Les Olibrius – [#&bémol]


Olibrius: (n,m) Personne qui se distingue par ses propos et son comportement excentrique, étrange...

Si le groupe ligérien prend la peine de rappeler dans sa description la définition d’un « olibrius », c’est bien parce que ses membres se revendiquent de cet état d’esprit, non pas « En Marche ! » mais bien En Marge (!) des grandes lignes directrices des musiques actuelles.

Formé depuis quelques années dans le département de la Loire, Les Olibrius se sont fendus cet été d’un nouvel EP, [#&bémol] (à prononcer « Entre hashtag et bémol »), EP qui s’inscrit dans la ligne directe des deux précédentes productions du groupe présentées respectivement en 2012 et en 2015. Une progression assez linéaire qui donne aujourd’hui l’occasion de se pencher un peu plus en détail sur l’univers du groupe.

Estampillés Rock Français Alternatif, Les Olibrius ont entre autres ceci de particulier qu’en plus de leur solide formation basse/bat/guitare/guitare vient se rajouter un cinquième luron, installé derrière un set de percussions latines. Cette particularité se ressent dès les premières mesures de l’EP puisque les dites percussions amènent une touche très colorée à l’ensemble et viennent appuyer les compositions du groupe. On décèle également très vite les influences groovy de la formation dans les phrasés de basse et de guitare empreints de diverses sonorités faisant des va-et-vient maitrisés dans plusieurs styles tels que le Punk, le Rock 70’s ou la Funk. Au groove de l’instrumentation vient s’ajouter un chant en français oscillant au gré du disque entre slam, rap, poésie urbaine ou encore grandes envolées éraillées dans un effort constant de se démarquer des phrasés (trop ?) polissés qui constituent aujourd’hui la norme implicite des productions à succès.

Parler de la musique des Olibrius suppose de s’arrêter un temps sur les paroles de cette formation Rock, puisque c’est bien par ce biais que le groupe cherche à revendiquer son appartenance à un héritage musical. Et quel héritage ! Cuisinés sur une base satirique et saupoudrés d’élans de sarcasmes, les textes scandés par Les Olibrius se revendiquent explicitement des grandes mouvances de lutte des classes et de désobéissance civile. État d’urgence, perte de lien social, agroalimentaire, télé-réalité, assurances ou encore surveillance de masse et dérives technologiques, les thèmes abordés par le groupe sont trop variés pour en dresser ici une liste exhaustive. On peut cependant avancer sans risques que c’est bien dans la lignée des mouvements contestataires que s’inscrit la démarche artistique de la jeune formation.

Oscillant entre rage et introspection, entre lancinance et distorsions, le tout appuyé sur une base Rock inébranlable, on devine vite que le groupe se définit avant tout comme une formation vouée à s’exprimer en live. Si dénoncer et proposer une réflexion autour de divers sujets sociétaux reste une pierre angulaire de l’édifice des Olibrius, il n’en reste pas moins l'objectif admis des membres du groupe de créer une atmosphère de fête, de partage et de connexion avec le public afin de porter ce dernier dans une trance pogotée éprise de contre-culture et boostée à la sueur sous un chapiteau de festival d’été. Une dimension extrêmement communicative dont on ne peut s’empêcher de sentir l’accroche.

Au final, ce [#&bémol] est autant un cri d’alerte annonciateur d’un futur apocalyptique plus proche que ce que l’on aurait la décence d’admettre qu’un palliatif auto-prescrit à la démence dépressive latente de notre modèle sociétal. Pour Les Olibrius, c’est l’occasion de poser les bases de ce qui deviendra à n’en pas douter une identité forte, ancrée dans le « Do It Yourself », peu (ou pas du tout !) enclin aux compromis mais bien dévouée corps et âme à la célébration d’un héritage contestataire.

[Envie de tout casser]   

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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