Il y a deux ans, Long Distance Calling avait su nous séduire avec TRIPS qui délaissait le post-rock instrumental du combo allemand pour intégrer du chant et des éléments électroniques. Avec Boundless, le quatuor privé de chanteur revient à ses premiers amours, sans toutefois oublier d'inclure des influences diverses dans sa musique, entre post-rock, progressif et metal. Et une fois de plus, c'est une franche réussite pour les Allemands qui proposent un album varié mais néanmoins cohérent et délicat.
Long Distance Calling aime prendre des risques. En effet, il n'est pas donné à tout le monde de s'offrir un album uniquement instrumental et qui plus est de démarrer ce dernier avec un premier titre de neuf minutes. Pourtant, ce "Out There" qui ouvre Boundless se veut riche, diversifié et c'est une belle invitation au voyage que nous offre le quatuor au cours de ces cinquante minutes.
Comme nous l'a confié David Jordan, guitariste du groupe, le titre Boundless vient d'un désir des Allemands de se délivrer de toute contrainte et de toute barrière en terme de composition. C'est effectivement ce qui s'impose à l'auditeur lorsque démarre le titre "Like a river", qui propose une ambiance western et un hommage à peine déguisé à la musique d'Ennio Morricone, bien loin de ce que nous offrent habituellement le groupe. De même, "Skydivers", qui conclut ce sixième album, lorgne du côté des rythmiques et des riffs metal sombres, lourds et puissants, tout comme "Ascending" qui ne se calme que le temps d'un pont plus éthéré, ou encore la partie centrale d' "In the Clouds" épique.
Malgré ces styles différents au sein de l'album, celui-ci garde une cohérence et une homogénéité entre les titres, ce que l'on ne peut que saluer, tant il est parfois difficile d'aboutir à un tel résultat sans donner l'impression d'un melting-pot mal maîtrisé. Ici, chaque titre garde la patte des Allemands (sur "In the Clouds", on retrouve ces petites notes de claviers disséminées, qui étaient à l'honneur sur TRIPS, tandis qu' "On the Verge" lorgne plus du côté du post-rock), même si des sonorités nouvelles viennent s'ajouter aux compositions. Ainsi, "Weightless" voit les deux guitaristes du combo, David Jordan et Florian Füntmann, échanger des thèmes à la guitare avant de poser un riffing presque stoner, puis d'aboutir à un solo gilmourien de toute beauté pour conclure le morceau.
Au rang des reproches, on peut simplement noter un "Far side" plus anecdotique, malgré un final heavy agrémenté d'un thème de guitare particulièrement accrocheur. Mais tout dans cet album sent la réussite, depuis la production qui met en valeur chaque instrument, jusqu'aux compositions abouties qui évoquent les grands espaces ("Out There", "On the Verge").
Plus puissant que ses prédécesseurs, mais plus varié aussi, Boundless porte bien son nom et constitue une étape de plus dans la carrière déjà bien établie du quatuor. S'il risque de rebuter les réfractaires à la musique instrumentale, il constitue néanmoins une belle porte d'entrée pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe et qui souhaiteraient découvrir son univers.
Note : 8,5
Sorti le 2 février chez Inside Out
Crédits photo : DR Long Distance Calling
