Les musiciens ont tout simplement lâché les chevaux, sans pour cela renier leur identité (...) En un mot comme en cent, Holo a bouffé du lion"
Cela faisait longtemps que l'on n'avait plus de nouvelles (discographiques s'entend) du clan Holophonics. Après A Land to end my Flight en 2007 et Travel diary from inner Landscape en 2009, plus rien... Jusqu'à aujourd'hui, puisque c'est le 2 février 2018 que sera officiellement disponible le troisième album studio des Grenoblois. Pour rappel, Holophonics c'est un rock puissant aux accents métal qui lorgne vers la scène américaine : production impeccable, gros son, chansons efficaces avec des refrains imparables, mais toujours une grande part laissée à l'émotion, notamment grâce à la voix de Stef Picot, très chaleureuse. C'est donc avec joie que l'on retrouve nos amis, mais avec aussi une question. Malgré toutes leurs qualités, le groupe n'était pas vraiment parvenu à transformer l'essai sur son deuxième album, la faute à des titres un poil monochromes se reposant un peu trop sur des mélodies plaintives certes parfaitement exécutées mais qui tendaient à devenir redondantes et empêchaient l'album de prendre son envol. Alors, quid de cette nouvelle livraison ?
Les trois premiers titres donnent le ton : les Holophonics ont faim. On ne sait pas si ce break discographique leur a permis de recharger les accus, mais ils se montrent gonflés à bloc. Et si le quintet ne renie nullement son amour des mélodies chaleureuses, il n'est pas question ici de se reposer sur un schéma : la chanson-titre rue dans les brancards et achève de nous convaincre que c'est avec le couteau entre les dents que le groupe est de retour. Oubliées les longueurs précédemment évoquées, aux oubliettes les tics de composition, le groupe s'est remis en question, a monté les potards et se jette à corps perdu dans la bataille. "Fire inside" est sans retenue aucune. Tout en restant globalement focalisé sur l'efficacité (on est loin du progressif), Holophonics se permet tout, des breaks aux arrangements travaillés, un gros solo de guitare qui tâche, un refrain sur lequel Stef chante à corps perdu... Les musiciens ont tout simplement lâché les chevaux, sans pour cela renier leur identité.
Car les beaux moments sont légion : "The call" est du Holophonics pur jus. Mais le fait de davantage varier les plaisirs permet de créer plus de dynamique pour un album qui respire, qui prend un malin plaisir à dérouler un arsenal très riche ("In the Wild" et son ambiance roots). C'est la marque d'un groupe en confiance, heureux de jouer, qui envoie ce qu'il a dans le ventre avec le talent et le savoir-faire qu'on lui connaissait déjà pour, cette fois, passer avec brio à l'étape supérieure. En un mot comme en cent, Holo a bouffé du lion et se (nous) fait plaisir. En conjugant cette fois au mieux son penchant mélancolique avec une grosse énergie ("All Erasing"), Holophonics se présente sous son meilleur jour et avec toutes les cartes en main (ou presque, puisqu'ils ne vont pas se retrouver à jouer dans tous les festivals du jour au lendemain non plus) pour ravir fans de musique puissante et mélodique et élargir leur cercle d'initiés. À vous maintenant de rendre votre verdict, mais de leur côté, c'est du tout bon.
Sortie le 2 février chez Mighty Music