Franz Ferdinand – Always Ascending

Bien des événements se sont produits depuis le dernier album de Franz Ferdinand : une collaboration avec Sparks, le départ du guitariste Nick McCarthy, l’arrivée de deux nouveaux membres Julian Corrie puis Dino Bardot. Alors évidemment, le nouvel album, Always Ascending, reflète ces changements. Mais à y écouter de plus près, l’album, loin d’être une révolution, perpétue ce qui au final a toujours été l’ambition des Ecossais : faire bouger sur les dance-floors.

Des guitares, des claviers, et une section rythmique à toute épreuve, c’est avec ces armes que les Écossais de Franz Ferdinand ont conquis le monde il y a quinze ans, diffusant leur indie rock dansant sur toutes les pistes du globe.

C’est avec les mêmes armes qu’ils reviennent prendre possession de leur trône pour leur cinquième album, Always Ascending. Le plan de bataille a tout de même été largement revu : les guitares ne sont là qu’en renfort, tandis qu’au contraire les claviers chargent sabre au clair.

Le groupe a voulu marquer une évolution nette avec ses albums précédents, évoquant dans ses interviews "la fin d’un cycle" constitué des quatre premiers albums, ou un "deuxième premier album" avec Always Ascending. En effet, le précédent opus, Right Thought, Right Words, Right Actions, s’il alignait les morceaux pop-rock rythmés et tout à fait appréciables, n’apportait pas de grande nouveauté à la discographie des Britanniques.

Au contraire, l’album qu’ils avaient réalisé en 2015 avec Sparks sous le nom FFS faisait souffler un vrai vent de fraîcheur dans leurs compositions, cédant sans complexe aux appels d’une pop finement ciselée – même si le chanteur Alex Kapranos affirme que cela n’a eu aucune incidence sur leur son actuel.
 


Ce vent continue pourtant de souffler sur leur nouvel album. "Always Ascending", la chanson éponyme, ouvre parfaitement les hostilités et possède des accents très sparkiens notamment dans les chœurs. La chanson montre que même en donnant irrémédiablement envie de se déhancher, Franz Ferdinand est très loin au-dessus de la bouillie de boîte classique. Le morceau met une bonne minute à démarrer, et offre ensuite une ascension infinie, qui laisse l’auditeur en attente d’une conclusion mélodique qui ne vient jamais.

De même, "Lazy Boy" aurait pu figurer sur FFS même si quelques notes évoquent "Auf Auchse", de leur premier album éponyme. Les changements de rythme soudains de "Huck and Jim" rappellent aussi leur marque de fabrique. La très disco "Feel the Love Go", avec son saxophone fou et sa fin qui n’en finit pas de finir retient également l’attention : quand ils vont dans cette direction, les Écossais montrent que l’electro leur va très bien.
 


Du côté des paroles, là encore, ce n’est pas une véritable révolution mais une évolution : les messages se font plus politiques et plus directs ; le journalisme et la démocratie sur "Lois Lane" ou le système de santé britannique sur "Huck and Jim".

Et ces paroles sont portées par une voix qu’Alex Kapranos rend de plus en plus intéressante, tour à tour nonchalante, suave, d’une gravité qu’on lui connaissait peu ou retrouvant les aigus qu’il affectionne.
 


Dommage que le vent ne se transforme pas en tornade. Car sur plusieurs morceaux ("Finally", "The Academy Award", "Slow Dont’t Kill Me Slow"), le groupe manque clairement de folie. Aucune chanson de l’album n’est véritablement mauvaise, mais certaines donnent l’impression de tourner en rond ou de frôler le mauvais goût – ainsi "Lois Lane", par ailleurs très intéressante, souffre d’une nappe de claviers très kitsch sur le refrain.

"Nous avons toujours voulu être un groupe de dance music, même si nous avons emprunté des chemins de traverse", affirme Kapranos dans une interview à Tsugi. L’arrivée de Julian Corrie, issu du monde de l’électro, et la production de Philippe Zdar, moitié du duo de Cassius, ne pouvaient qu’aider à concrétiser ce dessein.

Si l’on sait gré au groupe de savoir se renouveler, on regrette que la folie de la composition soit réservée à quelques titres. Là où un Tonight proposait des explorations sonores innovantes comparé à ses deux prédécesseurs, et où FFS offrait une parenthèse bienvenue et maîtrisée de bout en bout, Always Ascending sonne comme une promesse qui reste en suspens. Que l’on ne désespère pas de voir entièrement tenue dans un prochain album !

Tracklist
nouvel album, pop, electro, disco, indie rock, glasgow1- Always Ascending 05:21
2- Lazy Boy 02:59
3- Paper Cages 03:40
4- Finally 03:09
5- The Academy Award 04:14
6- Lois Lane 03:34
7- Huck And Jim 03:35
8- Glimpse Of Love 03:12
9- Feel The Love Go 04:46
10- Slow Don't Kill Me Slow 05:18

Sorti le 9 février 2018 chez Domino Records

 

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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