"Au final, Far and After est à la fois un poil décevant et rassurant"
Déjà près de 5 ans qu'Apolline avait surpris son monde en sortant un excellent premier album : du rock qui brasse large, qui ne cherche aucunement à se la jouer hipster avec des arrangements électro, et qui parvient malgré tout à sonner moderne et frais. Du jour au lendemain, on avait eu les yeux rivés sur ce quintet capable d'enchaîner avec goût titres énergiques et plus calmes, anglais et français, qui enchaînait concerts et vidéos, c'est bien simple, ils semblaient être partout. Depuis, du temps a passé, et on se demandait un peu ce qui se passait. Et puis voilà que finalement, un nouvel EP est annoncé. D'un côté c'est la joie et l'allégresse, de l'autres survient le doute, terrible comme un jour sans pain au chocolat : va-t on retrouver le plaisir qu'ils nous avaient donné, ou depuis tout ce temps, ont-ils oublié comment écrire de bons titres ?
Pas le temps de réfléchir, "Safety taste" envoie la sauce. Du rock direct, efficace, de la bonne humeur, et un titre moins évident qu'il n'en a l'air grâce à un bon break final aussi inattendu que bienvenu. Le groupe a prévenu, cet EP marque "un nouveau départ, la volonté de toujours rester en mouvement". Ce qui est un peu déstabilisant au début, car cet EP, qui contient 5 titres pour 23 minutes, ne cherche pas à en mettre plein la vue mais couvre un large panel. A peine passé le temps des retrouvailles que l'on se retrouve avec la longue complainte "Loveway" et son ambiance froide, pour ne pas dire fataliste. Entendons-nous, le titre est bon, mais un peu incongru à la place qu'il occupe, alors qu'il aurait pu être parfait dans le cadre d'un format plus long. "I bet you", bien plus chaleureux et proche du Apolline qu'on connaît, se charge de redémarrer la machine avant que la chanson-titre ne vienne conclure les débats avec un petit côté bluesy plaintif.
Ces retrouvailles, bien que plaisantes, ne sont pas tout à fait aussi bonnes qu'espéré. Non pas que le groupe ait perdu ses qualités, mais on se retrouve avec des titres qui, bien que bons pris individuellement, ne cohabitent pas aussi harmonieusement que leurs prédécesseurs ne le faisaient sur No Longer Rain. De plus, bien que le son soit de qualité et que l'on comprenne la volonté de conserver une approche globalement brute, le groupe gagnerait sans doute à travailler davantage ses arrangements ici et là, voire à inclure quelques solos. Se mettre au service du chant d'Arthur Navellou, toujours aussi reconnaissable, afin d'écrire de vraies chansons, est la grande force du quintet, mais on apprécierait une production un peu plus léchée.
Au final, Far and After est à la fois un poil décevant et rassurant. Un poil décevant parce qu'après tout ce temps, on espérait retrouver le plaisir procuré par ce fameux premier album. Le format EP montre finalement les limites actuelles du groupe, qui a encore du travail pour franchir un nouveau palier et prétendre jouer les premiers rôles. Si la musique d'Apolline passe mieux quand le groupe peut varier les plaisirs, cela démontre également que les titres en question, pris individuellement, manquent encore d'un petit quelque chose pour devenir irrésistibles. D'un autre côté, Far and After est également rassurant car il démontre la volonté du groupe d'avancer, d'essayer de nouvelles choses. Alors certes, on en demande beaucoup, reste qu'après des débuts aussi prometteurs et face à un un tel potentiel, on peut (doit) être exigeants.
Sortie le 26 février chez Hybridcore Prog