Nada Surf. 25 ans au compteur, une ribambelle de hits, de disques vendus et de concerts au quatre coins du monde pour porter fièrement les couleurs du pop rock sans concession. Après le classique Popular dans les 90’s qui ont rendu fous les adolescents d’antan et les adultes d’aujourd’hui, le groupe a su se réinventer sans jamais se reposer sur ses lauriers ni s’abaisser à faire de la redite. À ce titre, l’album Let Go sorti en 2002 témoigne encore de la vivacité et de la créativité d’un Nada Surf qui tient toujours le haut du pavé.
15 ans plus tard, les p’tit gars de New York ont décidé de fêter ce disque qui a tant marqué les esprits et qui se place sans conteste comme un effort charnière dans la carrière du groupe en mettant sur pied une tournée intitulée Let Go 15th Anniversary Tour. Pour ce faire, Nada Surf a posé ses amplis dans la salle du Bikini de Toulouse et compte bien nous faire (re)vivre nos vertes années… Comme on pouvait s’y attendre, le Bikini a fait le plein ce soir, et nombreux sont les fans (dans une moyenne d’âge de 30 / 40 ans) qui ont fait le déplacement pour renouer avec l’esprit d’antan. Petit à petit, on commence un peu à jouer des coudes pour se placer au mieux devant la scène afin de profiter du spectacle à venir.
En effet, dans le cadre de cette nouvelle tournée, Nada Surf a décidé de scinder son set en deux parties bien distinctes : la première sera entièrement dévolue à l’album Let Go joué dans son intégralité puis, après un petit entracte, la seconde partie du concert se concentrera sur les grands classiques du groupe. Autant dire que ce soir, le public va en avoir pour son argent... et vu que le trio Matthew Caws (guitare, chant) / Daniel Lorca (basse, chant) / Ira Elliot (batterie) n’a jamais été avare en temps de jeu, les fans sont d’ores et déjà conquis d’avance par la belle soirée qui s’annonce ! Après quelques minutes de patience, les lumières de Bikini baissent d’intensité et Nada Surf arrive sur les planches sur les douces mélopées acoustiques de "Blizzard Of ‘77"… En l'espace de quelques mesures, on se retrouve quelques années en arrière au cœur de ce Let Go racé, prenant et ô combien créatif.
De fait, même si l'enchaînement du set n'est pas surprenant pour qui connaît l'album (le groupe respecte scrupuleusement le track lisiting), on se laisse entraîner dans l'univers pop rock délicieusement surannée de ce disque qui oscille entre passages intimistes ("Killian's Red", "Inside Of Love") et parties plus incisives ("Way You Wear Your Head", "Hi-Speed Soul"…). L'ambivalence des émotions qui découlent de Let Go sont parfaitement retranscrites sur scène : Nada Surf maîtrise son sujet et la communication du groupe avec son public est belle et bien réelle. On sent que Matthew Caws et sa bande prennent plaisir à jouer ces morceaux avec une sincérité non feinte ("No Quick Fix", "Happy Kid").
Le public lui, est aux anges. Les fans chantent chaque couplet, chaque refrain à l'unisson dans une bonne ambiance (même si c'est parfois un peu trop calme). Il est clair que le parterre présent au Bikini se paye un voyage dans le temps avec un petit plaisir coupable mais totalement assumé ! Mais bon, il faut dire qu'avec des titres comme "Là Pour Ça" (avec Daniel au chant) ou "Blonde On Blonde", il est difficile de bouder son plaisir. D'autant plus que le son est bon ce soir et que Nada Surf ne triche pas. Tout comme le bon vin, le groupe semble se bonifier avec le temps (malgré le poids des années) et délivre une musique toujours aussi racée mais toujours avec une sacrée envie. Évidemment, on n'est loin des années folles de "Popular" mais la fougue est bien présente… La fin du très bon "Paper Boats" marque aussi celle du premier set. Il est temps de faire une petite pause avant de débuter la seconde mi-temps ! Place à l'entracte, donc.
Après quelques minutes de repos bien méritées, Nada Surf est de retour pour la seconde partie de son set plus classique. Mais loin de partir dans une nostalgie trop marquée, les New Yorkais vont passer en revue leur immense discographie – en prenant le soin de n'omettre aucun disque (mis à part l'album de reprises If I Had a Hi-fi de 2010) et laisser la part belle à quelques brûlots post 2004 comme "Imaginary Friends", "Teenage Dreams", "See These Bones", "The Fox", "The Moon Is Calling", "Teenage Dreams", "No Snow On Moutain" ou "bien Cold To See Clear" et" Out Of The Dark" issues respectivement de The Weight Is A Gift (2005), Lucky (2008), The Stars Are Indifferent To Astronomy (2012) et You Know Who You Are (2016). Et même si ces titres sont relativement récents, ils ont fait mouche : le Bikini s'est levé comme un seul homme dès le début de ce second set sur "Imaginary Friends" !
Évidemment, les quarantenaires attendaient de pied ferme les morceaux des deux premiers efforts High / Low (1996) ainsi que The Proximity Effect (1998) et autant dire que les "Dispossession", "Robot" et autres "Stalemate" ont embrasé le pit… Les adolescents des 90's était de (res)sortie ! Sur scène, Nada Surf est aussi impérial que lors de la première partie du concert : ça joue bien, ça joue avec le sourire et les tripes. Et puis Nada Surf communique pas mal avec son public, on sent que l'osmose est belle et bien réelle et ça, c'est le petit truc qui donne à ce concert une aura si particulière…
Bien entendu, c'est le hit "Popular" qui viendra sonner le début du glas du concert mais loin de s'attrister c'est un Bikini tout entier qui a chanté à l'unisson le puissant refrain du morceau qui, presque 25 ans plus tard, reste toujours aussi percutant ! On en a le poil qui se hérisse tellement l'émotion est prégnante ! Et comme toutes les bonnes choses ont (malheureusement) un fin, Nada Surf viendra enfoncer le clou et terminer de mettre l'audience Toulousaine à genoux avec la doublette "Always Love" et "Blankest Years". Vlan ! La messe est dite. Amen.
Avec pas moins de trente morceaux joués ce soir, on ne peut pas dire que les New Yorkais se sont moqués de leur public ! Nada Surf a réussi le parfait équilibre entre la mise à l'honneur de l'album Let Go et un tour d'horizon exhaustif de son excellente discographie sans jamais tomber dans une surenchère nostalgique mal placée. Certes, Matthew Caws, Daniel Lorca et Ira Elliot sont des rescapés du pop rock des 90's, mais ces musiciens-là ont encore des choses intéressantes à montrer et ils continuent d'avancer contre vents et marées avec beaucoup d'aplomb et de créativité. Et ça, ça mérite le respect !
Un grand merci à Antoine ainsi qu'à toute l'équipe du Bikini.
Set 1
Blizzard Of ‘77
Way You Wear Your Head
Fruit Fly
Inside Of Love
Blonde On Blonde
Hi-Speed Soul
No Quick Fix
Killian’s Red
Là Pour Ça
Happy Kid
Treading Water
Paper Boats
Set 2
Imaginary Friends
Teenage Dreams
What Is Your Secret ?
Cold To See Clear
No Snow On Mountain
The Moon IS Calling
Out Of The dark
Dispossession
Do It Again
Neither Heaven Nor Space
Robot
Stalemate
The Fox
Amateur
See These Bones
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Popular
Always Love
Blankest Year