manifeste son enthousiasme, mais les seuls mots articulés en émanant sont des "Show me your tits" (montre-nous tes seins) adressés au groupe par plusieurs hommes qui ne verront jamais leur rêve se réaliser, le chanteur faisant sournoisement mine de ne pas comprendre.

Le chanteur se dévoile en revanche beaucoup sur certains morceaux, comme il l’explique en présentant "People Say that I’m over the Top", une chanson "écrite par lui, qui parle de lui, pour lui, dédiée à lui". Voilà qui a le mérite d’être clair. Les cinq compères sont visiblement aussi modestes et aussi peu portés sur la vantardise que leurs cousins des Hives, c’est dire.

Cela se confirme sur "Addicted", une de leurs chansons les plus… addictives. Au lieu de la version rock nerveuse habituelle, le groupe propose en effet une version folk country, issue de l’album Royal Republic and The Nosebreakers. Un album au concept particulier, comme l’explique le chanteur : "C’est un tribute band. A nous-mêmes. Dans lequel nous jouons". Après tout, quitte à autoriser un album hommage, autant s’assurer que les gens qui l’interprètent fassent correctement le travail, et qui mieux que soi-même pour reprendre convenablement ses chansons ? Ils auraient dû filer le tuyau à Renaud et Jean-Jacques Goldman. D’autant que leur version d’"Addicted" permet de mettre en valeur les harmonies du quartette et de constater que les vocalises du guitariste Hannes Irengård et du bassiste Jonas Almén sont aussi drôles que leurs riffs sont efficaces sur le reste du concert.

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Mais le groupe n’est pas qu’un concentré d’égocentrisme second degré. Il témoigne également de son amour pour ses confrères en entonnant plusieurs reprises. D’abord un extrait de "Sex Machine", de James Brown, au milieu de "Make Love, not War (but if You Have to Make War, Make Sure to Make Love in between)" – une chanson dont le simple titre mérite qu’on crie au génie scandinave. Ensuite "Battery" de Metallica, qui permet de voir que les rockeurs se débrouillent plutôt bien en metalleux. Ils offrent même leur propre version de "Roxane", de The Police, avec le batteur Per Andreasson au chant – lequel chant est un peu approximatif mais ne manque pas d’une personnalité certaine. Et même le rappel est prétexte à un hommage au group de punk australien X, avec la reprise de leur chanson "I don’t Want to Go out".

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L’aisance du groupe sur scène n’est plus à démontrer. Les musiciens sont visiblement heureux d’être là, font le show à la perfection, offrent un concert parfaitement fluide ponctué de blagues qui font mouche auprès d’un public conquis d’avance. Si le show est si bien rodé, c’est que, comme l’explique le groupe, ils n’ont plus répété depuis 2013… Parce qu’ils sont sur la route constamment depuis ce temps ! A vérifier dans leurs agendas.

Juste avant de lancer la toute dernière chanson, la très attendue "Baby", ils expliquent que le groupe a presque dix ans d’existence, ce qui est bien sûr "émouvant", et qu’ils doivent donc remercier des personnes spéciales… eux-mêmes, "parce que c’est leur incroyable talent qui leur a permis d’en arriver là", même s’ils consentent aussi à remercier le public. C’est ce qui fait le charme de Royal Republic : un mélange d’allure rétro, de grosse énergie, d’attitude très premier degré et de blagues potaches. Une recette royale.

Setlist
• When I See You Dance With Another
•  Walk!
•  Make Love Not War (If You Have to Make War - Make Sure to Make Time to Make Love in Between)
•  Strangers Friends Lovers Strangers
•  Underwear
•  Weekend-Man
•  Everybody Wants To Be An Astronaut
•  All Because of You
•  People Say That I'm Over The Top
•  Addictive (acoustic - Nosebreakers version)
•  Kung Fu Lovin'
•  Tommy-Gun
•  Battery (Metallica cover)
•  Roxanne (The Police cover)
•  Full Steam Spacemachine

Rappel
•  Here I Come (There You Go)
•  Follow The Sun
•  Walking Down The Line
•  I Don't Wanna Go Out (X cover)
•  Baby

Photos : © Rodolphe Goupil



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