Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'en plus d'un amour nourri pour la cold wave, DeStijl n'en est pas à son premier coup d'archet lorsqu'il s'agit de jouer avec les mots. Pascal Destijl, à la prog’ et au synthé, n’est autre que le fondateur du groupe et lui donne naturellement son nom lors de sa création en 1995. "De Stijl" signifiant élégamment "Le Style" en néerlandais.
Après un album éponyme primé en 97, le groupe à l’univers sombre fait de synthé pop et d’électro rock s'était amusé à sortir un album dystopique intitulé The White Stripes (Le célèbre duo de Détroit ayant produit en 2000 un disque portant le nom "De Stijl"). Fort d'une collaboration formatrice auprès de New Order (Ex-Joy Division) leur permettant la création du disque Something Wicked this Way Comes et jamais en reste lorsqu'il s'agit de faire des traits d'humour, ils avaient intitulé leur sixième album Start en 2015.
De retour aujourd’hui avec une galette nommé Debut, comme un clin d’œil à l’opus précédent, DeStijl s’illustre une fois de plus dans ce qu’ils savent faire de mieux, un rock mature et taciturne, enténébré d’atmosphères électro pop qui rend le tout aussi entrainant que rythmé. Les mélodies sont fouillées, et chaque morceau semble avoir été travaillé pour s’écouter aussi bien individuellement qu’à la suite. L’album fait ainsi état d’une panoplie de diamants sombres, dont l’éclat rejaillit immédiatement sur la piste suivante, rendant le tout scrupuleusement harmonieux et cohérent.
Les riffs de guitares de Pat Roberts sont fluides, distillés avec soin et au service de la création d’une ambiance riche, faite de chant des sirènes sur "Out of Range", et d’une prog’ équilibrée – travail d’orfèvre – signée Pascal Destijl. Le tout s’accordant à merveille avec les plans de batterie mesurés et métronomiques ("That Awkward Moment") d’Éric Manchon et la voix à la fois suave et étouffée de Fred Vernay ("Too Late").
Certains morceaux se distinguent également de par leurs poésies, tel "Cassilda Song", où il est question d’étoiles noires. Convoquant guitares, synthés, violons et même gimmicks de basse au groove inattendu mais complètement adéquat, le groupe parvient plus que jamais à générer une ambiance rock, tourbillonnante et assurée, qui convoque aussi bien sur le dance floor qu’à l’écoute plaisir. Dans un autre style, il y a la beaucoup plus industrielle "Death As an Option" où retentissent les cris de l’électrocardiogramme.
En somme, Debut fait état d’un renouveau, opérant encore et encore en ce qui concerne le style de DeStij, notamment d'un enrichissement instrumental notable, bien que les guitares – ultra-présentes sur « In Your Mémory » - et cette atmosphère mêlant cold wave et électro rock industriel perdurent comme étant la signature du groupe.
Crédit photo : Paul Husband
