MAJ du 31/12/17
King Gizzard and the Lizard Wizard a tenu son pari : son cinquième album de l'année est finalement paru, et porte le nom de Gumboot Soup. Comme de nombreux fans l'avaient prédit, l'esprit taquin du sextet l'aura poussé à le publier au dernier jour de l'an 2017, histoire de faire languir le public, sans commettre pour autant la folie de le dévoiler à la dernière minute, lorsque le monde a la tête dans un seau de champagne plutôt qu'entre deux enceintes.
Dans une ambiance globalement détendue, mais avec une variation importante des sonorités, Gumboot Soup propose une sorte d'état des lieux, une exploration de la personnalité labyrinthique du groupe australien, tout en y ajoutant, encore, de la substance. Ainsi, les flûtes angéliques de Stu Mackenzie se font récurrentes, évoquant souvent Paper Maché Dream Baloon, et les gammes microtonales de Flying Microtonal Banana, paru au début de l'année, font également leur retour sur "All Is Known", tandis que la pluralité inhabituelle des voix amène une fraîcheur du meilleur goût. De même, les prises de risque sont présentes, et appréciées : ainsi de l'ambiance lounge-bar de "Superposition" et ses voix modifiées, tirant occasionnellement sur le free-jazz, ou "Down The Sink", titre polymorphe et inclassable empruntant ses rythmiques au plus funky des hip-hop et ses cuivres vaporeux à on ne sait qui. On trouvera même un titre d'une étonnante lourdeur, "The Great Chain of Being", crade et bourrin, complètement hors de propos au regard de l'évolution musicale du groupe, et donc particulièrement jouissif.
Comme précédemment, le label Flightless a publié l'album dans sa totalité sur sa chaîne Youtube – on ignore comment l'économie du groupe peut encore fonctionner, mais ce procédé laisse les pleins pouvoirs à la boulimie des aficionados du groupe, rendant du même coup, c'est remarquable, au format de l'album sa supériorité sur celui du single ; une rééducation, en somme, à l’œuvre complète plutôt qu'à l'échantillon commercial.
13/12/17
Le septet australien vient tout juste de publier, sur sa page facebook, deux nouveaux morceaux du nom de "Beginners Luck" et "All Is known". Outre le fait que la sortie d'un nouveau titre de King Gizzard and the Lizard Wizard est toujours une bonne nouvelle, cette information prend ici une dimension supplémentaire : alors que 2017 sera enterrée dans quelques jours, le groupe pourrait bien réussir, finalement, le défi stupide qu'il s'était lancé sans le vouloir vraiment, évoqué comme une blague lors d'une interview, celui de réaliser cinq albums dans la même année.
Plus personne n'y croyait, plus personne, même, ne s'en souciait : le projet était d'une telle grandiloquence que chacun s'estimait déjà heureux d'avoir pu écouter quatre nouveaux albums en un an. La performance en elle-même était déjà incroyable, au vu de la qualité des albums (les registres choisis ont pu diviser, mais à aucun moment on n'accusera l'un d'eux d'être bâclé, ou en-dessous de n'importe quel autre album de la discographie du groupe), et compte tenu du fait que King Gizzard n'a pas cessé de tourner - on ne sait même pas vraiment quand les musiciens ont pu trouver le temps d'enregistrer. Mais voilà, "Beginners Luck" et "All Is Known" sont là, chatoyants, portant avec eux l'espoir de voir se réaliser ce pari absurde, dénué de sens, d'utilité, juste pour la beauté du geste.
"Beginners Luck" :
"All Is Known" :
C'était pourtant mal embarqué, avec la publication tardive, il y a moins d'un mois, du quatrième album. Il était sorti le 17 novembre exactement, date à laquelle Stu Mackenzie et son crew avaient libéré Polygondwanaland sur le net, avec une méthode inédite : l'album était entièrement gratuit, téléchargeable sur le site du groupe en même temps que tous les visuels, les auditeurs étant invités à chosiir le format adapté à l'utilisation prévue, et à fabriquer eux-mêmes leur vinyle, leur CD, et même leur K7 de King Gizzard. Evidemment, le site internet avait planté en quelques minutes, tout comme le lien dropbox balancé en réaction. Finalement, Polygondwanaland est toujours disponible sur la page bandcamp du groupe.
Crédits photo : Thomas Sanna