Les Limiñanas ont été une bouffée d'oxygène dans le paysage musical 2017. Dans notre bon vieil hexagone, il est beaucoup plus courant de voir porter aux nues des artistes lorgnant vers la variété française où vers des mélanges à base de rap. Louane, Nekfeu, Orelsan ou Vianney caracolent en tête des "charts"...
Mais comme le village retranché en Armorique d'Astérix, il subsiste des trublions dans le monde du garage psyché rock qui organisent la résistance ! Et les Limiñanas en sont sans aucun doute l’un des principaux fers de lance ! 2017 nous a permis de les voir sur tous les fronts. Les médias se sont emparés du phénomène catalan et Lionel et Marie connaissent enfin, et à juste titre, la reconnaissance.
Fin 2017, avec le maxi "Istanbul Is Sleepy", pépite garage psychédélique, on savait déjà que Anton Newcombe, le gourou du Brian Jonestown Massacre était préposé à la production du nouveau long format à sortir ce 19 janvier 2018.
"Shadow People". Ce titre qui donne son nom à l'album, le groupe nous l'a déjà dévoilé sur le précédent maxi avec en invitée de luxe Emmanuelle Seigner qui s'est déjà accoquinée avec la chose garage lors de ses collaborations précédentes avec le groupe Ultra Orange.
On connaissant donc déjà les deux premiers singles de l'album. Le reste, on ne va pas garder le suspense plus longtemps, est aussi de fort bonne facture ! Tous les ingrédients du succès du combo s'y retrouvent.
D'abord, ce côté "road trip" où les catalans nous racontent une histoire au fil des différents morceaux. Encore une fois, on se rapproche de ce que l'on appelle communément un concept album. Cette fois-ci, le groupe nous entraîne dans une plongée introspective vers les années lycées. On retrouvera l'instrumental « Motorizzati Marie » ou l'on se remémorera les grandes heures "mods" de la cité catalane qui ont bercé la jeunesse du groupe.
Autre retour vers le passé, le somptueux « Pink Flamingos ». Pour les aficionados de Lionel, on fait appel ici a des très vieux souvenirs. Les plus "diehard" fans connaissent ce morceau depuis les bancs du lycée à une époque où le groupe les Gardiens Du Canigou régnaient en maître sur la chose garage punk en terres catalanes. Retour aux sources donc mais aussi travail en famille puisque le chanteur de ce titre sur Shadow People n'est autre que le frère du chanteur des Gardiens du Canigou ! Chez les Limiñanas, l'amitié, c'est sacré.
Autre composante du succès, l'alternance des voix. L'interaction entre Renaud Picard, le dernier intégré dans le groupe, Marie et Lionel fonctionne parfaitement. Le timbre grave de Lionel nous embarque dans un trip ou l'on perçoit l'influence du grand Serge. "Premier Jour" avec ses arrangements planants est un fabuleux terrain de jeu pour mettre en exergue ce type de voix.
Enfin l'élément prépondérant de tout bon Limiñanas, la fuzz ! L'album en regorge et Lionel met sa Big Muff à rude épreuve. Bien que la légende disant que ces ustensiles du diable seraient faits avec le surplus des chars de l'armée russe soit certainement erronée, ce pauvre objet est méchamment martyrisé par Lionel afin de délivrer des riffs décapants pour notre plus grand plaisir.
Tout ce mélange fonctionne à merveille et les demandes de collaboration ne cessent d'affluer. Peter Hook, déjà crédité sur le précédent opus Malamore, revient cette fois-ci sur "The Gift". Les Limiñanas nous offrent ici un titre qui sonne new-wave façon Joy Division bien évidemment ! Une intro bricolée sur un vieil orgue Moog donne le ton du morceau. Robert Smith approuverait certainement ce titre. Une collaboration future à envisager peut-être ? Encore une fois, les Limiñanas soignent les détails. Les arrangements sont toujours très travaillés.
Pour être complet au niveau des invités, on citera Bertrand Belin qui vient prêter main forte au chant à Lionel sur le morceau "Dimanche". Ces deux là se sont rencontrés lors d'une mini tournée australienne du groupe l'an dernier et voila que leur envie de travailler ensemble se concrétise.
Inutile de vous dire que ce Shadow People s'écoute d'une traite et qu'une fois l'album terminé, il se crée comme une envie addictive de le remettre sur la platine. Pas de doute, ce cinquième opus du duo catalan devrait combler ceux qui étaient déjà conquis mais il ralliera aussi à la cause bien de nouveaux auditeurs. La patte Anton Newcombe se fait sentir et ce disque semble encore plus abouti que les précédents.
Maintenant, on les attend à domicile avec une date au Mediator à Perpignan en février puis dès le mois de mars prochain, ils sillonneront une nouvelle fois les scènes de France pour faire rugir leurs riffs chargés de fuzz ! Rendez-vous est déjà pris pour La Grosse Radio sur plusieurs dates de la tournée ! On ne manquera pas de vous tenir au courant...
Sortie le 19 janvier 2018 chez Because Records